K2-18b est une exoplanète recouverte d'eau située à 124 années lumières de nous. Si on y envoyait un petit coucou, là, maintenant, le 6 mai 2025, il arriverait en 2149. Si jamais il y avait des êtres intelligents sur K2-18b, que par le plus grand des hasards, ils écoutent ce qui vient de notre direction et décident de nous répondre, nous aurons leur message en 2273. Autant dire que nous, les êtres humains, plus ou moins incapables d’appréhender le changement climatique sur quelques années, nous ne devrions pas être perturbés par l'existence potentielle d'amis ou d'ennemis sur K2-18b.
Signature biologique ou technologique ?
Si nous recevions un message de K2-18b, ce serait une signature technologique, ou technosignature. Même si ce n'est pas une preuve directe de vie extraterrestre, ça pourrait être une preuve d'intelligence, artificielle ou non.
Une biosignature est une signature biologique, qui pourrait indiquer l'existence d'un écosystème. Le télescope James Webb est équipé de divers instruments pour détecter des molécules dans l'atmosphère d'exoplanètes. Sur Terre, le sulfure de diméthyle (DMS) est principalement produit par le phytoplancton marin, ce qui pourrait le classer dans la catégorie des biosignatures. Or, une équipe d'astronomes anglais et américains viennent de publier un article lié à la découverte de DMS sur K2-18b [1].
L'université de Cambridge a accompagné la sortie de l'article avec un communiqué de presse et une vidéo [2], ce qui fait que les journalistes se sont jetés dessus avec une concours au titre le plus putaclic : "Une possible vie extraterrestre détectée", etc, etc...
Pourtant, dès la publication de l'article, de nombreuses voix se sont élevées pour appeler à la prudence, à l'instar de celle d'Hervé Cottin sur France Culture [3]. La naissance de canetons au parc nord des Ulis semble bien plus intéressante que l'existence potentielle de phytoplancton à 124 années lumières de nous !
L'échelle de Rio
Pour une université, accompagner la publication d'un article scientifique d'un communiqué de presse et de la communication destinée au grand public a un intérêt financier. Obtenir du temps d'observation avec le James Web, payer le matériel informatique dédié à l'analyse des données, recruter des équipes, tout cela coûte cher. Il faut donc attirer des partenaires, ou inciter l'état à financer la recherche, ou du moins à ne pas trop réduire son budget.
Pour ce qui est des signatures technologiques, une échelle a été mise en place afin qu'un signal candidat ne se transforme dans la presse en preuve irréfutable que nous ne sommes pas seuls dans l'univers [4]. Il suffit de remplir un formulaire en ligne [5]. La première version donnait un score qui va de 0 à 10, un peu comme l'échelle de Richter pour les tremblements de Terre.
La version 2.0 est plus bavarde. Si on avait reçu un signal de K2-18b avec les mêmes réserves des scientifiques que pour le DMS, le résultat est le suivant :
Bref, à ce jour, nous n'avons aucune preuve que nous ne sommes pas seuls dans l'univers...
- Nikku Madhusudhan et al, New Constraints on DMS and DMDS in the Atmosphere of K2-18 b from JWST MIRI, 2025 ApJL 983 L40
- Strongest hints yet of biological activity outside the solar system
- Les traces d'une possible vie extraterrestre
- Forgan, D., Wright, J., Tarter, J., Korpela, E., Siemion, A., Almár, I., & Piotelat, E. (n.d.). Rio 2.0: Revising the Rio scale for SETI detections. International Journal of Astrobiology, 1-9. doi:10.1017/S1473550418000162
- Questionnaire Rio 2.0
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