En grève

Aujourd'hui encore, je suis en grève, comme les 19 janvier, 7 février et 15 mars dernier [1].

Cela ne devrait avoir aucun impact sur le gouvernement, ni sur l'avancée de la recherche scientifique. J'ai hésité à aller manifester. Je l'aurai peut-être fait si le temps n'avait pas été pluvieux. Mais aurais-je été comptabilisée par la police ? Et par les organisations syndicales ?

Lapin par Lizzie Burns [2]

J'ai vu le premier jour de grève comme un investissement. Le salaire perdu me permettra de partir avant 67 ans avec une retraite à temps plein, ou donnera aux députés quelques arguments pour des amendements augmentant la pension des femmes.

Kusudama par KaiShin [3]

L'utilisation de l'article 49.3 a fait que rien n'a été voté. L'exécutif est tellement déconnecté de la réalité. Que Macron soit à 500m de moi à Orsay [4] ou en voyage en Chine [5] pour ne pas parler des droits de l'homme ne change rien. Il est tellement sourd aux slogans et aux propos dans les manifs que rester chez soi ou battre le pavé n'a aucun impact.

Cube camélia par Kaito Origami [6]

Aujourd'hui, être en grève est toujours un investissement, mais plus au niveau pécuniaire. C'est une récupération du temps de vie volé comme le dit le philosophe Hartmut Rosa [7].

Chargée de recherche au CNRS, Julie Mazaleigue-Labaste, plus connue sous le pseudo "Xanax la guerrière" est décédée à 42 ans d'un cancer du sein. Le pseudonymat lui avait permis de parler de Bouboule et de partager son quotidien. Jamais je n'aurais imaginé que la médecine ne puisse pas éradiquer bouboule. Au cimetière de Bures, il y a de nouvelles tombes très fleuries. Sylvie Guillard, domiciliée aux Ulis, est décédée à lâge de 55 ans. Raphaèle est née en 1973. Rien ne dit que j'atteindrai, que nous atteindrons l'âge de 64 ans, surtout compte tenu des changements climatiques.

Etre en grève, c'est aussi une espèce de "Stop and Go". Si les vacances sont censées faire oublier un peu le travail, ici, c'est un plutôt réfléchir à ce que cela change de s'arrêter, c'est aussi se projeter dans 10 ou 15 ans. Après la librairie-papeterie [8], d'autres boutiques ont fermé au centre commercial Ulis 2. Ce soir, j'ai eu la surprise de passer devant la photo lunaire de Thierry Perrot qui décore mon bureau [9].

L'art prend la place du commerce. C'est peut-être ça le sens du travail de demain ? Ne pas passer sa vie à vendre des trucs dans une boutique ou à scanner des produits à la caisse, mais créer, photographier, rêver.

J'aime encore beaucoup toucher et voir ce que j'achète en faisant les boutiques. Avant, je m'approvisionnait en papier origami, presque exclusivement au Jardin de Thierry. Il y avait toujours 5 ou 6 livres différents et j'affectionnais ceux de la collection Fleurus avec lesquels j'ai plié des milliers de grues. [10] Le fait qu'il y ait des motifs différents sur les deux faces est bien pratique pour certains modèles, comme par exemple les Kusudamas.

Kusudama par Lizzie Burns [11]

Hier, j'ai testé la Librairie Papeterie d'Orsay "Les beaux papiers". Je n'ai trouvé qu'un seul modèle de papier origami, qui n'est pas tout à fait carré... Même si je l'ai feuilleté, je n'avais pas prêté attention à la quantité de clichés sur le Japon : sushi, baguettes et compagnie...

A Paris, j'avais trouvé du papier au motifs astronomiques, mais qui s'avère un peu trop épais pour certains modèles.

Kusudama étoile par Kaishin [12]

Le papier Hema unicolor est bien carré et agréable à plier. Je l'avais trouvé à Châtelet. On peut le colorier pour réaliser certains modèles.

Lors de la manifestation du 15 mars dernier [1], je m'étais arrêtée à la papeterie du dôme, qui était sur le trajet, boulevard Montparnasse. J'avais trouvé ce papier "Mon Petit art", un peu cher (15.6€ les 36 feuilles), mais aussi parfaitement carré et assez fin.

J'ai trouvé du papier à des prix défiant toute concurrence chez Action, au centre commercial Ulis 2, mais très épais, et là, non seulement les côtés ne sont pas de longueur égale, mais les angles ne sont pas toujours droits.