Qui a hacké Garoutzia ?

A quoi peut ressembler un futur pas si éloigné où chaque humain possède un bot, c'est-à-dire une intelligence artificielle (I.A.) ? Les plus fortunés peuvent se procurer des assistants personnels comme Garoutzia, au Q.I. de 195, mais qui n'est pas très bavarde quand son propriétaire meurt. Sur fond d'enquête policière, la pièce de théâtre  "Qui a hacké Garoutzia ?" écrite par trois spécialistes en intelligence artificielle Serge Abiteboul, Laurence Devillers et Gilles Dowek aborde de multiples questions éthiques avec beaucoup d'humour. [1]


La pièce s'ouvre dans l'appartement du vieille dame, Aurline, autrice de centaines de romans à l'eau de rose. Garou, son assistant personnel, lui annonce : 

Alzeimer. Probabilité de 90% de devenir un légume dans l'année.

L'humaine refuse et souhaite mettre fin à ses jours. Qui pourra l'aider ? L'I.A., sa nièce, son amant ? Garou pourra-t-il conserver la mémoire d'Aurline une fois qu'elle sera décédée, lui procurant ainsi une éternité numérique ?   

Les lois de la robotique d'Asimov sont omniprésentes. D'autres règles se sont ajoutées, comme la loi de Devillers qui m'a fait hurler de rire : 

Simuler les émotions tu pourras, seulement avec le consentement éclairé d'humains tu le feras. 

Mais à quoi cela sert-il si on peut pirater une I.A., et puis est-ce finalement si grave de le faire si l'éthique donne une bonne raison d'agir ainsi ? La CNIL veille toujours au grain, et le RGPD en est à sa version 159.26

La pièce est truffée de références geeks. Par exemple, une I.A. peut répondre "42" afin de ne pas dévoiler d'informations personnelles en sa possession sur un humain ou de secrets de conception de sa maison mère, Botpower. Mais il y a également pas mal de références plus sérieuses, comme la psy qui se nomme "Dr Lacan" et que l'IA envoie balader... 


Ce petit livre qui se lit assez rapidement mérite le détour ! Avec pédagogie, il permet de dédramatiser les débats sur l'I.A. tout en abordant la plupart de nombreuses problématiques très actuelles, qu'il s'agisse de la fin de vie ou de l'inutilité des psychiatres pour empêcher des actes terroristes. 


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  1.  S. Abiteboul, L. Devillers et G. Dowek, Qui a hacké Garoutzia ?, C&f Eds, ISBN ; 2376620740

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