La film Galaxy Epress 999 est sorti le 4 août 1979 au Japon et en 1995 en France. Je ne l'avais jamais vu. Hier, j'ai assisté à la projection d'une version remastérisée en 4K. La séance commentée par Julien Pirou, qui a eu l'occasion de rencontrer Leiji Matsumoto, plus connu ici pour Albator.
J'ai lu les trois premiers volumes du manga, lors de voyages en train. C'est la règle que je m'étais imposée en 2023 [1]. Cette lenteur permet aussi d'apprécier les planètes visitées, leur faune, leur flore, et surtout les lois qui y règnent.
J'ai été un peu surprise au début du film de ne pas voir Tetsuro, le personnage principal, avec sa mère dans la neige, mais entourés d'autres enfants dans une grande ville. La scène viendra plus tard. La nécropole de Pluton qui m'avait touchée dans le manga est aussi présente. Les images des corps sous la glace sont magnifiques.
Dans le film, Esmeraldas et Albator interviennent à plusieurs reprises. A la fin de la projection, Julien Pirou a expliqué que les personnages récurrents de l'univers de Leiji Matsumoto étaient surtout utilisés pour leurs rôles. Albator est le mentor, le guide vers la liberté.
Comme dans Albator 84, Tochirô Ôyama décède et transfert son âme dans l'Aracadia (ou l'Atlantis). Dans les deux cas, il est rongé par un mal de l'espace, mais ici, c'est Tetsuro qui abaisse le levier. Les questions qui émergent aujourd'hui en Europe sur l'utilisation de l'intelligence artificielle pour honorer les personnes décédées étaient déjà dans l'esprit de Leiji Matsumoto dans les années 1980.
Comme le manga, le film est ponctué de réflexions sur l'éphémère de la vie humaine, sur l'enfance, les rêves ou la robotique. La restauration en 4K me semble réussie. J'ai retrouvé les héros de ma jeunesse...
Après la projection, la conférence de Julien Pirou était passionnante, les questions qui ont suivi passionnées. Je lui ai demandé son avis sur la vidéo de promotion des 50 ans d'Albator qui n'avait pas été appréciée par certains fans en France, même si la femme et la fille de Leiji Matsumoto ont donné leur accord [2].
Moi, elle m'avait amusée, un peu comme l'actrice qui pose des questions. J'avais eu du mal à comprendre ce qui était choquant pour d'autres. Elle n'est pas de très bonne qualité, donc il n'y a pas d'usurpation possible, de tentative de tromper les amateurs. J'ai compris que c'était surtout l'utilisation à des fins commerciales qui gênait. D'après Julien Pirou, au Japon, il n'y a eu aucun débat. Galaxy Express peut aussi se voir comme un message sur l'éthique de la mécanisation. Se transformer en robot pour vivre éternellement, transférer son âme dans un vaisseau spatial est acceptable si les raisons sont bonnes, si c'est pour sauver la galaxie comme Tochirô et non pour afficher des humains comme trophée de chasse comme le fait le comte mécanique.
J'ai quand même l'impression qu'en Europe, on a 40 ans de retard sur ces questions là...
- E. Piotelat, Maetel et le droit des femmes, 08/2023
- Vidéo spéciale du projet 50e anniversaire de Leiji Matsumoto
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