Huit saisons

L'été vient de s'achever [1]. Les températures descendent en-dessous de 10°C. On ressort les mouchoirs, les auto-tests et les masques. Suffit-il de quelques feuilles mortes pour que l'on oublie les canicules et autres catastrophes que les humains viennent d'affronter ? 

31°C le 5 août 2022 

Est-ce qu'une saison efface l'autre ? Plus loin de nous, au Pakistan, on a connu des inondations meurtrières, alors que la sécheresse sévissait ici [2]. Cette actualité semble aussi avoir été effacée en quelques semaines. 

40°C 40°C les 18 et 19 juillet 2022, 39°C le 3 août

Quand on passe cinq jours entourée de fusées, de rêveurs, mais aussi d'industriels qui se félicitent des nouveaux partenariats, on oublierait presque l'urgence climatique. Les bulles des réseaux sociaux existeraient-elles aussi dans la vie réelle ? Y'a-t-il deux mondes qui ne se voient pas, qui s'ignorent ? 


Lors de la cérémonie d'ouverture, Borne a lu sans émotion un dialogue qui commençait avec du Green Washing" 40% des données du GIEC viennent des satellites" et s'est terminé avec l'évocation du cauchemar des astronomes, à savoir des constellations comme Starlink, en saupoudrant le tout d'enjeux militaires. 

Le congrès IAC 2022 a reçu un label ISO 20121:2012 - Responsive Event. [3] Le bilan carbone a été calculé en demandant à chaque participant le nombre de kilomètres et les moyens de transports utilisés. Ces petits gestes, l'utilisation d'une gourde, la diminution de la paperasse, etc... semblent dérisoires devant les contrats qui ont sans doute été signées à des fins économiques et non scientifiques. 

La maquette à l'entrée est la même que celle que Sonia et moi avons vu démontée en 2018 lors du congrès de Brême, preuve que l'on est capable de recycler des fusées en Europe. [4]. 

Démontage d'Ariane à Brême en 2018

40% des résumés soumis venaient d'étudiants. Si elle avait été en première année de Master, Sonia aurait-elle participé au congrès comme déléguée ? Aurait-elle proposé quelque chose ? Participé au concours de robots lunaires ? En 2018, elle n'avait assisté qu'à la journée grand-public. Aurait-elle fait de même tout en en profitant pour parler de changement climatique sur quelques stands ? Aurait-elle au contraire critiqué ce congrès, à l'instar des étudiants qui se détournent de l'industrie ? 


En 2018, le premier décollage d'Ariane 6 était prévu pour 2020. Actuellement, il est envisagé pour 2023, mais l'optimisme n'était pas de mise, ni au CNES, ni à ArianeEspace malgré l'annonce de Susie [5]. En se lançant avec retard sur le modèle de SpaceX, l'Europe ne se trompe-t-elle pas de direction ? En permettant à n'importe quelle startup d'envoyer n'importe quoi dans l'espace dans le seul but de faire de l'argent, mettre en avant les quelques satellites utiles pour le climat n'est-il pas un leurre ? 

Dessin de Sonia en 2020 et tournesol séché

Les saisons passent. Ecrire permet de garder une mémoire des catastrophes, tout en levant les yeux au ciel. 

Tournesol sur le balcon le 4 septembre.



  1. E. Piotelat, Un été aux Ulis, 08/2022
  2. E. Piotelat, Enfin la pluie aux Ulis, 08/2022
  3. IAC 2022 Goes Green!
  4. E. Piotelat, IAC2018 : Ariane 6 et ses sondes, 10/2018 
  5. GNF - MEET SUSIE - Sunday 18 September

Commentaires