Ecoutons les oiseaux

Vendredi dernier, je suis retournée à la médiathèque des Ulis pour la première fois depuis le 15 mars. J'ai emprunté un petit livre "Ce que les oiseaux ont à nous dire" de Grégoire Loïs. 

Pigeon biset sur le balcon 20/06/2020

Je ne sais pas reconnaître les cris et les chants des oiseaux, à part celui de la pie, du biset, de la corneille, de la perruche... bref, celui des visiteurs du balcon ou du parc urbain en bas de chez moi. Pendant le confinement, les gazouillis matutinaux étaient un régal. Aujourd'hui, même s'il y a des bruits de moteurs et de joueurs de foot, la nature est toujours là. Pourtant en 15 ans, la population des oiseaux de nos campagnes s'est réduite de 1/3. Et si un jour, le printemps devenait silencieux ? 

Corneille au parc nord des Ulis. 20/06/2020

Oiseaux de villes

Pendant le confinement, j'ai été jalouse, je l'avoue... Jean Maurice Sattonay a obtenu le droit de visiter le Parc Nord des Ulis pour surveiller la population d'oiseaux. D'un autre côté, j'étais ravie de pouvoir profiter de ses photos et de son expertise sur son blog [2]. J'ai pu suivre la disparition de la cane blanche ou la naissance de bébés. 

Canetons au Parc Nord 20/06/2020 

Chaque chapitre du livre de Grégoire Loïs se focalise sur un oiseau particulier à partir duquel il raconte des anecdotes. Par exemple, dans le chapitre 15, il s'intéresse à la Grande Aigrette, que son fils observe régulièrement en Ile de France, alors qu'elle n'a été observée que 3 fois dans les années 70 et dont les ornithologues craignaient la disparition dans les années 80. Le tableau qu'il dresse n'est pas que négatif... 

Pie au bas de l'immeuble 20/06/2020

Au chapitre suivant, il parle aussi de sa fille qui accompagne des adolescents en difficulté. Certains déversent leur agressivité sur les oiseaux du jardin des Plantes, tandis que pour d'autres, cette rencontre avec l'animal est bénéfique. 

Il m'arrive d'être impressionnée par les efforts que déploient mes voisins pour ne pas avoir de pigeons sur leur balcon. Je me demande même si un pangolin chinois n'y serait pas pour quelque chose, vu qu'il y a toujours eu une colonie de bisets dans les tours des Avelines. Cette année, le confinement m'a poussée à planter les graines que j'avais sous la main : tournesol, cosmos, tomates, œillet d'inde, courgette... J'ai mis quelques bouts de bois pour qu'ils ne fassent pas de nid dans les jardinières, mais la présence de bisets n'a pas empêché fleurs et légumes de pousser. Elle a sans doute apporté un peu d'engrais. 

 
 
Au lieu de vouloir s'approprier le vivant, mieux vaut collaborer. 

Oiseaux des champs

Pourquoi y a-t-il moins d'oiseaux en France ? Est-ce qu'ils meurent ? Est-ce qu'avec le réchauffement climatique, ils vont voir ailleurs ? Le livre débute sur le suivi des migrations. Je pensais que les oiseaux avaient une espèce de balise Argos, ou de GPS pour les suivre à la trace. En fait, c'est bien plus simple. Il suffit d'un capteur de rayonnement solaire pesant environ 1g. Par exemple, si le géolocalisateur note que le Soleil s'est levé à 03h48 GMT et s'est couché à 19h58 GMT le 21 juin 2020,   on sait que l'on n'est ni à l'équateur (ce serait 6h et 18h tous les jours), ni au pôle nord (le soleil ne se couche pas). On a la latitude (48.6792779°). La longitude est donnée par l'heure médiane entre les deux.  (03h48+19h58) /2 = 11h53. On est aux Ulis. 
trèfle et abeille rue des Bergères aux Ulis

Pour comprendre ce qui se passe, Grégoire Loïs se penche sur l'hirondelle rustique en citant les travaux de Brigitte Poulain sur le Bti, produit biologique qui élimine les moustiques [3]. Elle a démontré en 2010 qu'en réduisant le nombre d'insectes, de libellules et autres proies des oiseaux dans la Vallée du Rhône, le Bti était responsable d'une moindre reproduction des hirondelles rustiques. Elles ne meurent pas, elles ne vont pas ailleurs, elles ont juste moins de descendance. 

Mouche sur pâquerette au parc nord.


Grégoire Loïs parle aussi des mouches, qui autrefois envahissaient les fermes. Le problème est que les autocollants sous forme de fleur bourrée d'imidaclopride tuent également les abeilles. 

Faut-il encourager une autre agriculture ?

Grégoire Loïs se défend de faire de "l'agriculture bashing" puisqu'il rapporte uniquement des faits. Comme il l'a dit à Soir 3, si chacun de nous consomme bio, cela encouragera le développement de petites parcelles, avec des haies, des productions plus variées, et moins de pesticides. [4]  

Et pourquoi ne pas encourager financièrement l'agriculteur qui favorise la biodiversité en laissant son pré en jachère ou en n'utilisant pas de biocides ?

Insecte sur chardon près de la Rue du Berry


Ce que les oiseaux ont à nous dire.

Les Sternes arctiques (p23), l'avocette élégante (p28), le grand tétras (p38), la mésange bleue (p49), le corbeau freux (p60), le merle noir (p81), l'hirondelle rustique (p96), la pie grièche (p110), le macareux moine (p122), le plongeon arctique (p144), le bruant rustique (p146), la grande aigrette (p156), la chouette effraie (p172) ou encore le vautour fauve (p199) nous rappellent que nous vivons dans un écosystème fragile que nous ne pouvons pas contrôler. Nul besoin de reconnaître leurs chants et leurs cris pour entendre leurs messages. Ils suffit de s'inquiéter de leur silence. Comme l'a symbolisé Lucce sur sa fresque, dans nos têtes, nous devons avoir ce cri d'alerte des oiseaux [5]. 

L'espace des possibles par Lucce, Rue de la Brie


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