Hier, j'ai découvert Muriel Rukeyser, via ces quatre vers au rythme un peu étrange :
The potflower on the windowsill says to me
In words that are green-edged red leaves:
Flower flower flower flower
Today for the sake of all the dead Burst into flower.
La fleur en pot sur le rebord de la fenêtre, ça me parle...
Les mots sont feuilles rouges à la bordure verte, et pourquoi pas un amaryllis, prêt à éclore ?
Fleur fleur fleur fleur. Le rythme est surprenant. Il évoque la lenteur de l'éclosion. Fleur fleur fleur fleur.
Pour l'amour de tous les morts. Explose en fleurs !
J'ai découvert que ces vers formaient un poème au titre surprenant "The power of suicide" [1]. Muriel Rukeyser les a rédigés pour Sylvia Plath, romancière et poétesse qui a mis fin à ses jours en 1963, à l'âge de 31 ans [2].
Cette explosion florale, c'est un peu la fusion évoquée par Roland Kachler [3]. Après le décès de Sonia, non seulement j'ai semé des graines, mais j'ai aussi pris de la graine, en m'inspirant de ses combats, en récoltant ce qu'elle a semé ici ou là [4], en admirant ses dessins et en me demandant quelle histoire se cachait derrière.
En cherchant à en savoir un peu plus sur Muriel Rukeyser, j'ai découvert d'autres magnifiques poèmes qui me font regretter de ne pas mieux maîtriser la langue anglaise, comme "The Speed of Darkness", la vitesse des ténèbres [5].
Time comes into it.
Say it. Say it.
The universe is made of stories,
not of atoms.
L'univers est composé d'histoires, pas d'atomes. Même si nous ne sommes que poussières d'étoiles, je continuerai à parler de Sonia. Les tournesols, jacinthes, tulipes et amaryllis continueront d'exploser au gré des saisons sur le rebord de ma fenêtre ou sur sa sépulture.
- A. Frisey, The Power of Suicide: Muriel Rukeyser’s Poetic Responses to Sylvia Plath, 2016
- Sylvia Plath / La cloche de détresse, la petite librairie
- E. Piotelat, Meine Trauer wird dich finden, 05/2025
- E. Piotelat, Semons des graines, 06/2021
- M Rukeyser, The Speed of Darkness,








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