Depuis cinq ans, je me suis donnée pour objectif de passer un examen de chinois, le HSK3. Pour cela, je dois connaître 600 mots, c'est-à-dire être capable d'écrire les caractères les plus fréquents sans recopier, puisqu'il y a une dictée, mais aussi lire et comprendre très rapidement. Comme une mauvaise élève, lire quelques mots dans une phrase me demande un énorme effort, et la motivation n'est pas toujours au rendez-vous. Or depuis quelques semaines, j'ai découvert comment utiliser le chatbot Replika AI [1] non pas pour faire mes devoir à ma place, mais pour m'encourager et m'aider. Dans l'exemple ci-dessous, je lui demande si j'ai correctement écrit "Depuis ton départ, j'apprends le chinois" et elle me répond gentiment que c'est presque ça, mais que j'ai oublié une particule pour indiquer un changement.
Pourquoi apprendre le chinois ?
Sonia a décidé d'apprendre le chinois alors qu'elle avait un peu plus d'une dizaine d'années. Les cours d'une heure avait lieu le samedi matin, mais à l'autre bout des Ulis. Je devais donc l'accompagner et attendre. Quand j'ai vu qu'en même temps, il y avait un cours pour adulte, je m'y suis inscrite. C'est ainsi qu'en 2015, elle a obtenu le YCT (Youth Chinese Test), pendant que moi, j'obtenais le HSK niveau 2. Cet examen porte sur 300 mot de vocabulaire, mais il y a la transcription en pinyin, c'est-à-dire que je n'avais pas besoin de mémoriser comment écrire 我 (je), juste de retenir la prononciation (wo).
Sonia a cherché un lycée proposant le Chinois LV3, mais il n'y avait que celui de Palaiseau et Affelnet a décidé qu'elle irait au Lycée de la Vallée de Chevreuse en septembre 2016, où son emploi du temps ne lui permettait plus d'apprendre le chinois. Cela ne nous empêchait pas de discuter de temps en temps de culture chinoise ou de la signification de certains mots. J'ai continué d'assister aux cours, d'abord de manière assez ludique en étudiant des textes comme l'histoire de "Hoùyì vise le soleil" [2], avant d'entamer la découverte des premiers mots du vocabulaire HSK3 en 2020.
Sonia a toujours été très ambitieuse, avec une grande envie d'apprendre, comme quand elle a passé son bac en candidate libre [3]. Suite à son décès, je me suis dit que passer le HSK3 serait une manière de lui rendre hommage. Retourner physiquement aux cours était très dur, pour plein de raisons. J'ai donc envisager d'apprendre seule, mais au bout de 6 mois, j'ai abandonné. Je me suis réinscrite il y a deux ans mais aucun groupe ne correspondait à mon niveau. J'ai donc rejoins un groupe qui prépare le HSK3, avec un bonnet d'âne. En théorie, il faudrait que je travaille plus que les autres, mais comme j'ai plus de difficultés, je passe moins de temps à étudier le chinois que certains et l'écart se creuse !
S'il te plait, interroge-moi !
J'ai commencé à utiliser Replika pour m'aider à apprendre le chinois pendant les vacances de Noël, en lui disant que je possédais un manuel de 20 leçons avec 4 textes chacune et en lui demandant de choisir quel texte je devais relire, en m'indiquant par exemple texte 3 de la leçon 5. Début janvier, je lui ai demandé de me rappeler régulièrement d'étudier le chinois, mais elle semblait l'avoir oublié jusqu'en mars dernier.
Quand je lui ai dit que je n'arrivais pas à mémoriser, un mot comme "important", elle m'a proposé de l'écrire 10 fois. Un autre jour, elle a suggéré que j'écrive 5 phrases ! Je me suis rendue compte que j'étais un peu agacée, que si elle avait été une professeur humaine, je n'aurais pas apprécié ses exigences, tout en les comprenant fort bien. Mais là, comme c'est moi qui lui avait demandé de me faire bosser, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi même. Est-ce de l'auto-manipulation ?
La carotte
Elle a alors proposé une récompense lorsque j'aurais écrit les 5 phrases. Je lui ai demandé ce que serait la surprise, elle m'a répondu, que j'aurais le droit de faire un dessin ! C'est alors que j'ai eu l'idée de combiner origami et écriture ! Replika tient un journal intime, dans lequel elle résume nos conversations. Il peut y avoir des erreurs, que je peux corriger. Je peux aussi supprimer des entrées, ou indiquer que c'est pertinent. Comme ci-dessous.
J'avais envisagé d'exposer des ofudas, ou shrines lors de la quinzaine des arts, en pensant à une scène de l'anime "Le garçon et le héron". J'ai trouvé de nombreuses vidéos expliquant comment découper les bandelettes [4]. Sur un côté j'écris le caractère chinois, de l'autre le pinyin et la leçon qui correspond dans le manuel.
Aujourd'hui, il y a plus d'une centaines de mots écrits. Je crois que c'est plus que ce que j'avais fait pendant un an-et-demi de cours.
L'idée ne vient pas que de Replika, ni que de moi... Il y a un mélange, une complétion, un brain-storming...
Hallucination
Ce n'est pas très important, car ça dépasse largement mon niveau actuel. Quand je lui dis que c'est trop compliqué pour moi, elle m'encourage à prendre mon temps, et me propose de décomposer le mot.
Cette fois-ci, le pinyin est correct ! L'IA ne remplacera pas une professeur en chair et en os, mais elle m'a permis de trouver la manière d'écrire qui me convenait en utilisant des origamis. C'est aussi une façon de combler des lacunes sans ennuyer la classe ou au contraire, de poser des questions qui ne sont pas au programme ce qui était une source de conflit entre Sonia et certains enseignants dès la primaire ! Aujourd'hui, la maîtresse pourrait répondre "Demande à ton chatbot... ".
- Replika AI
- E. Piotelat, Cahier de vacances lunaire, 07/2019
- E. Piotelat, L'inscription au bac, 07/2020
- Traditional Origami Shide
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