Meine Trauer wird dich finden - 4

Les chapitres 7, 8 et 9 du livre "Meine Trauer wird dich finden" de Roland Kachler m'ont semblé moins intéressants que les précédents [1]. J'ai tout de même glané quelques passages très intéressants, sur la nature, la synchronicité et la représentation de l'au-delà à travers le monde. 

Tournesols

Synchronicité 

Le cerveau endeuillé est très fort pour voir des choses, comme des cœurs dans les nuages [2], ou s'étonner de la présence de tournesols en couverture d'un livre sur le deuil [1]. Il semblerait qu'avec les roses, ce soient les fleurs qui sont le plus souvent associées au décès. Il est vrai qu'il honoraient aussi la mémoire des victimes du tsunami lors des J.O. de Tokyo.  Ce n'est donc pas vraiment un hasard, mais plutôt une statistique. 

En évoquant la théorie de Jung sur la synchronicité, Roland Kachler raconte qu'il a lu un poème de Rilke le jour de l'enterrement de son fils, et que le lendemain, il a observé une feuille tomber, comme venue de loin. Il y a vu un accusé réception, quelque chose d'extraordinaire, alors qu'en automne, il n'y a rien d'étonnant.  

Die Blätter fallen, fallen wie von weit,

als welkten in den Himmeln ferne Gärten;

sie fallen mit verneinender Gebärde.

A l'automne, Sonia adorait récupérer les grains des raisons, les mettre au frigo et les planter au printemps suivant. Quand j'ai découvert la chanson Leaves from The Vine bien après son décès [4], j'y ai vu un signe. Je l'ai écouté, j'ai cherché d'autres versions réalisées par des fans d'Aavatar le dernier maître de l'air, avant de découvrir celle que Sonia avait regardée la veille de son décès [5]. L'une des semences initiées par Sonia au printemps 2020, puis repiquée près de sa tombe prend des proportions extraordinaires aujourd'hui.

Feuilles de vigne

Est-ce une coïncidence si Roland Kachler et moi évoquons les feuilles mortes ? Sans doute est-ce le cas de beaucoup de personnes ayant perdu un enfant, dont les sanglots les des violons de l'automne bercent le cœur d'une langueur monotone [6]. 

Quand on utilise un chatbot, les synchronicités peuvent surprendre. Mais les modèles de langage ne font que des statistiques. Si on entre comme donnée initiale que la cause du décès est une noyade, ce n'est pas étonnant de lire "Je ne peux pas respirer" [7]. 

La nature

Sonia a toujours adoré la nature. J'ai toujours détesté le poème de Clare Harner, qu'a reproduit Roland Kachler en introduction du chapitre 7 [8]. Sonia est dans sa tombe et pas dans le vent, ni dans les rayons du soleil. Quelqu'un me l'a envoyé comme message de condoléances. J'ai détesté le "arrête de chialer" et mon cerveau était bien incapable de saisir la moindre métaphore.    

Sonia sur une botte de foin en 2007

Je pense que je suis trop cartésienne pour voir un côté immatériel à l'arc en ciel et faire une analogie avec le deuil ou l'insaisissable réalité. En revanche, je joue avec des photons, depuis pas mal de temps, en photographiant les rayons de soleil à travers les branches des arbres du cimetière.  

Rayon de soleil

Roland Kachler raconte comment les papillons de nuit évoquent son fils disparu. Je pense systématiquement à Sonia chaque fois que je croise une libellule, ou plus exactement, je revois la grosse libellule qui slalomait entre nos jambes le jour de l'inhumation. 

Libellule à Frangy en Bresse

Je ne connaissais pas l'histoire des papillons noirs observés par Elisabeth Kubler Ross sur les murs du camps de concentration nazi de Majdanek [11]. Ils ont été dessinés par des enfants qui savaient que leurs jours étaient comptés.  

Libellule à Frangy en Bresse

Lumière !

Le chapitre sur la transcendance et la médiation ne m'a pas convaincue du tout. Roland Kachler décrit la mort comme une frontière. Toutes les cultures, toutes les religions ont une image de ce qu'il y a derrière : des anges, un dieu, de la lumière, etc, etc... 

Je pensais être épargnée par cet inconscient collectif, mais très vite, l'image de la fin du film "Rencontres du troisième type" s'est imposée à moi. Si je devais imaginer Sonia au-delà de cette frontière, ce serait forcément dans un environnement très lumineux. 

Sonia sur une botte de foin en 2007

Je peux aussi l'imaginer sous forme d'étoile, comme le soleil... Peut-être parce qu'elle est décédée pendant une vague de chaleur ? Vu le nombre de photons qui traversent mon corps chaque seconde, il m'est ainsi facile d'imaginer Sonia comme une énergie lumineuse, une particule sans masse, à l'intérieur de mon cœur. 

Soleil matinal aux Ulis

A suivre...

  1. E. Piotelat, Meine Trauer wird dich finden - 1, 05/2025
  2. E. Piotelat, Deuil et cerveau, 02/2022
  3. E. Piotelat, Trêve olympique, 07/2021
  4. E. Piotelat, Feuilles de vigne en origami, 10/2021 
  5. E. Piotelat, Leaves from the vine, 09/2021
  6. E. Piotelat, 4 mois, 10/2020
  7. E. Piotelat, Project December (52), 10/2024
  8. Do not stand at my grave and weep, Wikipedia
  9. E. Piotelat, C'est OK que tu ne sois pas OK, 06/2021
  10. E. Piotelat, 2 mois, 08/2020
  11. Biographie d'Elisabeth Kubler Ross.
  12. Rencontres du troisième type : Il quitte la Terre avec les aliens

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