Charlie au vent

C'est l'éternel retour du 7 janvier [1] [2] [3] [4] [5]. 

Cette année, le numéro avec les dessins gagnants du concours #MullahsGetOut, force mon admiration. Hier, je me suis promenée avec l'hebdomadaire dans les Ulis et me suis amusée à prendre des photos des pages au vent, en pensant au courage des iraniennes, cheveux au vent. 


C'est aussi ridicule que de se couper une mèche de cheveux en soutien aux femmes iraniennes. Ici, chacun a le droit de lire ce qu'il veut dans la rue, à la plage, chez lui, des les transports. Il n'y a pas de police des mœurs pour contrôler ce que tel journaliste écrit.  


Dans l'édito [6], Riss fait le lien entre les attentats et les caricatures sur l'Iran : 

Ceux qui refusent de se soumettre aux diktats des religions prennent le risque de le payer de leur vie. Qu’est-ce que Charb, Cabu, Bernard Maris, Wolinski, Tignous, Mustapha Ourrad, Honoré et Elsa Cayat auraient pensé aujourd’hui en voyant ce qui se passe en Iran ? Nul ne peut le dire, mais on peut le deviner. Huit ans après, l’intolérance religieuse n’a pas dit son dernier mot.

 

Suite à la publication de ce numéro, la liste des abonnés circulerait sur le darkweb [8]. C'est grave ? Potentiellement oui, mais par rapport à ce qui risquent les iraniennes, c'est peu de chose. Lorraine Renaud écrit dans l'article "Petit Mollah deviendra troll" : 

Bien plus récemment, nous avons pu voir, à Charlie, la contre-offensive du pouvoir et de ses fermes à trolls face à notre concours de caricatures pour ridiculiser Ali Khamenei, le Guide Suprême. Dès que l'annonce fut diffusée sur les réseaux sociaux, un hastag en réponse au nôtre #MullahsGetOut [7], a été mis en place pour inonder notre compte Twitter de photographies et de messages épris d'amour  pour Khamenei. 

Les technologies de reconnaissance faciale utilisées pour interpeller les conductrices et manifestantes sans voile ne peut que nous pousser à repousser l'utilisation de ces outils ici, avant qu'ils ne tombent dans de mauvaises mains. 

J'ai lu chaque ligne avant de découper le numéro dans l'objectif dans faire un message de paix. Dans la rubrique "C'est pourtant pas compliqué", Natacha Devanda parle des féminines Kurdes du PKK, à l'origine du slogan "Femmes, vie, liberté" [9]: 

"Jin, jiyan, azadi" ou, traduit en français : "Femmes, vie, liberté". Ces trois mots résonnent en Iran depuis la mort de Masha Amini, en septembre dernier. L'occident découvre alors cette trilogie de la révolte qui pourtant vient de loin. [..] Car ce slogan, repris aujourd'hui par la rue iranienne, est celui des Kurdes. 


Sylvie Caster s'est rendue en Iran du 19 au 23 mars 1979. Dans une langue qui s'apparente plus à ce que l'on trouve dans le petit ZPL [10] qu'à la plume des auteurs actuels de Charlie, elle écrit :

Tout groupe qu'il soit d'hommes, de femmes, de lapins gambillant dans la garenne ou de banc de persil cherchant le soleil secrète la connerie, le conformisme, l'allégeance. 

Ce numéro est bien plus efficace, bien plus utile à la paix, que des milliers de grues en papier. Il ne reste plus qu'à espérer une victoire du slogan "Jin, jiyan, azadi" en 2023, tout en pensant aux victimes de janvier 2015 à Paris et de 2022 en Iran ! 

Crayons avec un peu d'ADN de Sonia... 


  1. E. Piotelat, Bon 7 janvier, 01/2021
  2. E. Piotelat, Une semaine avec les socialos, 01/2016
  3. E. Piotelat, What is Charlie? 01/2017
  4. E. Piotelat, Sans adjectif, 01/2018
  5. E. Piotelat, Oui chef, je suis là, 01/2019
  6. Riss, Le dessin satirique, guide suprême de la liberté, 01/2023
  7. #MullahsGetOut en direct
  8. INFO EUROPE 1 – «Charlie Hebdo» victime d’une attaque informatique, la DGSI saisie
  9. N. Devanda, Les Kurdes, musulmans, féministes et révolutionnaires, 01/2023
  10. Le Petit ZPL - Zone de Publication Libre


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