Salut Charlie,
Je ne te connais pas. Tu ne t'appelles sans doute pas Charlie. La seule chose dont je suis certaine c'est que tu as peur. Pourquoi je sais ça ? Ta maman me l'a dit. Mon petit doigt aussi. Cette peur, c'est la tienne. Je ne vais pas te dire "même pas peur". Je ne vais pas te dire "Oui, mais tu as...". Je ne te connais pas, mais je connais assez les Ulis pour te dire que tu n'as rien à te reprocher.
Laisse ta peur s'exprimer !
Quand j'ai vu ce qui était écrit sur le site web de ton collège, j'ai eu peur ! Pourquoi ? Un site web de collège, ce n'est pas un blog. En général, c'est "tout va très bien madame la marquise". Pour que le collège écrive "Deux élèves de La Guyonnerie ont subi des coups et des bousculades", c'est que les coups devaient être plutôt forts.
J'ai ensuite lu l'article sur Le Parisien : "L’un d’eux a été interpellé. Agé de 12 ans et résidant aux Ulis, il a été remis à son père"
Oui, tu as le droit d'écrire, de crier que les Ulis, ça te fait peur ! Les Ulis, c'est un peu comme ce cocktail d'olives. Il y en a de toutes les couleurs, de tous les goûts. Tu as le droit de ne pas aimer l'olive noire et d'avoir peur de croquer dans le piment.
Peut-être que l'olive verte est délicieuse, mais tu ne le sauras pas avant d'avoir croquer dedans. Pas maintenant, après ce qui t'es arrivé, mais plus tard, tu verras que toutes les personnes des Ulis ne sont pas des indigènes ou des barbares ne sachant utiliser que la force.Le côté obscur de la force.
Quand un bébé pleure, c'est parce qu'il n'a pas de mots pour s'exprimer. Quand un enfant frappe, c'est parce qu'il ne sait pas exprimer autrement ses émotions. Pourquoi ? Parce qu'il ne connait pas les mots, parce qu'il est dans un collège où la République accepte que l'on n'étudie pas Voltaire.
Tu veux des preuves que les cours de Français ne sont pas les mêmes à Mondétour qu'à Bures ?Regarde les commentaires de l'article du Parisien. Les élèves font tous des fautes d'orthographe (moi aussi). En revanche, l'expression de "91940" est loin d'être claire. On sent que celui ou celle qui a écrit cela a de gros problèmes pour dire les choses, que c'est plus simple pour lui/elle d'utiliser la force que la plume pour te répondre.
Je pensais que l'on étudiait la même chose dans tous les collèges de France. C'est la ministre elle-même qui m'a prouvé le contraire à la télévision. Une prof d'histoire géo dit qu'elle fait de la "pédagogie" en n'enseignant pas Voltaire. Alors que dans ton collège, les profs se battent pour que vous puissiez apprendre de l'allemand, du latin, ou du grec, ce matin, deux collégiens des Ulis m'ont demandé de signer une pétition comme que l'option "Sport" ne soit pas supprimée.
Provocation, insultes ?
Dans ces quatre lignes de commentaire, c'est surprenant de retrouver tout ce que l'on a reproché en janvier 2015 à Charlie Hebdo. Le journal a provoqué les attentats en insultant le prophète. Finalement, on te reproche la même chose, dans le but de justifier des actes terroristes ; c'est-à-dire qui visent à créer la peur.
Or les attentats du 13 novembre ont montré qu'il n'en était rien. Les victimes de la Belle Equipe, du Bataclan, n'ont provoqué ni insulté personne !
Même si tu as dit du mal des Ulis, tu n'es pas le premier, ni le dernier. Par exemple, en 2015, on a pu lire "Les Ulis, ça craint" dans le journal La Croix. Tu crois que le journaliste a été tabassé ? Il est revenu tous les lundis pendant 3 mois pour interroger les habitants et écrire de nouveaux articles.
Même si tu as dit du mal des Ulis, tu n'es pas le premier, ni le dernier. Par exemple, en 2015, on a pu lire "Les Ulis, ça craint" dans le journal La Croix. Tu crois que le journaliste a été tabassé ? Il est revenu tous les lundis pendant 3 mois pour interroger les habitants et écrire de nouveaux articles.
Non, tu n'es pas coupable !
Cette technique qui consiste à transformer la victime en coupable, on la maîtrise à merveille aux Ulis. Par exemple, quand un enfant se fait agresser au collège Aimé Césaire, le proviseur dit aux parents que c'est de la faute de l'élève. Il n'avait qu'à regarder ses chaussures au lieu de regarder des plus grands dans les yeux. Les profs, eux disputent l'élève victime en disant "Tu aurais pu en parler au principal !" comme on le voit dans le reportage "Allo Marianne bobo".
Tu penses ce que tu veux des Ulis !
Je ne suis pas plus psychologue que l'infirmière de ton collège, ou ton meilleur pote, mais je sais qu'il y a des phases par lesquelles tout le monde passe suite à une agression. Par exemple, une femme agressée par un homme, va avoir peur de tous les hommes et les détester pendant un sacré bout de temps. C'est une réaction normale. Ce n'est pas de la méchanceté ou du racisme anti-homme de sa part.
Libre à toi de penser que les Ulis est une ville remplie de plantes carnivores ! Tu as raison, il y en a !
Libre à toi de me traiter de cactus parce que j'habite aux Ulis. Je trouverai ça étrange, mais je ne considérerai pas cela comme une insulte ou une provocation.
Non, tu n'es pas raciste !
La pire chose que tu pourrais faire, c'est pardonner à tes agresseurs en disant "c'est leur culture".
En faisant ça, tu les rabaisses à une espèce animale qui n'aurait pas à respecter les lois de la République. Ça ce serait du racisme, c'est-à-dire que tu pour toi, ils ne seraient plus humains.
La loi considère plusieurs sortes d'êtres humains : les mineurs et les autres... Tes agresseurs sont mineurs, leurs parents sont responsables civilement et devront t'indemniser. Le fait d'être "remis à son père" comme le dit le Parisien est une sanction. La loi peut aussi lui interdire d'aller aux abords du collège de la Guyonnerie pendant un an.
Dans un collège, la loi, c'est l'équipe éducative. D'après certains commentaires, elle t'a protégé. Il n'y a pas de raison qu'elle ne le fasse plus ! Je ne suis pas certaine que la prolongation de l'état d'urgence soit une bonne idée, mais si ça peut te permettre de te sentir en sécurité dans ton collège, je ne dirais rien contre la présence des militaires un peu partout.
Charlie, je ne te connais pas, mais je suis certaine que tu es quelqu'un de bien. Courage !
Commentaires
Mais dans mon idée, culture antique, sans aucun doute.
Et dans 10 ans, on pourra leur enseigner le coup de surin, ça sera sans doute soft par rapports aux tasers (connais pas les parades d'aïkido pour le taser, tiens)