Cette semaine, je n'ai pas dormi. Hier, pour la première fois de ma vie, j'ai pris un somnifère.
Sonia voulait depuis un an faire du ski. Je l'ai inscrite à un séjour pour qu'elle apprenne.
Elle est partie dimanche. Au point de rassemblement, il n'y avait que des enfants à la peau blanche, beaucoup de frères et soeurs. Sonia s'approche de certains, leur dit bonjour. Les enfants baissent la tête et se réfugient dans les jupes de leur mère.
Dans le TGV, elle n'avait pas sa place à elle. Ils avaient deux sièges pour trois, alors que les six autres avaient un siège chacun.
Alors qu'elle n'a jamais fait de ski et que j'avais indiqué son niveau débutant sur la fiche d'inscription, elle s'est retrouvée en haut de la station des Orres et a eu très peur. Tous les autres enfants de son groupe étaient des skieurs plus âgés qu'elle. Lundi soir, je lui demande si elle a des amis, elle me parle enthousiaste d'une adolescente avec laquelle elle a défendu la cause des non-fumeurs.
J'ai essayé d'appeler mardi soir... c'était occupé. Mercredi soir, ça ne répondait pas. J'ai pensé au centre de rétention de Palaiseau avec des visites qui durent 1/4 d'heure, une personne à la fois. Là, les parents ne peuvent appeler qu'entre 19h et 20h. Il y a 60 enfants et deux téléphones... Si 4 parents appellent pendant 1/4 d'heure, l'heure est passée. Donc chaque soir, seuls 8 parents sur 60 peuvent avoir des nouvelles.
Chaque soir, des nouvelles sont diffusées sur le site, dans un accès parents. Mercredi, aucune nouvelle... Je surfe et je me rends compte que tous les enfants en photos pourraient rentrer dans la catégorie "petite tête blonde".
Je pose des questions par email. J'apprends à 23h que Sonia a été changée de groupe, qu'elle n'est plus avec l'adolescente par exemple. Elle s'est retrouvée avec des enfants de son âge, mais qui avaient déjà vécu des choses ensemble pendant deux journées.
Jeudi midi, discussion au kébab des Amonts. Une dame assez âgée se plaint des enfants qui trainent dans les rues jusque tard le soir. Je lui répond que c'est une sorte d'éducation. Une fois partie, je discute avec le vendeur. Les enfants sont en sécurité dans les rues, s'il arrive quelque chose, les plus grands viendront les secourir, mais certainement pas des gens comme cette dame...
J'imagine Sonia, avec 9 skieurs plus âgés en haut d'une montagne et deux animateurs pour gérer les 10. Elle serait plus en sécurité la nuit seule dans les rues des Ulis...
Le matin, j'avais appelé la direction de la jeunesse et des sports qui m'avait expliqué les règles en matière d'encadrement d'enfant au ski, et m'a confirmé que ce qui s'est passé n'était pas normal.
Ce soir, j'ai tout de même réussi à avoir Sonia. Je l'ai trouvée très triste. Elle a eu des nausées hier. Le directeur l'a emmené chez le médecin sans me prévenir. Elle s'est sentie faible en faisant de la luge aujourd'hui.
Je discute avec le directeur qui d'un ton méprisant me dit "la gamine m'a passé le téléphone". Il m'explique qu'elle n'est pas prête pour vivre en collectivité, que quand il lui demande quels sont ses amis sur le séjour, elle lui donne les prénoms d'enfants du premier groupe dans lequel elle était. Quand il lui demande si elle a des amis à l'école, elle lui parle des bêtises d'autres enfants, etc, etc...
Je lui réponds qu'elle a passé deux semaines en colonie l'été dernier et a demandé à y aller trois semaines, que ça s'est bien passé... Je lui explique aussi qu'elle a droit à avoir une vie privée et que c'est quelque chose de très important pour elle et pour moi.
Par conséquent, je ne lui dit pas qu'un(e) ami(e) pour Sonia, c'est quelqu'un de très proche, et en général pour qui elle a de l'admiration (et les bêtises, ça force l'admiration).
