10 mois

Après avoir apprécié le livre "It's OK that You're not OK" de Megane Devine [1], je me suis inscrite à son atelier d'écriture "Writing Your Grief" [2]. 

Il a commencé tout doucement lundi dernier (le 19) par la création d'un groupe Facebook privé, et l'ajout progressif des participants, invités à se présenter au fur et à mesure de leur arrivée. J'avais l'impression d'être à Poudlard, dans une école au milieu des ténèbres, pressée de découvrir quels autres êtres fantastiques seraient mes camarades de classe. 


Le travail d'écriture a vraiment débuté le mercredi, par une question liée à "Je ne sais plus qui je suis" : "Qui était la personne que tu as été ?". Le but du jeu est de mettre un minuteur sur 20 minutes, d'écrire sans arrêt (quitte à recopier la question si on manque d'inspiration) et de regarder ce qui sort.  On est libre ensuite de partager notre prose avec les camarades de classe sur facebook, sur un blog, ou de garder ça pour nous. Je suis sortie. J'ai pris un petit carnet, un crayon, et j'ai commencé à écrire. Les 20 minutes sont passées très vite. 

Origami modulaire en attendant l'arrimage de Crew Dragon à la station spatiale

Jeudi, il était question de la manière dont on aimerait expliquer le deuil à d'autres. J'ai parlé de tournesols qui me feront toujours penser à Sonia quoi qu'il arrive, mais aussi à la cicatrice que "ceux qui ont connu Sonia" verront toujours sur mon visage. J'en ai conclu que j'étais un peu le capitaine Albator... ou plutôt Albatar comme aimait bien dire Sonia pour le plaisir de "gâcher mon enfance". 


Vendredi, la question était liée au changement de paysage. Je pensais m'installer au parc nord pour écrire, mais je n'étais pas à l'aise. Il y avait trop de monde, trop d'enfants. J'avais envie de parler des vidéos, des dessins de Sonia qui peuplent mon nouvel univers. J'ai réveillé un vieux blog endormi depuis 20 ans [3]. J'ai joué le jeu avec le timer, en écrivant sans revenir en arrière, sans corriger, sans ajouter d'images, puis une fois les 20 minutes passées, j'ai mis un peu de vernis. 

Samedi, j'ai gardé mon écrit pour moi... La question portait sur la mémoire olfactive. J'ai alors pensé à un indice qui avait jusque là échappé à tous les "et si..." les "pourquoi..." et qui accrédite la thèse d'un accident : le bain moussant dans lequel on a retrouvé Sonia. Pourquoi parfumer la mort de fleur de cerisier ? 


Dimanche, le but du jeu était de personnifier le deuil, de lui donner une voix, de le faire parler. Ça m'a beaucoup amusée. J'ai commencé par lui donner le son du silence... puis des noms d'oiseau sont venus... J'ai pensé aux chants et aux cris d'Esca et d'Esna que je finis par entendre sans écouter. 


Sonia adorait Peter Hollens, et ses parodies avec Whitney Avalon... dont la dernière vidéo sur le complexe d’œdipe m'a beaucoup fait rire..


Jusqu'à présent, l'expérience est plutôt amusante. Je retrouve un peu l'esprit des cadavres exquis que l'on écrivait avec Sonia en laissant les délires s'exprimer sans censure, sans forcément avoir besoin d'être partagés. 

Kirariball de Kusudama [4]

10 mois que Sonia nous a quitté... Lors des présentations de mes "camarades de classe", j'ai été amenée à faire pas mal de calcul mental. Certains ont indiqué les dates de décès en nombre de semaines, de jours, même quand cela remontait à plusieurs années. 

Commentaires

celio a dit…
Salut Zabeth,
J'aime bien la manière de présenter ta démarche dans cet exercice:
un tantinet scientiique (que tu es) avec la description sommaire de la méthodologie appliquée, puis un côté poetique avec les thématiques abordées!

Celio