La semaine dernière, j'ai retrouvé l'usage de mon cerveau... Ce n'est pas grand chose, mais simplement lire un article en anglais et éclater de rire à chaque phrase (ou presque), fut un énorme changement [1]. J'ai repris le travail le 23 juillet, en essayant d'aller physiquement au bureau 2 jours par semaine et de télétravailler les 3 autres jours. J'avais conscience de ne pas être très efficace, sans compter l'énorme coup de barre à 14h. Le télétravail permet de faire la sieste. Au bureau, c'est plus compliqué.
Le 11 août, j'ai résolu un problème. Si un programme fait depuis longtemps en python me permettait de relever la température et de sauvegarder ça dans un fichier, je n'avais pas poussé le vice jusqu'à représenter cela en courbes et j'utilisais plus ou moins bien Libreoffice [2]. D'ailleurs, je n'étais pas certaine qu'il soit possible, d'avoir des heures en abscisse et des températures en ordonnée.
Jour, heure, salon, balcon
06, 15:43:18, 26.9, 38.4
import matplotlib.dates as md
import matplotlib.dates as md
import dateutil
dates = [dateutil.parser.parse(s) for s in heure]
xfmt = md.DateFormatter('%H:%M:%S')
ax.xaxis.set_major_formatter(xfmt)
plt.plot(dates,balcon, "o")plt.plot(dates,salon, "+-")
Le jeudi, j'ai pu aller travailler physiquement.
Outre les températures exceptionnelles, ces courbes témoignent aussi du fait que je sois réveillée tous les matins à 4h. Il m'arrive de me rendormir. Avec la canicule, c'était impossible. Depuis, c'est compliqué, mais j'ai l'impression de mieux gérer la fatigue.
Ce que j'ai vécu n'a rien à voir avec ce que les survivants des attentats du 11 janvier ou du 13 novembre ont ressenti. Aucune arme n'a été braquée sur moi. Je n'ai pas été blessée physiquement. Je suis en train de lire "1 minute 49 secondes de Riss" et j'y retrouve beaucoup d'échos à ce que je vis actuellement. Il consacre un chapitre aux troubles post traumatique "Nos P4".
Page 230, il écrit :
"L'organe le plus fragile du corps humain n'est ni les jambes, ni les bas, ni les yeux, ni tout le reste, mais l'esprit. Même les plus forts peuvent s'effondrer psychologiquement avec une épreuve terrible."
Puis après avoir parlé de la folie, page 234 il poursuit :
"Mais comment fais-tu pour traverser tout ça ?" m'a-t-on demandé.
Suspect d'être vivant. Suspect d'avoir traversé les cercles de l'enfer sans être devenu fou. Les blessures mentales atteignent les tréfonds de votre existence, enfouies dans une grotte que nul psychiatre ne pourra jamais atteindre."
Même si le fait de retrouver un cerveau en mesure de s'intéresser à autre chose qu'à ma douleur, à mon nombril, me rassure, j'avoue que j'ai peur de sombrer. Si jamais j'adhère à LREM comme cette maman qui a perdu son fils, ou si je crée une école liée à une secte comme notre ancienne ministre de la culture, merci de me donner une claque, ou au moins de me rappeler les limites à ne pas franchir.
- E. Piotelat, Trottinette et Pomme d'Api, 08/2020
- E. Piotelat, Canicule, 07/2019
- Tracé d'horodatage (heure/minute/seconde) avec Matplotlib
- E. Piotelat, Suicide climatique, 08/2020
- E. Piotelat, Un étrange hommage, 07/2020
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