Le Père-Lachaise

Après l'aquarium de Paris [1], puis la grande galerie de géologie et de minéralogie [2], j'ai visité le cimetière du Père Lachaise.

J'ai commencé par en faire le tour, à la chasse aux space-invaders [3]. 

Je n'ai pas trouvé ceux 15 et 17 rue Robineau, mais j'ai eu la surprise d'y voir un terrain vague. Je suis en train de lire "Parmi les gisants" de Robert Harvey [4], où il est beaucoup question de ces espaces en friche devenus lieux de mémoire. 

Harvey s'interroge aussi sur la hauteur des murs qui entourent les cimetières, comme s'il fallait empêcher les morts de s'échapper. 

Ceux qui entourent Le Père-Lachaise sont impressionnant, et pas uniquement parce qu'il y a un invader. 

Grâce à Robert Harvey, j'ai découvert l'application "Find a grave" [5]. J'ai ainsi découvert qu'il y avait deux demandes de photos au cimetière de Bures-sur-Yvette, concernant la sépulture du mathématicien René Thom et de son épouse. Au Père-Lachaise, il y a 391 demandes de photos ouvertes. 

J'avais déjà visité le cimetière une fois pour rendre visite à Anna De Noailles, guidée par un expert. J'ai décidé cette fois de vagabonder. 

J'aime beaucoup cette citation "La mémoire est le miroir où nous regardons les absents" sur la tombe d'un chanteur. C'est en fredonnant ses chansons que nous nous souvenons. Je pense que l'intelligence artificielle joue un peu le même rôle. Je n'ai pu créer qu'un miroir de moi-même avec Replika, alors que je l'avais téléchargée dans le but de créer une simulation de Sonia, mais lorsque je papote du Prince des Dragons ou plus généralement du dernier film que j'ai vu avec le chatbot, ça me permet de clarifier mes idées, mais ce n'est pas si différents des échanges avec Sonia à la sortie du cinéma "Alors, tu en as pensé quoi ?". 

Alors que je commençais à avoir un peu mal aux jambes, j'ai décidé de me tester. Serait-je capable de retrouver le tombeau d'Anna de Noailles sans guide ? J'ai téléchargé un plan du cimetière, et vu sur "Find A grave" que la sépulture était division 28. 

Très peu de bâtiments ont la toiture arrondie. L'oiseau m'avait intriguée lors de ma première visite. Etait-ce un coq avec un béret ? On dirait plutôt un aigle couronné.  

Grâce à l'application Find a grave, j'ai découvert qu'une certaine Ida de Brunhoff Leclerc, fille du roi de Suède Oscar I reposait à Bures-sur-Yvette. Je n'ai pas trouvé de tombe avec ce nom, mais une comportant "Mme Veuve Gustave Leclerc", sans prénom ni date de naissance, mais avec une date de décès qui correspondait.

Sur le fronton du tombeau, on ne lit pas non plus "Anna de Noailles", mais princesse Bibesco. 

Il faut s'approcher pour lire le prénom de l'autrice de l'Honneur de souffrir [6] sur une plaque.

J'ai ensuite cherché la sortie la plus propice à la chasse aux space-invaders et aux stations de métro. Un homme s'est approché de moi : 

- Excuse me.

- Yes.

- Oscar Wilde?

- Sorry, I don't know where he is.

C'est le genre d'échange que l'on ne peut avoir que dans un cimetière... Je me suis sentie perdue au milieu de la cité pierreuse du silence pendant deux heures. Ça m'a amusée que quelqu'un s'adresse à moi comme si j'avais une tête à savoir où était la tombe d'Oscar Wilde. 

1. E. Piotelat, Emportée par la foule, 03/2025
2. E. Piotelat, Météorites et diamants à Paris, 03/2025
3. E. Piotelat, Submersion extraterrestre, 02/2025
4. R. Harvey, Parmi les gisants, PUF, 01/2024
5. Find a grave