Rejoignez la recherche de civilisations extraterrestres !

Le 14 février dernier, les amoureux des sciences participatives se sont précipité sur le nouveau projet de la plateforme Zooniverse : Sommes-nous seuls dans l'univers ?  [1].


Le projet est conduit par le groupe SETI de l'UCLA à Los Angeles, mené par Jean-Luc Margot [2]. Jusqu'à présent, 42000 étoiles ont été observées avec le plus grand radiotélescope orientable du monde, c'est-à-dire l'antenne de 100m de Green Bank en Virginie occidentale aux USA. Cela représente plus de 64 millions de signaux. 

Premier objectif : classer les interférences.

Pour chaque heure d'observation, 5 millions de signaux à bande étroite sont détectés. 99.8% sont automatiquement classés comme étant de nature anthropocentriques et classés comme interférence radio. Il en reste 10000 par heure à examiner. C'est ce que doivent faire les citoyens. 

Il faut tout d'abord répondre à une question :  est-ce que le signal est plutôt horizontal, vertical, ou un mélange des deux ? 


Il faut ensuite dire si l'écart entre les lignes est régulier ou non. 


Quelques exemples sont ensuite affichés (par exemple de signaux verticaux avec un écart régulier) et il faut soit choisir celui qui correspond, soit mettre dans la case "Other" si le signal nécessite ne ressemble à aucune interférence connue. 



Chaque signal est analysé par plusieurs utilisateurs, donc ce n'est pas très grave si on se trompe. En cas de doute (ou de "Wahou !"), on peut ajouter une note et l'équipe UCLA SETI répond très rapidement avec encouragements et bienveillance. 

Second objectif : set d'entrainement pour une IA. 

L'intelligence artificielle est de plus en plus utilisée pour rechercher des signatures technologiques. Mais avant cela, il faut que la machine apprenne ce qu'est une interférence. Imaginons que l'on recherche des grues porteuses de message dans tout le tas. 

On peut prendre chaque grue et vérifier, mais on peut aller plus vite, par exemple en éliminant les grues blanches. Pas besoin d'IA pour cela, un programme "classique peut le faire". Certaines ont été pliées à partir des cahiers de lycéenne de Sonia. L’œil humain peut remarquer assez rapidement que l'écriture est similaire à une interférence, mais ne représente pas un message... 


La machine doit donc apprendre, que tel signal est une interférence alors que tel autre intéresse les humains à partir de signaux déjà classés... Ceux de Zooniverse pourront donc servir à entraîner des IA, pour qu'elles soient plus efficaces sur les prochaines données reçues à Green Bank. 


 

Pourquoi participer ? 

Contrairement au blob [3], qui s'apparentait plus à de la communication qu'à une réelle collaboration entre sciences et citoyens, la mise en place est sérieuse et efficace, en particulier grâce à la puissance de la plateforme Zooniverse. Il est possible d'avoir toutes les métadonnées d'un signal, qu'il ait été classé par nous, ou par d'autres. C'est réellement de la science ouverte.  

Il y a une dizaine de minutes d'apprentissage, où l'on prend un peu de temps avant de se décider, puis le cerveau est capable très vite de décider dans quelle case mettre le signal. Contrairement au blob où il y avait de la vaisselle à faire chaque soir, c'est très cool (et on peut regarder un film en même temps) [4]. 

Une des critiques de SETI@HOME (ou plus largement des projets BOINC) était que l'utilisateur ne faisait que prêter la puissance de calcul de son ordinateur, sans vraiment prendre de décisions. Ici, ce n'est pas le cas, non seulement, il y a des choix à faire, mais en plus, il est possible d'en discuter, de collectionner les signaux intéressants, et pourquoi pas, de trouver LE signal qui ne sera pas une interférence ! 


  1. Are we alone in the Universe ?
  2. UCLA SETI
  3. E. Piotelat, Derrière le blob, la communication, 04/2022
  4. E. Piotelat, Poecilia-reticulata est plus létal qu'une vague de chaleur pour physarum polycephalum, 05/2022
  5. Ma collection "Wow" 


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