Super intelligence artificielle et SETI

La recherche d'intelligence extraterrestre (SETI) a toujours été un miroir de l'humanité, de son évolution au risque de tomber dans l'anthropocentrisme. 

Dans un article paru en juin 2024 dans la revue Acta Astronautica, Michael Garrett s'interroge sur l'impact d'une hypothétique super intelligence artificielle sur la durée de vie des civilisations technologiques. [1]

Le grand silence 

La radioastronomie fut découverte en 1933 par Karl Jansky. Est-ce que toutes les civilisations extraterrestres passent par là ? Le premier projet d'écoute de l'univers date de 1959, avec cette idée que les ondes radio puis LASER pourraient permettre à chacun de signaler sa présence, volontairement ou non.


Depuis plus de 50 ans, nos techniques d'écoute et d'analyse de signaux se sont considérablement améliorées. Ces dernières années, les réseaux de neurones permettent par example de rechercher des signatures technologiques dans des bases de données astronomiques, comme celle de Gaïa. 

A ce jour, nous n'avons aucune preuve que nous ne sommes pas seuls dans l'univers.

Pourquoi ce grand silence ?

Quel est ce grand filtre qui empêcherait une civilisation technologique de coloniser l'univers ? En pleine guerre froide, certains chercheurs imaginaient que toute civilisation technologique finissait par découvrir l'arme nucléaire et détruire la vie sur sa planète [2]. De manière analogue, on peut craindre que le développement technologique s'accompagne d'un rejet croissant de gaz à effet de serre, et que seules les civilisations les plus sages parviennent à résoudre ce genre de problème. 


Les menaces crées par l'IA

Pour l'instant l'IA a besoin d'humains, et ne sais plus où moins executer qu'une seule tache : certaines vont assister un humain en papotant avec lui, d'autres vont diagnostiquer un cancer du sein, identifier une fleur ou cette cetoine cuivrée. 

Mais jusqu'à quand ? 

Les spéculations portent actuellement sur l'intelligence artificielle générale (AGI) qui serait plus ou moins du niveau de celle des humains. Peut-être y arrivera-t-on dans une dizaine d'années, même si cela reste très hypothétique.

Michael A Garrett imagine une super intelligence artificielle (ASI) qui nous serait supérieure tout en étant autonome, par exemple en décidant de répliquer des robots qui en seraient dotés, d'explorer la galaxie ou encore d'améliorer ses propres algorithmes. La rapidité des décisions prises par IA pourrait déclancher l'arme atomique ou créer un virus. 

Si notre espèce était sur plusieurs planètes, le risque serait moindre. Une bombe nucléaire sur l'une ne supprimerait pas la vie sur toutes les planètes.

Mais l'espace se développe moins vite que l'IA.

A l'instar des voiles solaires du projet Breakthrough Starshot, des IA pourraient aussi voyager dans l'espace bien plus facilement que des entités biologiques. 

Avec combien de civilisations communiquer ?

En 1961, après la fin du projet Ozma, des spécialistes de plusieurs domaines furent réunis pour discuter de vie extraterrestre dans la galaxie.

Franck Drake eut l'idée de mettre l'agenda sous la forme d'une équation permettant de calculer N, le nombre de  civilisations avec lesquelles communiquer : 

N = R* Fp Ne Fl Fi Fc L


Il avait coutume de dire que celle-ci quantifie notre ignorance. R est le taux de formation d'étoiles dans la galaxie, Fp est la fraction d'étoiles ayant des planètes... Plus nos connaissances progressent, plus nos estimations s'affinent. Le dernier facteur, L, représente la durée de vie d'une civilisation en mesure d'envoyer des signaux dans la galaxie.

Dans son article, Michael Garrett réduit l'équation à :

N= 0.01 L

C'est-à-dire que si 200 ans après avoir découvert la radioastronomie, une espèce en chair et en os comme nous est détruite par une super intelligence artificielle (ASI), N=2. Il n'y a dans toute la galaxie que deux civilisations avec lesquelles papoter.

Il conclut son article sur l'importance de réguler l'intelligence artificielle et l'intérêt pour les projets SETI d'observer une large partie du ciel à l'écoute des rares civilisations de la galaxie ou des IA en vadrouille.

  1. M. A. Garrett,  Is artificial intelligence the great filter that makes advanced technical civilisations rare in the universe?, Acta Astronautica, 06/2024 
  2. E. Piotelat, Le grand filtre, 08/2021

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