Tant que l'on raconte son histoire...

Merci à tous pour votre soutien. Je suis tel un nouveau né que l'on nourrit, que l'on porte dans ses bras en attendant qu'il puisse marcher. Comme je l'ai souvent fait, je vais utiliser ce blog comme thérapeute, un peu comme un journal intime à la vue de tout le monde. La ligne directrice va être le magnifique Sonnet écrit par Jean-Louis [1], car l'amour vit - tant que l'on raconte son histoire...


Pour cela, je vais utiliser les graines semées par Sonia, celles que je classerai, rangerai, nettoierai au fur et à mesure que je les ramasserai pour mettre un peu d'ordre dans ma vie. Je vais raconter leur histoire, l'histoire de Sonia, la mienne à partir d'objets. Libre à chacun d'arrêter de lire ce blog (où il devrait être très peu question de SETI, de science, de SF ou d'Espace) ou de s'en emparer pour semer une graine forcément différente ailleurs. Hier, j'ai changé l'eau de l'aquarium...  


Aquariophilie

Je ne sais plus quand Sonia a commencé à s'intéresser à l'aquariophilie, mais je sais que l'on a eu notre premier aquarium en septembre 2012 [2], avant d'acheter celui que l'on a toujours en mars 2013 [3].

Comme à chaque passion, elle est vite devenue une experte. Guppys, Rasboras, Danios et Ryukins n'avaient plus de secret pour elle en quelques mois. L'achat d'un aquarium s'est donc imposé pour allier la pratique à la théorie [4]. 



Sonia avait aussi un aquarium plus petit dans sa chambre, souvent pour isoler une femelle guppy qui était embêtée par trop de mâles. 


Il lui est arrivé d'aller à pied à Truffaut et de me ramener une nouvelle espèce de poisson. 

Installation du grand aquarium

Le contrat était que Sonia participe aussi à l'installation et à l'entretien de l'aquarium. Tant que son emploi du temps lui permettait, c'est-à-dire jusqu'au lycée, ce fut le cas. 

 


Nous nous sommes vite rendu compte qu'avoir un grand aquarium était bien plus simple qu'un petit. Une fois l'écosystème mis en route, les petits naissent, des escargots apparaissent et l'entretien devient de plus en plus espacé. 

Nausicaa

Au mois de mai 2013, nous avons visité Nausicaa, à Boulogne sur Mer [5]. Discuter avec Napoléon, caresser des raies, la dimension du lieu nous avaient impressionnées.  


Nous y sommes retournées l'été dernier, avec toujours le même émerveillement. Je recherche si j'avais pris des photos de Sonia... Non... Mais la date de la visite me saute aux yeux : 2 juillet, exactement un an avant son enterrement. Nous avions prévu d'aller à Boulogne une fois le confinement terminé. Nous n'aurions jamais dû remettre ce projet à plus tard. 

Si je l'ai fait, c'est peut-être parce que j'avais eu quelques angoisses. Au petit matin, je lui avais donné l'autorisation de profiter de la plage avant qu'il ne fasse trop chaud. Quand je suis sortie à mon tour, impossible de la voir. Elle avait parcouru une grande distance jusqu'à la falaise, avait rencontré des pêcheurs et m'a avoué avoir eu quelques frayeurs. Si j'avais su qu'elle se noierait dans sa baignoire...


Indignée

Le texte lu par François lors de la cérémonie a surpris quelques personnes (mais j'y reviendrais). Il écrit entre autres : 
Sonia a été particulièrement visée par des logiques écrasantes, dans le milieu dit
éducatif, dans la ville dite inclusive, dans le regards tellement normatif..
Elle ne s’est pas laissé faire. Elle s’indignait.
En août 2013, elle avait participé à une colonie Telligo "mon ami le dauphin". Elle avait été extrêmement déçue, à la fois par la souffrance des animaux au Marineland d'Antibes, et aussi par l'ignorance des animateurs en aquariophilie. Ils avaient acheté un poisson rouge pour l'occasion, mais l'avaient mis avec un combattant [6]. Alors oui, la norme à Antibes, c'est de trouver ça beau sans s'inquiéter de l'étroitesse du bassin. La norme, quand on a 11 ans, ce n'est pas de dire à un étudiant qu'il a oublié de bosser le thème de la colo et qu'il n'a rien à faire ici. 

En novembre 2013, un cirque aquatique s'est installée sur la ville. Sonia y est allée en ambassadrice. 


Elle a posé des questions aux personnes présentes, a pris quelques photos avec son smartphone, avant de me dire que c'était vraiment horrible. J'y suis allée avec mon appareil photo, et à deux nous avons rédigé quelques billets de blog. [7]

En août 2017, elle me montre une photo sur son portable. Elle l'a prise au parc nord. L'eau y est vert fluo [8]. Je pense qu'elle a été la première sur les Ulis à constater le phénomène d'eutrophisation.  


Ce serait bien si on avait un aquarium !

Cela ne fait aucune doute que l'achat d'un aquarium, surtout d'un grand a été pendant toutes ces années une source de découverte. On s'en est occupées de moins en moins et la vie s'est débrouillée. Toutes les deux ou trois semaines, je change l'eau et nettoie la vitre. C'est plutôt un plaisir. 

Avoir un aquarium, c'est regarder un équilibre s'installer. Quand il est là, tout se passe bien, il n'y a pratiquement pas à intervenir. C'est un peu une planète en miniature, la meilleure des écoles sur la biodiversité et la nécessité de protéger la faune aquatique. 

Ce fut aussi l'occasion de formidables échanges, d'une riche collaboration, de voyages, de militantisme pour des choses toutes simples. Sonia a semé une magnifique graine en voulant un aquarium. 

L'amour vit tant que l'on raconte son histoire. Merci Jean-Louis pour ton sonnet [1]. 

Merci François, Ioana pour les textes lus pendant la cérémonie.  





  1. J-L Trudel, Sonnet pour Sonia, 28 juin 2020.
  2. Photos du premier aquarium
  3. Mon aquarium 
  4. E. Piotelat, Guppy d'avril, avril 2013.
  5. E. Piotelat, Un soir à Nausicaa, mai 2013
  6. E. Piotelat, Nuit des éroiles à Frangy, août 2013. 
  7. E. Piotelat, Aquatic Shark, novembre 2013.
  8. E. Piotelat, Europhisation, aout 2017. 

Commentaires