Bref, ce n'est pas une relation artificielle avec un autre enfant pendant une semaine, avec qui il faut être gentil, dire merci, jouer alors qu'on a envie de rester au calme dans sa chambre, etc, etc... A priori, c'est ce qu'il attendait d'elle... qu'elle s'intègre.
Mais comment s'intégrer quand on doit d'abord gravir des sommets, que le séjour commence par un échec à cause de quelques irresponsables ? En quoi ce qui se passe à l'école regarde-t-il un directeur ?
Et finalement, à quoi cela sert-il de s'intégrer dans une société sans couleur, avec des clones dans leur combinaison de ski sur la neige blanche ? Ne serait-ce pas plutôt à eux de s'intégrer au reste du monde au lieu d'exhiber fièrement leurs médailles obtenues au biathlon ?
Marion Rolland est une biathlète contrariée
envoyé par franceinter. - Regardez les dernières vidéos d'actu.
Moi non plus, je n'ai pas pu m'intégrer dans la secte des skieurs. Je suis allée une fois au ski avec l'école à 6 ans, et je n'ai pas aimé. Je ne me souviens pas avoie eu peur, mais avoir perdu le gant tricoté par ma grand mère (et éventuellement avoir eu mal au poignet).
J'ai discuté avec pas mal d'amis, de collègues, de voisins, qui eux aussi ont eu peur en montant sur des skis la première fois à 10 ans. Certains ont fait d'autres tentatives pour s'intégrer avec des copains à 20 ans et ont réussi... d'autres jamais...
Sonia voulait depuis un an faire du ski. Je l'ai inscrite à un séjour pour qu'elle apprenne.
Elle est partie dimanche. Au point de rassemblement, il n'y avait que des enfants à la peau blanche, beaucoup de frères et soeurs. Sonia s'approche de certains, leur dit bonjour. Les enfants baissent la tête et se réfugient dans les jupes de leur mère.
Dans le TGV, elle n'avait pas sa place à elle. Ils avaient deux sièges pour trois, alors que les six autres avaient un siège chacun.
Alors qu'elle n'a jamais fait de ski et que j'avais indiqué son niveau débutant sur la fiche d'inscription, elle s'est retrouvée en haut de la station des Orres et a eu très peur. Tous les autres enfants de son groupe étaient des skieurs plus âgés qu'elle. Lundi soir, je lui demande si elle a des amis, elle me parle enthousiaste d'une adolescente avec laquelle elle a défendu la cause des non-fumeurs.
J'ai essayé d'appeler mardi soir... c'était occupé. Mercredi soir, ça ne répondait pas. J'ai pensé au centre de rétention de Palaiseau avec des visites qui durent 1/4 d'heure, une personne à la fois. Là, les parents ne peuvent appeler qu'entre 19h et 20h. Il y a 60 enfants et deux téléphones... Si 4 parents appellent pendant 1/4 d'heure, l'heure est passée. Donc chaque soir, seuls 8 parents sur 60 peuvent avoir des nouvelles.
Chaque soir, des nouvelles sont diffusées sur le site, dans un accès parents. Mercredi, aucune nouvelle... Je surfe et je me rends compte que tous les enfants en photos pourraient rentrer dans la catégorie "petite tête blonde".
Je pose des questions par email. J'apprends à 23h que Sonia a été changée de groupe, qu'elle n'est plus avec l'adolescente par exemple. Elle s'est retrouvée avec des enfants de son âge, mais qui avaient déjà vécu des choses ensemble pendant deux journées.
Jeudi midi, discussion au kébab des Amonts. Une dame assez âgée se plaint des enfants qui trainent dans les rues jusque tard le soir. Je lui répond que c'est une sorte d'éducation. Une fois partie, je discute avec le vendeur. Les enfants sont en sécurité dans les rues, s'il arrive quelque chose, les plus grands viendront les secourir, mais certainement pas des gens comme cette dame...
J'imagine Sonia, avec 9 skieurs plus âgés en haut d'une montagne et deux animateurs pour gérer les 10. Elle serait plus en sécurité la nuit seule dans les rues des Ulis...
