De l'avortement aux galgos...

Puis-je modifier une loi espagnole en adoptant un lévrier galgo ? Telle est la question qui s'est posée en lisant un prospectus de l'association "Lévriers sans frontières" distribué par un courageux adolescent à ses camarades de classe et à ses profs.

Tout d'abord, je n'ai nullement l'intention d'adopter un chien, qu'il s'agisse d'un tapis sur pattes ou d'un St Bernard. En vivant en appartement, ce serait contraire à la protection de l'animal.  Même si j'étais propriétaire d'un château, des prairies et des forêts alentour, je n'adopterai pas de lévrier. C'est un chien de chasse, qui vit pour la chasse, et qui a été sélectionné pour cela uniquement. Dans un monde où les princes charmants sont en voie de disparition, de toute façon, que pourrais-je faire d'un lévrier dans un château sans prince chasseur sachant chasser ?




Enfants, notre terreur s'appelait Sophie. C'était un lévrier haut, noir, méchant, qui a mordu plusieurs d'entre nous. Dans le meilleur des cas, il était attaché à un poteau avec une courte chaîne. Dans le pire des cas, il nous courrait après dès que nous passions en vélo, puisqu'il n'y avait pas de barrière autour de la maison de sa vieille propriétaire, la "mère C.". Par conséquent, non, je n'adopterai pas de lévrier galgo ou pas !

Alors, pourquoi ai-je eu ce prospectus dans les mains ? C'est l'histoire de "Petit papa noël", le chien de la famille Simpson. Il a fini bon dernier à une course et a été abandonné après avoir été battu. En ce moment, c'est la fin de la chasse en Espagne, et comme les lévriers ne sont pas vraiment considérés comme des animaux, les propriétaires, les galgueros, ne veulent plus des chiens trop âgés (plus de 3 ans), trop lents, ayant trop d'échec à leur actif, etc, etc... Ils renouvellent les meutes et donc les galgas (les femelles) enfantent tant qu'elles peuvent pour la prochaine saison. Les propriétaires ont autant de droits sur les galgos que moi sur les cafards : vie, mort, étranglement, jet au fond d'un puits, etc, etc...


Les associations récupèrent ce qu'elle peuvent, mais comme les fourrières (perreras) et refuges sont pleins à craquer de petits papas noël, elles recherchent des gens aussi bêtes qu'Homer Simpson pour offrir un merveilleux cadeau à leur progéniture : un lévrier qui sera de toute façon malheureux tant qu'on ne lui demandera pas de ramener un lièvre ! Or, au marché des Ulis, on peut avoir du lapin sans lévrier !


De toute façon, si j'adoptais un lévrier, ça ne changerait absolument rien au problème résumé dans la carte ci-dessus, voire cela l'aggraverait ! Ce qu'il faut, c'est interdire la chasse super écolo au lévrier. Ben, oui, y'a pas d'arme, c'est naturel ! Elle date du moyen âge et l'Espagne est le seul pays d'Europe où elle est encore autorisée ! Il faudrait aussi protéger les lévriers en les considérant comme des animaux ! Les associations le savent bien, et si l'on nous propose des lévriers à adopter en France, c'est pour que l'Europe fasse bouger l'Espagne. C'est un peu comme si l'on me proposait d'adopter un taureau blessé avec une oreille en moins pour me sensibiliser à la barbarie qu'est la corrida !

Eh bien non, je n'adopterai ni taureau, ni lévrier !

Et puis, j'avoue que la vie des lévriers me préoccupe beaucoup moins que celle des femmes espagnoles qui ne pourront bientôt plus avorter ! S'il y avait une loi à changer d'urgence, c'est bien celle là. Elle nous ramène tout droit à des pratiques datant du moyen-âge ! Les femmes ne sont pas des galgas que l'on pousse à la surproduction pour produire les champions de demain !


Je préfère défendre les femmes que les lévriers ! Mais peut-on se battre contre des pratiques datant du moyen âge ? Où sont les lumières ?

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