De Soumission aux Gilets Jaunes

Nous sommes en train de vivre quelque chose d'important, peut-être un tournant dans l'histoire de France, ou peut-être pas. Le week-end dernier, le monde entier  regardait Paris brûler. En voyant ces images, j'ai pensé à Soumission de Michel Houellebecq, et je me suis rendue compte un peu par hasard que je n'étais pas la seule à travers le monde [1].


Ces captures d'écran viennent du direct de Russia Today via Periscope [2]. Samedi, Macron était au G20, mais les chaînes d'information en continu n'en ont presque pas parlé.


Dans Soumission, lorsque la guerre civile éclate, les chaînes d'info font un block-out sur les événements et ne se consacrent qu'au G20.


J'ai regardé un peu Itélé et BFM samedi matin. Ils diffusaient des images, mais avec des commentaires insupportables "Le problème, c'est que les casseurs ont aussi des gilets jaunes et que l'on ne sait pas faire la différence". Les bonnes questions étaient plutôt : Pourquoi contrôler l'identité des manifestants ? Pourquoi leur interdire les pancartes ?  Est-ce que fouiller les sacs n'était pas déjà suffisant ?


J'ai imaginé le reporter avec son smartphone, et peut-être un gilet jaune, au cœur de l'action. Il se contentait de filmer, sans parler, sans répondre aux commentaires. Certaines images correspondent parfaitement à ce que décrit Houellebecq.
"C'est la première fois que ça pète à Paris. [..] Une colonne de fumée s'élevait dans le ciel au-dessus des immeubles ; cela devait venir à peu près de la place de Clichy. "


Dans Soumission, le raisonnement des identitaires est le suivant :
 - Les religieux (musulmans ou catholiques) font beaucoup d'enfants qui gardent la même religion. Les laïcs vont donc disparaître.
 - La guerre (dans le roman, c'était contre les musulmans) doit donc éclater le plus rapidement possible.
- Pour cela, les identitaires postulent aux postes dans l'armée (330 000 hommes et 20 000 recrutements / an vu la courte durée des carrières).


Ça ne me surprendrait pas qu'il y ait eu autant d'identitaires dans les casseurs que dans les CRS hier, vu la quantité de grenades lancées... Sur certains groupes Facebook appelant à un acte 4, il y est question du "grand remplacement".

Est-ce que j'invente des trucs ? Est-ce que je confonds réalité et fiction à partir de quelques faits similaires ? Le mouvement des gilets jaunes est à la fois simple et aussi complexe que l'utilisation de l'intelligence artificielle par Facebook dans l'affichage des événements [3] susceptibles de m'intéresser.

En juin 2017, Gaspard Koening avait également dressé le parallèle entre Macron et Ben Abes, qui remporte les élections dans "Soumission" [4]


La religion de Macron est catholique, mais ce n'est pas le plus important. Comme le dit Gaspard Koenig, c'est surtout un chantre du "Bonheur Bourgeois".
Les quartiers où les voitures ont brûlé hier sont plus ou moins réservés justement à cette bourgeoisie, qu'il s'agisse de la place Vendôme (et ses bijoutiers) ou de l'avenue Kleber entre l'arc de Triomphe et le Trocadéro.

Pour se faire élire, Ben Abes choisit François Bayrou comme premier ministre afin de le manipuler à sa guise et propose plusieurs postes aux socialistes afin d'avoir leur soutien. Si les noms ne sont pas les mêmes, c'est exactement ce qu'a fait Macron, y compris au niveau des députés godillots, qui ne représentent plus du tout le peuple, ni un moyen de communication entre les citoyens de la circonscription et l'exécutif.

Soumission est sorti en janvier 2015, le jour de l'attentat de Charlie Hebdo. Pourvu que ça reste un roman, et que Macron et les identitaires ne s'en servent pas comme un mode d'emploi pour déclencher une guerre civile (il faut être deux pour ça).

  1. Tweet de Nagihan Haliloglu
  2. RT "Yellow Vest" (toujours accessible le 3/12 à 22h55)
  3. Lijun Tang, Eric Yi Liu, Joint User-Entity Representation Learning for Event Recommendation in Social Network
  4. G. Koening, Quand Houellebecq annonçait Macron, les échos. 

Commentaires