Le 10 septembre est la journée internationale de prévention du suicide. Pendant tout le mois, les associations se mobilisent pour communiquer le numéro national : 3114 et parler de cette problématique en utilisant la couleur jaune. Une des actions qui m'a semblé très intéressante est un challenge sportif, visant à effectuer 3114 pas par jour [1]. Moi qui ne suis pas sportive pour un sou, je viens de terminer ce premier défi sans faire trop d'effort.
Briser le tabou
A l'heure où se confier à un
chatbot présente l'avantage de ne pas être jugée, de ne pas mettre d'autres humains mal à l'aise, de n'inquiéter personne, rappeler l'existence du numéro national de prévention du suicide, le 3114 me semble important. Si l'
intelligence artificielle générative a sans doute sauvé des centaines de vies sans que cela fasse les gros titres, les ingénieurs peuvent mettre tous les garde fous pour empêcher une personne en souffrance de quitter notre planète. Les
professionnels de la santé mentale, les proches, peuvent aussi être désarmés.
La rentrée scolaire a été marquée par le décès d'une enseignante, Caroline, qui avait appelé à l'aide sa hiérarchie, les
syndicats et semble-t-il les secours qui sont arrivés trop tard [2]. Les humains comme les I.A. ne sont pas infaillibles. Mais tout le monde n'a pas la force d'appeler au secours, de chercher des solutions ou de simplement dire que ça ne va pas.
Communiquer autour du numéro en disant à des proches ou sur des réseaux sociaux de télécharger une application est plus sympa que de dire "au fait, tu connais le 3114" ? Ce n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan qui ne sauvera peut-être pas de vies. Réussir les défis, gagner des points, monter dans le classement, cela apporte de la dopamine. Marcher ne peut pas faire de mal non plus.
La flûte enchantée
Je connaissais l'
effet Papageno via l'association éponyme à qui je dois une fière chandelle suite à mes tribulations devant une caméra [3]. Je n'avais jamais vu la
Flûte enchantée de Mozart, avant que
France 4 ne diffuse cet opéra au début du mois [4].
Avoir des idées suicidaires ne devrait pas être un tabou. C'est arrivé à pas mal de gens, au hasard au moment de l'adolescence, mais cela n'empêche pas de participer aux jeux olympiques quelques années plus tard [5].
Marcher et papoter
Sans le challenge 3114, je serai sans doute restée à la maison ce week-end. J'ai décidé d'aller à pied à la MJC Jacques Taty à Orsay pour me réinscrire aux cours de chinois, tout en faisant un détour par le forum des associations aux Ulis. Je pense que j'ai échangé longuement (c'est-à-dire plus que "bonjour, ça va, merci, au-revoir") avec une dizaine de personnes.
Marcher, c'est créer du lien social. Plus le temps passe, plus je me rends compte qu'aller au cimetière à pied dès les premiers mois après le décès de Sonia m'a fait du bien. Même si j'ai dû affronter des conversations douloureuses à de multiples reprises ("bonjour, ça va, et ta fille, je l'ai vue l'autre jour, comme elle a grandi !"), cela m'a obligée à sortir de mon refuge [6].
Marcher et travailler
Il y a 4.5 km entre mon domicile et mon lieu de travail. Si j'ai réussi à effectuer un marathon la première semaine, c'est aussi parce que j'ai privilégié la marche à pied au bus.
A vrai dire, en me lançant dans ce challenge, je n'avais aucune idée de ce que représentaient 3114 pas. Faire un aller-retour au centre commercial Ulis 2, ou au centre-ville, c'est 2000 pas. Aller à l'arrêt de bus le plus proche, et faire les 100 pas en attendant qu'il arrive, c'est 900 pas. A l'intérieur, le smartphone qui compte mes pas reste dans le sac ou sur une table même si je bouge. Je pense que si je le gardais dans la poche, j'atteindrais les 3114 pas par jour tout en aillant une activité sédentaire.
A défaut de sauver des vies, ce challenge me semble à portée de tous et toutes, et il ne peut faire que du bien ! Le défi suivant consiste à faire 2 fois 3114 pas par jour ! C'est parti !
- Challenge 3114 km
- Remedium, Cas d'école - L'histoire de Caroline, 01/2025
- Programme Papageno
- La Flûte Enchantée en replay.
- S. Cogez, « Je haïssais tout de moi, même mon prénom » : la renaissance de Lucie, autrefois suicidaire, devenue athlète aux Jeux olympiques, 09/2025
- E. Piotelat, Et ta fille, ça va ?, 01/2023
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