Travailler encore ?

 Que l'on s'éloigne de plus en plus de l'âge de la retraite avec les réformes successives, ou que l'on entre juste dans la vie active, la question du travail se pose aujourd'hui, comme hier. Les lois de la robotique d'Issac Asimov datent de 1950. L'intelligence artificielle ? Il y a longtemps que la science-fiction en parle. Le chatbot Eliza date de 1966. Si le débat est aujourd'hui sur la place publique, il y a plus d'un demi-siècle que chercheurs et auteurs de science-fiction s'interrogent sur ces questions. 

L'essai "Travailler encore ? Sciences et fictions sur le futur et l'emploi" [1] présente un dialogue entre des courtes nouvelles de science-fiction et des essais écrits par des chercheurs. On est très loin des plateaux télé où journalistes, politiques et syndicalistes s'écharpent sur le droit d'aller à la retraite avant d'aller au cimetière ! Loin aussi de la cohue de l'assemblée nationale, le livre est une occasion de se poser et de réfléchir, tout en se cultivant. Qu'est-ce qu'un cobot? Quelle est cette discipline appelée sciences de gestion ? 

Muriel Pénicaud. Le 29 mars 2018,  Muriel Pénicaud, alors  ministre du Travail a déclaré qu’il était « important que la science-fiction s’empare du thème du travail ». L’auteur de science-fiction français Norbert Merjagnan lui a répondu que la SF ne l'avait pas attendue [2]. Les nouvelles abordent divers aspects du travail : le burn-out, le harcèlement sexuel, les discriminations, etc... 

Je vais tenter de reproduire le dialogue en rédigeant un petit mot sur chacun des textes au fur et à mesure de la lecture... Cela me permettra de n'oublier personne, tout en me servant d'aide mémoire.


Travailler encore ? Sciences et fictions sur le futur et l'emploi

Stéphanie Nicot et Jean-François Stich présentent la manière dont le dialogue entre scientifiques et auteurs a été mis en place dès 2021. Les initiatives ont été soutenues par le pôle SJPEG [3] et le CEREFIGE [4] de l'Université de Lorraine. Ce genre de dialogue permet non seulement de réfléchir au futur comme l'a fait l'armée avec la Red Team [5], mais également de rendre le changement plus acceptable lorsqu'il a lieu au sein des entreprises. 

Amour numérique

Julien Lavaux, juriste chez ASTRA, est convoqué au commissariat. Il a signalé la disparition de sa compagne, Cecilia Blanc, et est ravi d'apprendre qu'elle était chez sa mère, mais découvre qu'il est accusé de harcèlement, tapage nocturne ou dégradation de bien. 

Avec beaucoup d'humour, Floriane Soulas aborde la question des violences sexuelles et sexistes dans le contexte de l'entreprise. Quand un collaborateur envoie un e-mail à une femme pour la féliciter de son dernier rapport, doit-elle répondre "Merci" quitte à donner le feu vert à d'autres conversations ? Et si celles-ci sortent du cadre professionnel ? 

La chute m'a surprise, et je ne vais pas en dire plus....

Un robot comme collègue présent ou futur du travail ? 

Avant de lire ce texte de Thierry Collin et Benoît Grasser, je n'avais jamais entendu parler de "cobotique", pourtant j'y ai appris que ce terme est à la fin des années 1990 de la fusion entre "collaboratif" et "robot". 

Les deux professeurs des universités en sciences des de gestion et management à l'Université de Lorraine partent des lois de la robotique pour détailler ensuite les manières dont l'humain et le robot peuvent collaborer en toute sécurité. Un cobot conçu pour transporter des madeleines peut devenir dangereux si on lui confie des lames de rasoir ! J'ai été particulièrement intéressée par les cobot qui vont apprendre par exemple la soudure grâce au technicien qui va lui apprendre le geste en réalisant les premières soudures avec des capteurs, puis va décider d'automatiser la tâche quand celle-ci va devenir trop répétitive. 

J'ai commencé un modèle d'origami avec 480 modules [6]. Plier les premiers modules est amusant, mais je confierai bien les suivants à un robot.


Je n'ai pas pu m'empêcher de commencer à jouer avec les modules, en réalisant des bougies ou des pots pour fraise Tagada avant d'en avoir 480. 

144 modules pliés

 

Où se niche l'ambition ? 

Cette nouvelle de Sylvie Lainé aborde la question des violences sexuelles, des discriminations mais aussi des manières que les grands groupes peuvent utiliser pour attirer des salariés devant accomplir des tâches rébarbatives comme le démarchage ou l'assistance téléphonique.

Emmy est accueillie au salon de différentité par l'avatar Léa. Elle va en ressortir sous la forme de Robert. Au fil de la nouvelle, elle va découvrir ce qui se cache au sein de la multinationale. 

La chute est excellente. En rédigeant ces quelques ligne, je m'aperçois qu'il y a un indice dans le titre... 

Le salarié, le métavers et le droit du travail

Professeur à la faculté de droit de Nancy, Patrice Adam se pose la question du droit de l'avatar du salarié. Il la balaie assez vite d'un revers de main, en disant que pour l'instant, derrière chaque pixel, il y a au moins un humain, avec ses droits... 

Cependant, le métavers ouvrira des chantiers sur le droit du travail. Qu'en est-il par exemple du collectif quand toutes les réunions ont lieu dans cet espace virtuel ? 

Cadre spationaute

Dans cette nouvelle se déroulant dans une station spatiale, Fabien Hernandez aborde la question du burn-out et du licenciement. J'ai trouvé le texte un peu long, sans grand intérêt pour la réflexion sur l'évolution du travail. 

A suivre...

288 modules pliés


  


  1. Collectif, Travailler encore ? Sciences et fictions sur le futur et l'emploi, Actu SF, ISBN 978-2-37686-585-8, 05/2023
  2. N. Merjagnan,  Madame la ministre, la SF ne vous a pas attendue pour parler du travail, Usbek & Rica, 2018
  3. SJPEG : Sciences Juridiques, Politiques, Economiques et de Gestion
  4. CEREFIGE : Centre Européen de Recherche en Economie Financière et Gestion des Entreprises
  5. E. Piotelat, Ces guerres qui nous attendent, 10/2022
  6.  海進origami, How to make Kusudama with 480 origami paper 


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