Vendredi, j'avais l'intention de parler du kit origami "Magic Ocean" publié par Hachette [1], juste pour signaler qu'il ferait un beau cadeau à mettre sous le sapin et partager fièrement mes réalisations à travers de photos.
Mais ça, c'était avant de voir l'épisode 7 de "The Amazing Digital Circus" sorti à minuit samedi sur Youtube et Netflix [2]. Création du studio indépendant australien Glitch Productions et de sa réalisatrice Goosework, la série mélange l'atmosphère censée être festive du cirque et les crises existentielles des personnages humains, coincés dans cette simulation.
Je ne vais pas révéler l'intrigue de cet épisode. D'ailleurs, je ne suis pas certaine d'avoir tout compris ! Suivre un schéma d'origami est bien plus simple que rechercher des fractales dans une séquence qui défile à 60fps. Déjà, avec 24 images par seconde, mon cerveau peut avoir du mal à suivre !
Le monsieur loyal du cirque numérique est une intelligence artificielle, Caine, dont le but est de créer des aventures. Dans cet épisode, on découvre une mystérieuse chambre chinoise. Il ne s'agit pas de la chambre de Sonia avec les 600 caractères du HSK2 que j'ai recopiés cet été [3].
Il s'agit d'une référence à une expérience de pensée sur l'intelligence artificielle et le langage du philosophe John Searle en 1980 [4]. Si on m'enferme dans la chambre de Sonia avec un manuel de chinois suffisamment complet en ne connaissant même pas les 600 caractères du HSK3, une personne sinologue qui me glisserait des questions sous la porte pourrait obtenir des réponses lui donnant l'impression que je maîtrise la langue, alors qu'il n'en est rien. Je n'ai pas cherché à comprendre la question ("Tu manges quoi ?"), j'ai juste appliqué une règle ("Je mange une pomme"), en remplaçant le "Tu" par "Je" et le "quoi" par n'importe quelle chose qui se mange. Searle défend ainsi l'idée d'une IA faible, c'est-à-dire qui ne fait que manipuler des symboles.
Caine a besoin que les humains restent dans le cirque, de la même manière que les I.A. génératives posent des questions pour que l'on continue de les utiliser et de les nourrir de notre prose.La question qui est posée tout au long de cet épisode est "Peut-on quitter le monde virtuel, qu'il s'agisse de jeu ou de réseau social ? Le veut-on, tout en sachant que certaines personnes qui nous sont chères resteront dans les entrailles du cirque numérique ?" Le deuil est aussi présent dans "The Amazing Digital Circus" à travers l'abstraction des personnages dont l'état mental est devenu trop instable.






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