Il existe un trouble psychiatrique, qui a pour nom "rationalisme morbide". Il vient d'une époque où l'on ne connaissait ni Big Bang Theory, ni X Files. D'après ce que j'ai compris (je ne suis pas psychiatre), la personne est rationnelle comme Descartes, donc tout va bien.
Dessin Sonia Piotelat. 2020 |
Mais au lieu de baser son raisonnement sur des faits démontrés et de l'appliquer à des mathématiques ou à un phénomène scientifique, elle l'applique à sa propre vie, comme par exemple lorsque Sheldon Cooper utilise un algorithme pour l'amitié. L'aspect morbide vient de là.
Thomas Le Bihan en parle merveilleusement bien dans un texte retraçant l'histoire de la psychiatrie.
Pour Henry Bergson, dans les années 20, un être humain se décompose entre l'intelligence (le langage, inerte) et l'instinct (les pulsions, vivantes). Eugène Minkowsky reprend cette idée-là pour l'appliquer à la schizophrénie, qu'il caractérise comme "une perte du contact vital avec la réalité".
Il a un patient, qui a été prisonnier en Allemagne, pendant la Grande Guerre, et qui décide d'appliquer chaque semaine un principe moral. Par exemple, pendant une semaine, il applique le silence en ne parlant à personne, puis la semaine suivante, c'est la justice, etc, etc...
Ce monsieur devient instituteur, et il applique des principes à ses élèves. Il commence par l'indulgence absolue (comme Belkacem et collège 2016). Si ça ne marche pas, il applique une discipline militaire (comme Fillon qui préconise le port de l'uniforme à l'école), puis à l'instar de Barbarin, si la méthode militaire ne porte pas ses fruits, il applique "le principe libéral de la douceur".
Le patient occupe son temps libre avec de la philosophie et de la science. Ne tenant pas compte des savoirs de son époque, il parle de « l’action des acides sur les terminaisons nerveuses », trouvaille dont se moque Minkowsky, alors que l'on sait aujourd'hui que ce n'est pas si éloigné de la réalité. Thomas Le Bihan explique la notion de "morbide" par une hypertrophie de l'intelligence sur l'instinct.
C'est vrai qu'une société fonctionnant principalement sur l'instinct est préférable. Elle peut élire Hitler en 1933 ou plébisciter le "Make America Great Again" de Trump en 2016, sans écouter ni lire ses discours.
Heureusement, la recherche médicale a fait quelques progrès depuis les années 20 et l'on ne découpe plus l'homme en deux comme le faisait Bergson. A l'aide d'IRM, on observe des zones du cerveau liées aux émotions, à l'action, à la cognition ou à la perception.
Il n'en demeure pas moins, que l'intelligence semble être une chose de plus en plus rare sur cette planète, au point qu'un projet "Search for Terrestrial Intelligence" ait été lancé par Olivier Aubert.
L'article sur ce programme STI, complémentaire à SETI est à lire ici : https://medium.com/@olivierauber/search-for-terrestrial-intelligence-94c4d5ff0bf0
Il est complet et passionnant. Je reparlerai surement de bêtise systémique !
Thomas Le Bihan en parle merveilleusement bien dans un texte retraçant l'histoire de la psychiatrie.
Pour Henry Bergson, dans les années 20, un être humain se décompose entre l'intelligence (le langage, inerte) et l'instinct (les pulsions, vivantes). Eugène Minkowsky reprend cette idée-là pour l'appliquer à la schizophrénie, qu'il caractérise comme "une perte du contact vital avec la réalité".
Il a un patient, qui a été prisonnier en Allemagne, pendant la Grande Guerre, et qui décide d'appliquer chaque semaine un principe moral. Par exemple, pendant une semaine, il applique le silence en ne parlant à personne, puis la semaine suivante, c'est la justice, etc, etc...
Ce monsieur devient instituteur, et il applique des principes à ses élèves. Il commence par l'indulgence absolue (comme Belkacem et collège 2016). Si ça ne marche pas, il applique une discipline militaire (comme Fillon qui préconise le port de l'uniforme à l'école), puis à l'instar de Barbarin, si la méthode militaire ne porte pas ses fruits, il applique "le principe libéral de la douceur".
Le patient occupe son temps libre avec de la philosophie et de la science. Ne tenant pas compte des savoirs de son époque, il parle de « l’action des acides sur les terminaisons nerveuses », trouvaille dont se moque Minkowsky, alors que l'on sait aujourd'hui que ce n'est pas si éloigné de la réalité. Thomas Le Bihan explique la notion de "morbide" par une hypertrophie de l'intelligence sur l'instinct.
C'est vrai qu'une société fonctionnant principalement sur l'instinct est préférable. Elle peut élire Hitler en 1933 ou plébisciter le "Make America Great Again" de Trump en 2016, sans écouter ni lire ses discours.
Heureusement, la recherche médicale a fait quelques progrès depuis les années 20 et l'on ne découpe plus l'homme en deux comme le faisait Bergson. A l'aide d'IRM, on observe des zones du cerveau liées aux émotions, à l'action, à la cognition ou à la perception.
Il n'en demeure pas moins, que l'intelligence semble être une chose de plus en plus rare sur cette planète, au point qu'un projet "Search for Terrestrial Intelligence" ait été lancé par Olivier Aubert.
L'article sur ce programme STI, complémentaire à SETI est à lire ici : https://medium.com/@olivierauber/search-for-terrestrial-intelligence-94c4d5ff0bf0
Il est complet et passionnant. Je reparlerai surement de bêtise systémique !
Commentaires
STI@home : http://poietic-generator.net/?p=822
Sinon c'est juste de la phrénologie post moderne...
Pour illustrer ce propos, je vous conseil la lecture de cet article scientifique : http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.366.2250&rep=rep1&type=pdf plein d'enseignements. Avec un saumon dont je ne doute pas qu'il soit HP laminaire....