Arbres en péril

Alors que la COP 26 désespère les citoyens engagés, je me suis demandé ce que concrètement, je pouvais faire... Comme pas mal de gens, je sais reconnaître un chêne, un marronnier, un saule. Je peux hurler, protester, vociférer quand on coupe un arbre. Mais après ? Est-ce que je suis capable de parler pendant dix minutes d'arbres et de biodiversité ? Est-ce que quand je vois un tronc d'arbre coupé, je suis capable de savoir si c'est pour l'entretien d'une forêt, si l'arbre était malade, s'il risquait de tomber sur un humain, ou si c'est juste de l'exploitation économique ? 

C'est au détour d'une discussion sur le saule du parc nord, que j'ai échangé avec David Happe sur Twitter [1]. J'ai alors découvert qu'il était l'auteur d'un ouvrage "Arbres en péril, Nos villes leur dernier sanctuaire" [2].  



Connaître pour agir

La première des choses qui m'a frappée quand j'ai lu les premières pages, c'est que je manquais de vocabulaire. Qu'est-ce qu'un organisme corticole ? C'est quelque chose qui vit dans l'écorce. Quand on abat un arbre, l'impact ne se limite pas à une seule espèce (l'arbre abattu) mais à tout un écosystème. 



A la fin du livre, un glossaire évite d'avoir à rechercher sur Wikipédia les mots que l'on n'entendra jamais sur une chaîne info. Quand on termine le dernier chapitre, "connaître pour agir, agir pour sauver", on se sent moins bête. 
 
Sans devenir expert en dendrologie, si les dirigeants comme les citoyens du monde entier connaissaient la différence entre une espèce endémique dans un milieu donné et une espèce introduite dans un parc par un botaniste il y a quelques siècles, peut-être que les humains pourraient se mettre d'accord sur les moyens de sauvegarder leur planète.
 
Parc des carrières Bacquin, Dijon

 

Voyage sur les 5 continents

Le livre comporte de nombreuses références, en particulier sur les sites référençant les espèces menacées [3], mais aussi sur des articles de presse. 

Il est abondamment illustré, ce qui rend le voyage très agréable pour la néophyte que je suis, même si on peut regretter que les photos soient en noir et blanc. 



Même si c'est très réducteur, on pourrait résumer chaque description d'espèce menacée par "c'est cool, il y en a en France dans tel parc, mais dans son milieu naturel, l'arbre disparaît". Pourquoi est-ce grave alors ? Tout dépend du contexte, mais les conséquences peuvent être importantes y compris pour les humains lorsque telle forêt permettait au tourisme ou à l'économie de se développer. 

On a tendance à focaliser notre regarder sur le Brésil et la forêt amazonienne, mais en France aussi des espèces comme le frêne ou le marronnier sont menacées par des insectes. 

Agir pour sauver

Cet été, le méga feu Dixie Fire, a menacé les antennes du SETI Institute [5]. Afin d'éviter des dommages sur les instruments, les buissons ont été coupés et trois arbres élagués par une douzaine de bûcherons. 

Sur l'université Paris-Saclay, 3 novembre 2021


Des arboretums, comme celui de l'université Paris Saclay [4] permettent de préserver certaines espèces. On peut y trouver des géants comme le séquoia. Mais cela n'empêche pas que ce colosse, Sequoiadendron giganteum, soit en danger depuis 2011, à cause des  incendies qui ravagent la Californie et le manque d'eau. 

David Happe raconte que les amérindiens brûlaient la strate herbacée autour de ces arbres. Comme l'écore est spongieuse, le séquoia n'était pas touché. En 1850, pour favoriser le développement et la densité de la forêt, cette pratique a été interdite par les euro-américains. Elle aurait sans doute pu réduire la propagation du Dixie Fire....

A l'heure où chacun admire les couleurs automnales, le livre "Arbres en péril, Nos villes leur dernier sanctuaire" [2] de David Happe, permet de prendre conscience de la richesse et de la fragilité de ce patrimoine. Jane Goodal est très optimiste en disant que chacun de nous fait des choix à chaque instant, qui détruisent ou préservent la planète. Elle a confiance en l'espèce humaine. Se documenter sur les arbres en lisant un livre comme celui-là me semble un bon choix...  Il  ne changera pas le bilan de la COP 26, mais permet de regarder la planète autrement, par exemple de s'émouvoir parce qu'un énorme saule a été coupé à quelques centaines de mètres de arboretum de l'université Paris Saclay [4].

Sur l'université Paris-Saclay, 3 novembre 2021





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