Dans la série "L'amour vit tant que l'on raconte son histoire" [1], aujourd'hui, j'ai réussi à faire des crêpes. Comme dit la chanson, c'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup. [2]
Il n'était pas rare que Sonia me fasse la surprise d'avoir déjà préparé la pâte quand je rentrais du cours de chinois vers 10h30.
Nous mangions beaucoup de crêpes le samedi midi, soit avec ce qui restait au frigo, soit avec des saucisses de Strasbourg. Puis, au fil des repas, nous les prenions en dessert ou en apéritif.
Les crêpes à deux, c'était des allers-retours à la cuisine, des surprises "devine ce que j'ai mis dans ta crêpes" et des tentatives plus ou moins réussies pour reproduire la crêpe montagnarde ou californienne de l'Odyssée Ronde de Bures.
Alors que le gouvernement voudrait cacher ces décès, rechercher des causes ici ou là, pointer la fragilité des étudiants, faire semblant d'agir en dénichant un psychologue par ci, par là, merci à l'UNEF, et à tous ceux qui osent dresser un état des lieux sans tabou. Que ce soit un suicide ou un accident, les parents, les camarades, les enseignants se sentent coupables, ont honte. Au-delà des chiffres, la réalité est tellement horrible que l'on ne peut plus la cacher sous la neige.
Il y a sans doute eu beaucoup plus que 3 suicides cette semaine. Mais comment savoir ? 1052 décès dus au SARS-Cov2 le 12 janvier, 636 le 15 janvier, alors même si une centaine d'étudiants sont morts cette semaine, pourquoi compter ?
Patience aux proches des victimes. Il m'a fallu 29 samedis pour refaire des crêpes.
- E. Piotelat, Tant que l'on raconte son histoire, 07/2020
- France Gall, Il jouait du piano debout, 1980
Commentaires
Ici, les enfants ont fait une "sorcière de neige", le bonhomme, c'est très surfait...
Des câlins pour toi...