Plan de mise hors service à Arecibo

Le radiotélescope d'Arecibo a survécu à l'ouragan Maria en 2017 [1], mais ne résistera sans doute pas au changement climatique et à l'usure de certains de ses éléments. Un premier câble a rompu au mois d’août [2], un second au mois de novembre [3].  Hier, la National Science Foundation a annoncé qu'un plan de "mise hors service" était à l'étude afin d'éviter des accidents [4]. La NSF espère pouvoir conserver le LIDAR et le centre de visites.

Dessin CC-BY-NC Sonia Piotelat

Le 16 novembre 1974, pour tester la puissance d'émission du nouveau radar installé au radiotélescope d'Arecibo, un message conçu par Frank Drake et Carl Sagan a été envoyé vers l'amas globulaire M13 qu'il atteindra dans 25000 ans. L'humanité doit-elle signaler sa présence dans l'univers, au risque d'être attaquée par des extraterrestres plus avancés que nous ? La question fait toujours débat.

Alors que les radioastronomes ont du mal à partager leurs découvertes, qui se résument souvent à des courbes et non à des belles images comme l'astronomie classique peut en fournir, le radiotélescope d'Arecibo a été un formidable outil pour faire rêver à une vie ailleurs. Le cinéma l'a bien compris avec le film Contact.


En 1999, les données collectées par le radiotélescope d'Arecibo ont alimenté un extraordinaire projet, SETI@HOME, qui a vu des internautes à travers le monde contribuer à l'analyse des données reçues dans le cadre d'autres études afin de les analyser pour rechercher une éventuelle signature technologique [6]. 

Présentation de Breakthrough Listen à IAC 2020

Aujourd'hui, le projet Breakthrough Listen utilise des radiotélescopes tout autour de la planète [7] [8] pour rechercher des signatures technologiques. Aux grands instruments des années 60, on privilégie la construction de réseaux d'antennes plus petits. L'énorme radiotélescope FAST [9] en Chine contribue également à la recherche de vie dans l'univers. 

A l'instar de SETI@HOME qui a permis le développement du logiciel BOINC, qui est utilisé pour combattre le paludisme ou étudier des protéines, le radiotélescope d'Arecibo a contribué à l'économie de l'île de Puerto Rico grâce au tourisme. Que nous soyons seuls ou non dans l'univers, l'important aujourd'hui est de sauver des vies, d'alerter sur la crise climatique afin que notre planète reste habitable.  Personne n'a été blessé lorsque les câbles ont rompu à Arecibo. C'est l'essentiel. La crise sanitaire a montré l'intérêt de la recherche fondamentale. L'étude de signaux cosmiques continue en Chine (FAST) et à travers le monde, sans la grande antenne d'Arecibo.  

Ajout à 21h : 

Sciences et Avenir vient de publier une page de témoignages d'astrophysiciens, tous très touchants [10]

Commentaires