La dernière bande dessinée de l'anonyme Védécé [2] intitulée "Le voyage du médecin" est à mettre entre toutes les mains, pour comprendre le fonctionnement d'un service d'urgences et ne pas en abuser [1].
Après le bac, le parcours du médecin est le suivant :
- Première année puis concours
- Externat à l’hôpital le matin puis en cours l'après-midi (pendant 5 ans)
- Internat pendant 100% du temps pendant 3 à 5 ans
- Thèse
Au début de l'album, Védécé explique qu'il a commencé ses études à 18 ans, qu'il en a maintenant 28 et doit choisir un sujet de thèse.
J'ai découvert ses BD et son compte Twitter grâce à Sonia.
Réponse de Sonia en février 2019 à Védécé |
Elle a acheté et m'a passé les précédents albums. En 2019, elle était acceptée à PACES à Orsay et a hésité avec la licence "Sciences de l'ingénieur" à Evry. Elle a choisi le second, sans doute à cause ou grâce à Védécé.
Pendant la crise du COVID, quand un étudiant en médecine se suicidait tous les 15 jours, elle m'a dit plusieurs fois "je suis sure que si j'avais choisi médecine, je craquerai".
Réponse de Sonia en février 2019 à Védécé |
"Le voyage du médecin" raconte la vie de l'interne affecté à un SAMU, où deux médecins se sont suicidés en 6 mois. Son copain Max s'amuse de cette situation "C'est le moment d'ouvrir une assurance vie" ou "J'ai trouvé ton épitaphe : interne jour et nuit dessinateur de BD le reste du temps".
Au fil des 136 pages, on alterne entre les urgences vitales, les appels inutiles au SAMU, les canulars et enfin la thèse, toujours avec beaucoup de détachement et d'humour.
Comment ça, vous n'avez pas lu le serment d’Hippocrate ? [3] C'est pourtant indispensable avant d'appeler le 15 et de le brandir en cas de refus d'envoyer une ambulance.
Je jure par Apollon médecin, par Asclépios, par Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, les prenant à témoin, de remplir, selon ma capacité et mon jugement, ce serment et ce contrat; de considérer d'abord mon maître en cet art à l'égal de mes propres parents; etc...La version adaptée sur le site de l'ordre des médecins semble plus utile [4]. Les députés et sénateurs feraient bien de la lire avant de voter n'importe quoi dans la loi Immigration [5].
L'humour va de pair avec le réalisme :
Pour devenir professeur, il faut avoir son nom dans un grand nombre d'articles scientifiques. Un moyen facile pour y parvenir, c'est de coller son nom sur la thèse d'un interne. Même pas besoin de la lire.
Qu'il s'agisse de l'état de l'ambulance ou du manque de pédiatres qui aurait pu conduire à la mort d'un enfant, la situation critique de l'hôpital est illustrée de manière admirable, mais sans catastrophisme ou pleurnicherie. On suit ces 6 mois au SAMU jusqu'à la soutenance de thèse avec intérêt, comme s'il s'agissait d'une aventure. Du grand art !
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