Sans adjectif

Après avoir écouté Elisabeth Badinter hier [*], je vais essayer de rédiger un billet sans adjectif.


Elle a rendu hommage aux "Charlie". Son intervention a ensuite porté sur deux choses : la laïcité et le féminisme. Sans adjectif, la laïcité, c'est la loi de 1905. Le féminisme, c'est le combat pour l'égalité des sexes.

 A-t-on vraiment besoin d'adjectifs pour préciser une pensée, pour donner de la couleur à un texte ? Un adjectif, c'est ouvrir la porte au "oui... mais...", c'est imaginer qu'il pourrait y avoir des teintes dans la laïcité, ou des degrés dans le féminisme.

Elisabeth Badinter a démontré comment une partie de la gauche, en abandonnant le combat pour la laïcité, l'a laissé au Front National. Il a été ensuite facile d'accuser Charlie de faire le jeu des fachos et de pousser ses défenseurs à se taire en leur balançant quelques adjectifs.

Elle termine son discours par ces trois phrases. Combien y a-t-il d'adjectif ?
A la question peut-on encore être Charlie, je réponds oui sans restriction, mais surtout je réponds : On doit être Charlie. Etre Charlie est un combat et nous sommes au milieu du gué. Si nous n'avons pas encore gagné la bataille des idées, nous ne l'avons pas perdue non plus. Tout dépend de notre force de conviction, la seule arme
honorable dans une démocratie.


Ce discours m'a donné de l'énergie. Etre Charlie, c'est écrire, c'est se souvenir que les mots sont une arme que les adversaires de la liberté d'expression savent aussi manier.

* On peut réécouter les débats ici. L'intervention d'Elisabeth Badinter débute à 2h10.

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