Symbolisme du cirque et deuil

Comme hier, je vais profiter de l'extraordinaire présence du cirque Europa aux Ulis à côté du centre commercial Ulis 2, non pas pour aller au spectacle à 18h, mais pour m'accompagner en cette période difficile avant le 26 juin. [1]


Le sujet proposé par ChatGPT (et un peu modifié) que je vais traiter ce soir est le suivant : [2] 
Réfléchis au symbolisme du cirque en relation avec le thème du deuil. Comment est-ce que les acrobates et les funambules représentent les hauts et les bas, le balancement, et les émotions extrêmes vécues suite au décès de Sonia.
J'ai eu envie de répondre sans écrire un mot, juste avec des photos de Sonia se balançant ou faisant des acrobaties. 

Jardin d'acclimatation en 2005

Je me suis demandée pourquoi une ONG comme "Les cirques français" passait son temps à défendre, non pas le cirque, mais la présence d'animaux dans ceux-ci à base de chameaux broutant paisiblement l'herbe. Au niveau de la démonstration, ça revient à dire "Paul ne peut pas être souffrant car Jacques est en bonne santé !"

Si l'acrobate évoque Sonia, le funambule évoque Zarathoustra ou à la rigueur un spectacle de rue, mais en aucun cas un artiste dans un cirque. Peut-être que le problème est là. Sans animaux, il n'y a plus de cirque, mais juste des artistes qui se produisent comme tous les autres dans des salles de spectacle ou chez Patrick Sébastien. Tous le symbolisme du cirque, de monsieur Loyal à l'écuyère en passant par les jongleurs s'évapore avec la disparition de la cage aux fauves. 

Acrobatie photographique

Quand je fouille dans mes dossiers pour rechercher des photos de Sonia faisant l'acrobate, j'y prend énormément de plaisir. Des souvenirs reviennent, comme celui de sa  poupée préférée, Julie. 

Jardin d'acclimatation 2005

Je me souviens aussi que j'avais été rassurée quand elle faisait de la gym aux agrès par la présence de professionnels pouvant lui apprendre à bien se réceptionner en cas de chute. 

2009, aux Ulis (air de jeu en face le cirque Europa)

Est-ce que si Sonia était encore là, elle regarderait ces photos en souriant, un peu comme si la fillette de 7 ans était quelqu'un d'autre appartenant à son passé ? Ce qui est certain, c'est que je ne les publierai pas, comme la plupart des parents dont les enfants sont encore vivants. Je me souviens du stagiaire qui avait cherché une photo sur le net pour illustrer je ne sais plus quel festival et avait pris celle de petit Grégory, décédé en 1984. Lors de l'atelier sur le deuil, j'avais adoré voir des photos d'enfants partagés dans le groupe privé sur Facebook. J'y avais aussi partagé des photos de Sonia. Je n'avais jamais vu autant d'enfants sur ce réseau social, et à force de lire les histoires racontées par leurs parents, ils étaient devenus vivants. Les photos partagées par les mamans de Marion [3] ou de Dinah [4] suffisent à envoyer un message fort contre le harcèlement scolaire. Ces photos peuvent être difficiles à regarder quand la culpabilité pointe le bout de son nez, parce que l'on n'a pas assez lutté contre ce fléau. 

Le côté acrobatique du deuil, c'est un peu cette pirouette, qui donne de la puissance aux photos d'enfants ayant rejoint le pays imaginaire, qui les magnifie, alors que ceux qui n'ont jamais connu cela se sentent gênés par le tabou de la mort. 


Acrobate aux Avelines 

Pourquoi des parents emmèneraient-ils leur progéniture voire des acrobates au cirque, quand ils en ont sous la main, par exemple dans les cours d'école ?

Juin 2009 à l'école primaire des Avelines


Si elle était encore là, je suis certaine que Sonia détesterait cette photo, à la fois pour le vêtement qu'elle porte et aussi parce que ça lui rappellerait des situations de harcèlement aux Avelines. 

Les barres venaient d'être installées, mais très vite le jeu avait été rempli d'interdiction : pas le droit d'avoir la tête en bas (sans doute parce qu'un enfant trop grand s'était cogné), pas le droit de s'asseoir sur la barre (un enfant était tombé après avoir reçu un ballon de foot), etc, etc... 

Le conseil d'école du mois de juin est traditionnellement suivi d'un pot. J'étais parent déléguée (donc en théorie bien placée pour lutter contre le harcèlement). Sonia et les enfants des autres parents élus au conseil avaient la cours pour eux seuls sans aucun adulte pour les surveiller. Sur ces photos, il y a aussi le plaisir de briser les interdits et d'avoir la cour pour soi. 


Et puis quand une année scolaire se terminait, c'était aussi la perspective d'avoir une autre maîtresse l'année suivante (ou un maître). Le pot était l'occasion de fêter la mutation de pas mal d'enseignants chaque année, et donc de "Chouette, c'est sûr, j'aurais pas Mme Méchante l'année prochaine..."

L'analogie avec Stranger Things me semble toujours la meilleure pour illustrer le deuil. Dans le monde à l'envers, comme des acrobates, on a la tête en bas, et même des images évoquant des choses qui pourraient être désagréables sont associées à la fête ou la joie, qui finissent par l'emporter sur les regrets. 







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