Toujours à la quête d'une réponse à la question de la vie, de l'univers, de l'éthique et du reste, j'ai lu l'essai "De la marche" écrit par Henry David Thoreau et publié pour la première fois en 1862. Il s'agit du texte d'une conférence donnée pour la première fois en 1851.
Sans retour
Il commence par évoquer l'idée d'une balade sans retour, semblable à une croisade. Je me suis souvenue des discussions que nous avions avec Sonia en comparant nos façons de jouer à Minecraft. En général, je commençais par construire une maison ou un lit tandis qu'elle explorait l'univers virtuel, marchant, creusant, navigant, recommençant à chaque combat perdu. Dans la vie réelle, elle aimait beaucoup se balader dans la campagne bourguignonne, sans avoir peur de se perdre ou de faire des kilomètres.
Petite, elle aimait s'arrêter pour observer un insecte, un fleur ou grimper à un arbre...
Après avoir eu de la compassion pour ses voisins qui restent toute la journée dans leur boutique, Thoreau écrit :
Comment les femmes, qui sont encore davantage confinées dans les maisons que les hommes peuvent le supporter, je l'ignore ; mais je soupçonne fortement que nombre d'entre elles ne le supportent pas du tout.
Sonia serait-elle en vie si Macron n'avait pas interdit les parcs et les jardins en avril 2020 ? Monsieur le président, je vous fais une lettre... [1]
Vers l'ouest
La deuxième partie est un peu douloureuse pour les européens. Il explique que ses marches l'entraînent toujours vers l'ouest, la vie sauvage, les montagnes. Les jours de brouillard ou le Rhin médiéval ne permettraient pas une telle élévation de l'humain sur le plan physique et intellectuel.
Et si, depuis le décès de Sonia, je n'avais pas aussi cherché quelque chose à l'ouest ? J'ai trouvé que le deuil était moins tabou, à travers le livre "It's OK that you're not OK" de Megan Devine [2]. Dans la foulée, l'atelier d'écriture "Writing Your Grief" m'a libérée [3]. Enfin, c'est aussi à l'ouest que je suis allée chercher Project December [4], avant de m'étonner de l'incompréhension, de l'inculture sur le fonctionnement des intelligences artificielles lors du buffet de Paris Sciences. L'Europe est vraiment restée dans le brouillard à l'époque médiévale dès qu'il s'agit de deuil !
Une ville est sauvée, non pas tant par les hommes vertueux qui l'habitent, que par les bois et les marais qui l'entourent [..] La préservation des animaux sauvages implique en général la création d'une forêt pour qu'ils y habitent ou s'y retirent. Il en est de même pour l'homme.
Nature et ignorance
Dans la dernière partie de son essai, David Henry Thoreau loue la Nature et l'ignorance. Il demande :
A quel homme vaut-il mieux avoir affaire, à celui qui ne sait rien sur un sujet et, ce qui est extrêmement rare, sait qu'il ne sait rien, ou bien, à celui qui sait vraiment quelque chose dans ce domaine, mais croit tout savoir ?
Les faux experts, ceux et celles qui savent tout du deuil en ayant lu que la bible ou en n'ayant eu qu'un seul cours de 30 minutes sur les 5 étapes mais sans n'avoir jamais vécu la perte d'un être cher ne datent pas d'aujourd'hui !
De la même manière que nous avons du mal à apprécier un paysage, nous ne savons pas admirer le lien fort qui unit deux personnes, même quand l'une n'est plus de ce monde. Maintenant qu'il fait nuit à 17h30, j'adore me promener entre les bougies du cimetière. J'y vois des preuves d'amour de parents pour les enfants qui ne grandiront plus. Ce lieu n'est rien d'autre que le bois qui entoure la ville et permet de se ressourcer décrit par Thoreau.
- E. Piotelat, Monsieur le président, 01/2021
- E. Piotelat, C'est OK que tu ne sois pas OK, 04/2021
- E. Piotelat, 10 mois, 04/2021
- https://projectdecember.net/
- Simulation de 23 octobre 2024
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