La quinzaine des arts aux Ulis s'est terminée le 2 avril, une semaine après que la société Open AI ait proposé la génération d'images 4o, permettant, entre autres, d'imiter le style des studios Ghibli [1]. En me promenant dans la ville, je me suis demandé ce que l'intelligence artificielle générative pouvait changer dans la vie des artistes qui exposent.
La quantité incroyable de reproductions sur tout support, voire de déformations de la Joconde de Léonard de Vinci ne diminue pas le prix du tableau et ne réduit pas le nombre d'entrées au Louvre. N'ayant aucune idée de la valeur des origamis que j'ai exposés [2], j'ai été surprise par le prix affiché sous certains tableaux.
Par exemple, j'aime beaucoup ce "jour de pluie" de Sihem Lassoued, mais je ne l'achèterai pas pour 250€. Peut-être qu'une experte jugerait qu'il vaut beaucoup plus. Si l'artiste avait estimé la valeur de son oeuvre en comptant le nombre d'heures de travail, le coût de la toile et de son matériel, il est possible que son tableau vaille bien plus cher.
Cependant, mon plaisir de croiser les peintures de Jacques Monier en me promenant dans la ville n'a rien à voir avec celui de les observer derrière un écran.
A la maison pour tous de Courdimanche, j'ai pu apprécier le relief de certaines œuvres, notamment sur les tableaux de M. Lalloum.
Les prix des création de Nizar Studio m'ont amusée : 69€ !
Les coussins de la maison d'Odile à une dizaine d'euros ont trouvé preneurs ! J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup de fan-art, c'est-à-dire des objets inspirés par la création d'autres artistes, comme je l'ai fait avec cette Pokeball, les origamis Miyazaki ou ceux inspirés du Prince des Dragons. Il n'y a pas besoin d'intelligence artificielle pour créer quelque chose de nouveau à partir de ses personnages préférés, et cela est en général très apprécié par les studios qui produisent les dessins animés ou films, comme le prouve la Geeked week de Netflix. [3]
Les créations des élèves du lycée de l'Essouriau m'ont impressionnée. Outre l'aspect artistique, j'ai apprécié la richesse de la documentation sur les Yokai, comme je l'écrivais précédemment [4]. Même si j'avais eu un quelconque talent en dessin à 18 ans, je n'aurai pas pu produire cela. Internet n'existait pas, et je n'avais comme ressource que le CDI de mon lycée.
Si une I.A. générative les a aidé à trouver du contenu, à traduire des pages web écrites en japonais ou leur a fourni des modèles de yokai, c'est tant mieux ! Est-ce qu'il y a des erreurs ? Tout ce qui était écrit dans les ouvrages du CDI du lycée Henry Vincenot en 1989 n'était pas forcément exact. Une recherche rapide sur le net me renvoie vers une page dédiée à Kurokamikiri, le yōkai coupeur de cheveux [5].
Passionné de science-fiction, Zgöd 2 Zon'art a exposé un collage inspiré par l'intelligence artificielle. Durant cette déambulation dans les Ulis, j'ai eu l'impression qu'une oeuvre unique, que l'on peut toucher, sentir, aura toujours de la valeur, peu importe la législation future sur l'IA générative. Midjourney créé de superbes origamis, mais ça n'enlève rien au plaisir de plier [6] !
J'aimerais beaucoup que l'intelligence ce soit le thème d'une prochaine quinzaine des arts ! Je n'ai aucune idée de ce que je pourrais proposer comme origami, mais je suis curieuse de voir ce que les artistes des Ulis pourraient créer !
- Introducing 4o Image Génération, 03/2025
- E. Piotelat, Quinzaine des arts 2025, 03/2025
- E. Piotelat, Relation (51), 09/2024
- E. Piotelat, Yokai (57), 03/2025
- Kurokamikiri, le yōkai coupeur de cheveux
- E. Piotelat, origami précieux, 12/2023
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