Sonia nous a quitté il y a 9 mois [1]. En ce premier week-end confiné dehors, les joueurs de foot étaient 22 sur le terrain, mais beaucoup de spectateurs les encourageaient, comme lors du confinement de mars 2020 [2]. En les regardant, je me suis retrouvée propulsée à 7h du matin le 26 juin. Je venais d'apprendre que l'on ne réanimerait pas Sonia. Le médecin venait de signer l'acte de décès. J'étais dans le fauteuil, effondrée. Dans le salon, il y avait aussi deux policiers. Ils ont regardé par la fenêtre. L'un a demandé à son collègue "C'est sur ce stade qu'il y avait des matchs tous les jours pendant le confinement ?"
Pourquoi est-ce que ces paroles anodines sont revenues à ma mémoire, comme ça, d'un coup d'un seul, sans prévenir ? Ce que je voyais depuis mon balcon résumait la stupidité du "confinement dehors". Qu'il y ait 22 joueurs sur un terrain n'est peut-être pas un problème. Ils bougent, restent à une certaine distance les uns des autres. Il est probable qu'aucun des 22 ne soit porteur du SARS-COV2. Mais autour du stade, sur la photo, on compte 80 personnes qui discutent, grignotent, etc... Que les policiers disent à tous de rentrer n'aurait servi à rien, vu que les personnes se sont sans doute déjà contaminées (ou pas). En revanche, qu'un scientifique teste tout le monde, qu'il soit ensuite possible de tracer les cas contact pour comprendre si le virus se transmet ou non dehors, ça, ça serait intéressant.
Hier, j'ai aussi vu un petit avion tournoyer, comme lors du confinement [3]. Ce n'était F-HZLL mais F-HSBC. Si j'avais eu l'impression que Sonia avait plutôt bien vécu le confinement, j'avais oublié que cette surveillance policière par les airs l'agaçait un peu, comme le fait que les parcs soient interdits, même s'il était possible de se cacher sous un arbre au moment du passage de F-HZLL. Ce confinement dehors lui aurait peut-être convenu ?
Pendant le confinement, nous avions semé plein de choses sur le balcon, entre autres des graines de tournesol issues d'un gros sac de nourriture pour sa perruche Asa. Comme elles étaient périmées. nous les avions fait germer pour vérifier avant de les planter.
Le jour de son décès, le premier tournesol a fleuri sur le balcon [1].
Le confinement, c'était aussi les premiers cours en vidéo. Sonia râlait contre l'absence de support écrit.
En ayant passé le bac avec le CNED, elle avait l'habitude de travailler à distance, mais ne comprenait pas que certains enseignants leur fournissent uniquement des présentations avec quelques formules et mots clés au lieu de véritables cours avec des exercices corrigés, des démonstrations, des points à retenir, des liens pour en savoir plus, etc...
Cette semaine, j'ai découvert les hexaflexagones, via cette incroyable vidéo de ViHart [5] et ce mode d'emploi de Geometiles [6] :
Je me suis dit que cette vidéo "Atelier du Flexaedre au cube étoilé" dans le cadre des conférences "Les maths en scène" serait aussi intéressante.
Mais je n'ai pas réussi à la regarder jusqu'au bout, et je me suis souvenue des reproches qu'adressait Sonia aux enseignants : son et vidéo de qualité déplorable, grande lenteur, format très long (48 minutes pour expliquer un truc plus simple que celui que ViHart explique en 4 minutes), etc, etc... Le présentateur n'a aucun dynamisme. Aucun enthousiasme ne transparaît dans ses propos. S'il est aussi déprimé, comment les étudiants peuvent-ils simplement s'intéresser à ce qu'il raconte ? Le pire, c'est qu'au début, il dit que la vulgarisation scientifique est censée amuser les enfants...
- E. Piotelat, Deuil, 06/2020
- E. Piotelat, Salut Titi, 04/2020
- E. Piotelat, F-HZLL C'est quoi cet avion ? 03/2020
- E. Piotelat, Asa, 09/2020
- Hexaflexagons.
- Flexagons.
- E. Piotelat, Je fais un oiseau pour la paix, 10/2020
Commentaires
J'ai lu quelques pages de votre blog, beaucoup d'émotions et d'humanité, ce n'est pas fréquent de ressentir de telles émotions à partir d'un blog ou même d'internet en général.
bon week end
Merci Nathalie et Walid pour vos commentaires qui me vont droit au cœur. Je crois que ça fait 9 mois que non seulement les émotions me submergent. J'essaye de flotter sur la vague, sachant qu'il est impossible d'arrêter le tsunami. Je m'en voulais un peu d'être incapable de rédiger une critique de livre sans faire référence à Sonia, mais après tout, c'est peut-être mieux comme ça.