Le matin, j'avais appelé la direction de la jeunesse et des sports qui m'avait expliqué les règles en matière d'encadrement d'enfant au ski, et m'a confirmé que ce qui s'est passé n'était pas normal.
- Sur une base orale, le directeur doit faire une première évaluation du niveau de ski : débutant, débutant débrouillé (qui a déjà eu des cours), débrouillé, etc....
- Il doit y avoir ensuite une vérification sur le terrain avec évaluation du niveau des enfants (s'il sait faire du chasse-neige, alors, il est débrouillé, bref, il y a tout un tas de tests précis...).
- Les pistes doivent alors être proposées en fonction du niveau.
- Pour les débutants, il a obligation de proposer un moniteur.
- Les titulaires du BAFA font de l'accompagnement. Ils n'ont pas le droit de faire de l'enseignement.
Ce soir, j'ai tout de même réussi à avoir Sonia. Je l'ai trouvée très triste. Elle a eu des nausées hier. Le directeur l'a emmené chez le médecin sans me prévenir. Elle s'est sentie faible en faisant de la luge aujourd'hui.
Je discute avec le directeur qui d'un ton méprisant me dit "la gamine m'a passé le téléphone". Il m'explique qu'elle n'est pas prête pour vivre en collectivité, que quand il lui demande quels sont ses amis sur le séjour, elle lui donne les prénoms d'enfants du premier groupe dans lequel elle était. Quand il lui demande si elle a des amis à l'école, elle lui parle des bêtises d'autres enfants, etc, etc...
Je lui réponds qu'elle a passé deux semaines en colonie l'été dernier et a demandé à y aller trois semaines, que ça s'est bien passé... Je lui explique aussi qu'elle a droit à avoir une vie privée et que c'est quelque chose de très important pour elle et pour moi.
Par conséquent, je ne lui dit pas qu'un(e) ami(e) pour Sonia, c'est quelqu'un de très proche, et en général pour qui elle a de l'admiration (et les bêtises, ça force l'admiration).
Bref, ce n'est pas une relation artificielle avec un autre enfant pendant une semaine, avec qui il faut être gentil, dire merci, jouer alors qu'on a envie de rester au calme dans sa chambre, etc, etc... A priori, c'est ce qu'il attendait d'elle... qu'elle s'intègre.
Mais comment s'intégrer quand on doit d'abord gravir des sommets, que le séjour commence par un échec à cause de quelques irresponsables ? En quoi ce qui se passe à l'école regarde-t-il un directeur ?
Et finalement, à quoi cela sert-il de s'intégrer dans une société sans couleur, avec des clones dans leur combinaison de ski sur la neige blanche ? Ne serait-ce pas plutôt à eux de s'intégrer au reste du monde au lieu d'exhiber fièrement leurs médailles obtenues au biathlon ?
Marion Rolland est une biathlète contrariée
envoyé par franceinter. - Regardez les dernières vidéos d'actu.
Moi non plus, je n'ai pas pu m'intégrer dans la secte des skieurs. Je suis allée une fois au ski avec l'école à 6 ans, et je n'ai pas aimé. Je ne me souviens pas avoie eu peur, mais avoir perdu le gant tricoté par ma grand mère (et éventuellement avoir eu mal au poignet).
J'ai discuté avec pas mal d'amis, de collègues, de voisins, qui eux aussi ont eu peur en montant sur des skis la première fois à 10 ans. Certains ont fait d'autres tentatives pour s'intégrer avec des copains à 20 ans et ont réussi... d'autres jamais...
Commentaires
-Ermenonville
-Montepilloy et sa tour qui défie la gravité (si,si)
-Crépy en Valois
-Et les forêts de Creil à Verberie (très bons restaurants) où l'on peut trouver,avec un peu de chance,des biches,des cerfs...
Je vois que l'intégration c'est pas le top hm. Et le niveau des gamins non plus. Je vois que tu t'es fait du souci ! Au moins Sonia a ramené de belles photos et ici l'été, ça glisse pas ;)