Contrôleur dans le TER

Je reviens d'un voyage en Bresse. A l'aller, j'ai pris le TER à Dijon, et je suis descendue à Mervans.


Paris-Dijon-Mervans

Nous étions peu nombreux à prendre le TER de la Bresse un 25 décembre à 12h44. A Paris, nous avons dû faire la queue devant un portique où le billet avait été scanné avant d'atteindre le quai du TGV, mais le e-billet acheté une semaine plus tôt sur le site de la SNCF n'a pas été contrôlé.   

Nous aurions pu voyager sans billet ou il y aurait pu avoir un terroriste à bord de ce TER, c'est comme en 2016 lors de la grève des contrôleur, il n'y avait pas de "commercial à bord des trains" [1].



Des gares sans humain ni machine.

Dans les années 90 quand je prenais ce même TER pour aller au lycée Carnot, il est possible d'acheter le billet pour Dijon à bord du train, vu qu'il n'y a ni machine, ni guichet à Devrouze (le point rouge le plus au sud). Au retour, ce n'était pas possible, nous prenions nos billets à Dijon.


Aucun train ne s'arrête plus à Devrouze, ce qui fait que les voyageurs de Saint-Germain-du-Bois, Sens-sur-Seille ou Lessard en Bresse font quelques kilomètres pour arriver à la gare de  Mervans.


Depuis le terrible accident du 4 décembre 1992, un passage souterrain permet d'éviter de traverser les voies [4], mais il n'est pas possible d'acheter un billet à la gare de Mervans, ni de le composter, il n'y a ni humain, ni machine. Si on se réfère à la fiche horaire [5], c'est l'une des rares gares de la ligne à ne pas avoir de distributeur


Tant qu'il y a un agent commercial à bord du train, ce n'est pas un problème. C'est même plutôt sympathique d'aller de suite vers le contrôleur pour demander un billet.

Mervans-Dijon-Paris

Nous sommes rentrées hier soir, et il y avait pas mal de monde dans le TER de 18h22.


Les contrôleurs sont montés après la gare de Seurre. Ils n'avaient pas l'air commerciaux du tout ! Tout d'un coup, j'ai entendu la conversation suivante. 
- Bonjour, je suis monté à Mervans. Je voudrais acheter un billet pour Dijon. 
- C'est pas possible monsieur. Vous nous devez 50€ pour absence de titre de transport. Et si vous refusez, c'est un PV de 100€. Vous n'avez pas vu ce qui est écrit sur la porte en montant dans le train ? 

Le voyageur a essayé d'expliquer qu'il n'y avait pas de quoi acheter ni composter un billet à Mervans, et qu'il a toujours fait comme ça. Les contrôleurs ont accepté de ne le verbaliser que de 20€ pour billet non composté (ce qui de toute façon est matériellement impossible à Mervans, même si le voyageur avait acheté un billet en gare de Louhans ou Dijon). 

J'ai retrouvé l'information sur la page Facebook de l'Association SOS TER de Bresse [2]. Cette nouveauté date du mois d'octobre. Il semblerait qu'il soit possible d'écrire à la SNCF pour signaler les erreurs, mais j'imagine que depuis le temps, elle le sait que l'on ne peut pas acheter de billets à Mervans !

Un quart d'heure plus tard, les agents de la répression des fraudes sont repassés, très fiers d'annoncer au voyageur qu'il avait eu beaucoup de chance puisqu'ils ont mis des PV de 50€ et 100€ à d'autres personnes. 

Le billet électronique

Si encore l'application Oui.SNCF fonctionnait, il serait possible d'acheter son billet avec un Smartphone ou une tablette. Cependant, depuis la dernière mise à jour, il faut avoir un OS récent pour pouvoir l'utiliser... Bref, il faut avoir acheté son appareil Apple après septembre 2016. 


Parmi les fonctionnalités dont on ne peut plus bénéficier, il y a l'affichage des billets achetés et la recherche d'horaires... Je n'ai pu avoir qu'une belle page blanche. C'est dommage ! Il y a un dialogue permettant d'avoir de l'aide, mais bon, c'est pas encore de l'intelligence artificielle ! 


Pour prendre le train en Bresse sans écoper de contravention, il devient donc impératif d'être équipé d'un PC relié à une imprimante, ou d'avoir acheté un mobile récemment ! 

En sacrifiant ainsi les usagers qui ont le plus besoin de train, pas étonnant que SNCF Mobilité se porte très bien. L'entreprise va verser 30% de son résultat net récurrent à l'état, soit 537 millions d'euros en 2019 [3].  

Commentaires

Emmanuelle a dit…
Très bel exemple d'obsolescence liée au logiciel, tiens... et par ailleurs, moyennement réjouissant quand on aimerait bien pouvoir se déplacer de façon un peu moins polluante.