SETI dans 10 ans

Etes-vous l'auteur de cette publication ? Quand j'ai reçu le message de la part de HAL [1], j'ai d'abord cliqué sur NON en pensant à une erreur. C'est Jason Wright qui a écrit le texte, dans le cadre de l'enquête décennale en astronomie et astrophysique ASTRO2020 [2]. Il a demandé à une large communauté de le commenter ce qui a donné lieu à quelques modifications, et surtout de l'approuver, pour qu'il ait plus de poids et montre que la recherche de signatures technologiques était largement soutenue. C'est dans ce contexte que j'ai ajouté mon nom, après avoir vérifié que ce n'était pas réservé aux Américains.

126 endorsers

Un peu plus tard, je me suis demandé comment ce papier s'était retrouvé dans les archives ouvertes  [1]. Il a fallu que quelqu'un du CNRS le dépose, hors ce n'était pas moi mais une personne du laboratoire d'astrophysique de Bordeaux.
J'ai alors vu que tous ceux qui avaient apporter leur approbation à l'article étaient considérés comme des co-auteurs. J'ai donc cliqué sur "Oui" dans le mail précédent. Le fait de faire partie des auteurs me permettait de déposer la source du document afin que chacun puisse le lire et voir sa structure (un auteur, 126 approbateurs).


Sur la page HAL, on trouve un lien vers la ressource bibliographique originale à partir du Bibcode fourni par ADS (The SAO/NASA Astrophysics Data System) [3]. Il est possible que l'import ait été fait de manière plus ou moins automatique à partir de cette base de données.

Parmi les signataires, on retrouve les membres du comité SETI de l'IAA [4] comme Jill Tarter ou Pete Worden, mais aussi quelques célèbres astronomes dont j'ai déjà parlé sur ce blog comme Tabetha Boyajian [5] ou Philippe Zarka [6].

Besoin de professionnels. 

La plupart des gens qui s'intéressent à la recherche de signatures technologiques le font sur leur temps libre. C'est ce que je fais, utilisant les soirées et le week-end pour ce blog, les échanges au sein du comité permanent SETI de l'IAA, les réponses aux journalistes ou la participation à Fantastika [7]. Je prends des jours de congés pour assister à des conférences, que ce soit à Paris ou à Milan.

Or, pour qu'un domaine de recherche se développe, il faut qu'il y ait des chercheurs, des équipes se consacrant pleinement à une thématique. C'est le cas de l'astobiologie. La recherche de signatures technologiques est juste une extension de la recherche de signatures biologiques. On recherche quelque chose de plus complexe qu'une molécule d'eau. Et finalement, est-ce que les astronomes, les biologistes, ne rêvent pas de trouver une autre forme de vie développée. N'est-ce pas aussi le cas du grand public ?

L'article appelle donc à un financement fédéral de cette recherche, comme ce fut déjà le cas lors du programme HRMS de la NASA [8]


Le SETI Institute a été financé par Barney Olliver (HP) et Paul Allen (Microsoft). A l'université de Berkeley, Breakthrough Listen a été financé par Yuri Milner. Ces recherches se faisant en dehors du champs académique, elles ne produisent pas suffisamment de publications scientifiques et ne permettent pas de former convenablement des étudiants, afin par exemple que des thèses puissent être défendues sur la recherche de signatures technologiques.

Jusqu'à présent, SETI compte 5 docteurs aux US et un en Australie (Ian Morrison​ (2017, UNSW, Australia) et 2 seulement ont obtenu des postes en astronomie.
  • Darren Leigh​ (1998, Harvard), ​ 
  • Charles Coldwell​ (2002, Harvard), ​
  • Andrew Howard (2006, Harvard, now astronomy faculty at Caltech),
  • Andrew Siemion​ (2012, UC Berkeley), ​ 
  • Curtis Mead​ (2013, Harvard)
Dans une interview à l'AFP, on peut lire [9] :
Si elle avait une baguette magique, Jill Tarter voudrait "financer une armée de post-doctorants", pour assurer la relève. "Il faut des financements stables à très, très long terme, car c'est une entreprise sans doute multigénérationnelle".

Pourquoi rechercher des technosignatures aujourd'hui ? 

Qu'il s'agisse de la quantité de données sur les exoplanètes disponibles avec Kepler et maintenant TESS [10] ou de la détection d'événements sous forme de multi-messages (visible, radio, ondes gravitationnelles) [11] en passant par l'intelligence artificielle [12], ces progrès récents font que la prochaine décennie connaîtra des avancées significatives.

Credit: Breakthrough Listen / Danielle Futselaar


SETI, c'est aussi des recherches en sciences humaines ou encore sur les émissions LASER, la science des données, l'infrarouge, les transits stellaires, etc, etc...

Or, pour que cette discipline soit reconnue comme l'est actuellement l'exobiologie, il faut des financements pour pouvoir pratiquer, expérimenter, recruter et former doctorants et post-doctorants, créer des ateliers, organiser des conférences, etc, etc...

 L'enquête décennale en astronomie et astrophysique ASTRO2020 [2] qui fixe les orientations peut servir de base à des décideurs. Il est donc important que la recherche de signatures technologiques occupe une bonne place.

  1. Jason Wright, Veronica Allen, Julián D. Alvarado-Gómez, Daniel Angerhausen, Daniel Apai, et al.. Searches for Technosignatures: The State of the Profession. Bulletin of the American Astronomical Society, 2019, 51 (7), pp.id. 39. ⟨hal-02318357
  2. The Decadal Survey on Astronomy and Astrophysics (Astro2020)
  3. Astro2020: Decadal Survey on Astronomy and Astrophysics, APC white papers, no. 39; Bulletin of the American Astronomical Society, Vol. 51, Issue 7, id. 39 (2019)
  4. SETI Permanent Committee members
  5. E. Piotelat, WOW et le Paris de Pascal, 6/2017
  6. E. Piotelat, Quand Juno s'approche de Jupiter, 5/2016
  7. Fantastika - Émission 61
  8. S.J. Garber, Searching for Good Science: The cancellation of NASA's SETI programm,  JBIS, 1999
  9. AFP, La recherche d'extraterrestres "est bien plus crédible qu'auparavant", La libre.be, 10/2019
  10. BREAKTHROUGH LISTEN TO COLLABORATE WITH SCIENTISTS FROM NASA’S TRANSITING EXOPLANET SURVEY SATELLITE (TESS) TEAM TO LOOK FOR SIGNS OF ADVANCED EXTRATERRESTRIAL LIFE
  11. E. Piotelat, Le Multi-Message extraterrestre, 10/2017
  12. E. Piotelat, Machine Learning et sursauts radio rapides 9/2018

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