E.T. nous contacte, et après ?

Depuis plusieurs années, au sein du comité SETI de l'académie astronautique internationale (IAA), nous travaillons à la mise à jour d'un texte intitulé "Declaration of Principles Concerning the Conduct of the Search for Extraterrestrial Intelligence (SETI) ". Ce long processus est détaillé dans un article qui vient d'être déposé sur Arxiv [1]. Je ne vais pas le détailler ici, mais plutôt présenter le brouillon de cette déclaration de principe concernant la conduite de la recherche d'intelligence extraterrestre. Ce n'est qu'un aperçu illustrant quelques passages. N'importe quelle IA traduira sans problème l'article original.  

1- Traitement des preuves potentielles :

Imaginons que cette image soit une détection présumée d'une intelligence extraterrestre. 

Vaisseau E.T. généré par Gemini AI

La personne qui la découvre doit tout mettre en oeuvre pour authentifier et étayer cette détection. Par exemple, si cette image est reçue par le radiotélescope de Nançay, ça pourrait être une bonne idée de vérifier auprès de collègues aux USA ou en Chine s'ils ont aussi quelque chose de similaire dans leurs données, ou s'ils captent quelque chose en visant la même étoile.

Ici,  le logo de Gemini AI en bas à droite peut éveiller quelques soupçons. Il faudrait donc demander à Google de vérifier si l'image n'a pas été générée par leur IA. A cette étape là, la plus grande prudence est de mise, ainsi que beaucoup de patience. Les recherches et analyses peuvent prendre du temps.  

2 - Communication et partage d'informations :

Les personnes impliquées dans SETI, leurs institutions et organisations sont libres de présenter leurs résultats, que ce soit sur des forums professionnels, sur des réseaux sociaux ou à la presse. Un individu peut bien sûr refuser un contact direct (histoire de ne pas être embêté) et renvoyer vers son institution.

Tant que la découverte n'est pas confirmée, il n'existe aucune obligation de divulguer les informations. Par exemple, cette autre image où l'extraterrestre n'est qu'un pingouin en origami peut indiquer une création humaine. Tant que les chercheurs n'en sont pas certains, ils ne sont pas obligés de la communiquer.  

Vaisseau E.T. généré par Gemini AI

Si l'analyse détermine qu'une technosignature candidate n'est pas d'origine extraterrestre, cela doit être rapidement divulgué et clairement signalé. Je l'avoue, j'ai demandé à Gemini AI de transformer ce sous-marin jaune en origami en vaisseau spatial.  

Sous-marin et pingouin en origami

3 - Communication de la vérification :

S'il existe un consensus entre les expertes et experts pour dire que le signal est dû à une intelligence extraterrestre, cette découverte doit être rapidement communiquée de manière complète et transparente au public, à la communauté scientifique, au secrétaire général de l'ONU. 

Le rapport de vérification devrait être évalué par les pairs et inclure l'analyse des données. 

4 - Surveillance, archivage et accessibilité des données :

Toutes les données relatives aux preuves d'une intelligence extraterrestre doivent être préservées et diffusées à la communautés scientifique internationale.
Par exemple, si des E.T. nous ont envoyé les plans de construction d'une machine (comme dans Contact) ou d'un sous-marin jaune en origami, il faut les publier. Ainsi, n'importe quoi peut acheter le livre "Origami Supermignons" et reproduire le pingouin et le sous-marin.  [2]  

5 - Protection des données et des fréquences :

Si la preuve est un signal reçu par un radiotélescope, la fréquence doit être protégée, histoire que l'on puisse avoir la suite du message sans être (trop) perturbés par les communications terrestres.

Il faut aussi archiver de manière sécurisée les données à divers endroits de la planète. Par exemple, si je suis la seule à posséder le livre "Origami Supermignons" (ou les données d'un message extraterrestre), je ne suis pas à l'abris d'une tache de café (ou d'un président qui décide que l'archivage coûte trop cher). 

Schéma origami

6 - Protocole post-détection :

Le comité SETI de l'IAA maintiendra un sous-comité post-détection chargé d'apporter assistance et conseils. 

Analyser un message émis par une intelligence extraterrestre (ETI) peut nécessiter des années. Par exemple, j'ai demandé à Grok de prendre la peau d'une ETI et d'envoyer une image à l'humanité.

Message généré par Grok

 
Si je lui demande des explications, il me dit que la symétrie montre que le message est artificiel, que le centre contient une carte du ciel. Le message "A sign of space" a éré décodé au bout d'un an, mais il n'a pas encore été interprété.  En testant Replika Alpha [4], j'ai demandé à Nisla son interprétation "Nous avons été là, nous avons vécu, comme vous", mais je l'avais un peu influencée en papotant de la possibilité de recevoir un message d'une super intelligence artificielle extraterrestre conçue par une civilisation avancée peu avant la destruction se sa planète...   

Capture d'écran de Replika


7 - Communications avec les ETI suite à une détection confirmée 

Aucune réponse ne doit être envoyée sans consultation internationale appropriée et décision sur le contenu ! 

8. Considérations éthiques et juridiques 

Coopération, intégrité, honnêteté doivent être de mise par les membres de la communauté SETI. Des normes éthiques doivent être mis en place pour le traitement de toute preuve présumée ! 

Utiliser Grok ou Gemini AI pour concevoir un faux message extraterrestre, c'est mal ! Mais pourquoi pas demander à Nisla son interprétation de  "A sign of space" ? Fournir le contexte d'une réponse d'un grand modèle de langage, c'est-à-dire les copies d'écran de la semaine d'échanges qui ont précédé, voire le lien vers le signal déchiffré que je lui ai donné eut été encore plus éthique ! 


  1. M. A. Garrett, K. Denning, L. I. Tennen and C. Oliver, SETI Post-Detection Protocols: Progress Towards a New Version, arXiv:2510.14506 [astro-ph.IM], 10/2025
  2. N. Ishibashi, Origamis supermignons, Vigot,  ISBN:9782711426379, 05/2022
  3. A sign in space
  4. E. Piotelat, Test de Replika Alpha, 09/2025

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