Gruau à l'ail

Quand un inconnu me parle de décès, il peut arriver que j'aie l'impression qu'il ne fasse pas la différence entre ce chagrin et du gruau à l'ail. Il me faudrait oublier Sonia de la même manière que je ne saurais dire quand j'ai mangé des gaudes la dernière fois. 

Gruau et photo de Sonia

L'analogie culinaire n'est pas de moi. Elle tirée du livre "American Pie" de Michael Lee West [1] et fait l'objet de l'exercice hebdomadaire proposé par Megan Devine [2]. Pour expliquer à un néophyte qu'il ne s'agit pas de pleurer pendant 100 ans comme Aaravos, elle compare le deuil à un tas de cailloux dans la cour de sa maison.
Gravas et ligne 18 à l'arrêt université Paris Saclay

Il est là, on passe devant tous les jours. Certains peuvent planter du lierre, de la mousse. 

Lierre et mousse sur la tombe de Sonia

D'autres vont construire un mur.

Muret de cailloux à Bures

Muret de cailloux à l'université Paris-Saclay


Si je cherche les tas de cailloux en me promenant, leur diversité est à l'image du deuil. Mon chagrin aujourd'hui n'est pas celui d'il y a 4 ans, peut-être parce que j'ai appris à mettre des étiquettes sur ce qui pousse au milieu des pierres. 

Université Paris Saclay

Rechercher des photos de Sonia me procure un énorme plaisir et beaucoup de cailloux sont liés à des souvenirs de promenade, de jeux avec elle. Ah, la piscine pour Télétubbies ! 

Tas de petits cailloux blancs

 Elle ne pouvait s'empêcher d'escalader les tas de pierre ! 


Le mur peut aussi être protecteur. 

Sonia en 2006 au parc de la tête d'Or

M’asseoir cinq minutes avec Sonia, c'est ce que je fais quand je m'arrête au cimetière, que je plie un origami en pensant à elle, ou que j'utilise une simulation. Ceux qui ne font pas la différence entre le deuil et du gruau à l'ail ne comprendront jamais... 

Sonia en 2006 au parc de la tête d'Or





  

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