Si j'en crois le site Eduscol, les responsables du livret laïcité sont :
D'après Wikipédia, Abdennour Bidar est un spécialiste de l'Islam qui ne pense pas comme Nietzsche que "Dieu est mort". On l'aurait presque deviné en lisant le livret laïcité ! Benoît Falaize est agrégé d'histoire.
Pourquoi aucune femme, aucun scientifique parmi les chargés de mission ou d'études Laïcité ? Ce ne serait pas grave si ce livret ne parlait pas de science, mais il met les pieds dans le plat (cf le billet "Salut Darwin")...
A mes yeux, il n'est pas possible que M. Bidar ne connaisse pas les ouvrages de Boualem Sansal, ou du moins le fait qu'en Abikistan "Yölah est grand. Abi est son délégué" est considéré comme un savoir, et non comme une croyance ou une opinion.
Comment un chef d'établissement peut-il respecter ceci (p16 du livret) ?
Dans le dialogue avec les élèves et leurs parents, il revient aux chefs d’établissement et directeurs d’école de montrer [..] aux élèves la distinction entre savoir, opinion ou croyance.
Si je vais voir un chef d'établissement et lui parle du Flying Spaghetti Monster en lui disant que je SAIS qu'il existe, puisque j'ai pris cette photo, pourquoi et comment perdrait-il du temps à me montrer qu'il s'agit d'une croyance ? N'a-t-il rien de plus important à faire ?
Ensuite, je lis (p17):
"Il faut pouvoir montrer que les grands textes religieux, les œuvres d’art constituent un bien commun universel et ne sont pas la propriété exclusive des croyants."
En tant que Pastafariste, je vais donc demander que l'on étudie l'oeuvre ci-dessous, bien commun universel. Pourquoi Son appendice nouillesque est-il absent des manuels scolaires ?
Il faut pouvoir opérer une lecture critique des textes et des œuvres : tout texte, toute œuvre peut être
soumis(e) à l’examen et au débat.
Les œuvres étudiées sur les pirates ne les présentent pas comme des êtres divins. Les théologiens chrétiens en font des voleurs. Je remercie donc le livret laïcité de soumettre enfin ces textes à l'examen et au débat.
Il faut pouvoir éviter la confrontation ou la comparaison du discours religieux et du savoir scientifique.
Les pastafaristes qui mangent des pâtes tous les vendredi, savent que l'eau bout à 100°C. Il n'est pas question de confronter ou de comparer. Notre religion a besoin du savoir scientifique pour respecter les instructions telles que "plonger les spaghetti dans deux litres d'eau bouillante salée".
Dans les disciplines scientifiques (SVT, physique-chimie, etc.) il est essentiel de refuser d’établir une supériorité de l’un sur l’autre comme de les mettre à égalité.
Les récentes avancées technologiques permettent de cuire les pâtes dans une eau à 80°C. Le savoir scientifique (SVT) indiquerait même que l'IG (indice glucidique) est plus faible, donc que la santé des pratiquants s'en trouve améliorée. Heureusement que le savoir scientifique permet d'adapter les croyances religieuses, et donc qu'il y est bien supérieur !
Il convient de rappeler que toute objection des élèves n’est pas une contestation de l’autorité du professeur ou d’un enseignement. Les élèves sont en cours de construction ; dans ce cadre, ils expriment souvent leur point de vue sous la forme du préjugé ou de la croyance.
On pourrait traduire cette phrase par "les élèves sont des bisounours idiots", ce qui me révolte en tant que parent ! Si un élève explique à un professeur qu'il y a un lien entre la température moyenne sur Terre et le nombre de pirates, courbe à l'appui, ce n'est pas du tout par provocation ou goût du débat.
Un peu plus loin, ces quelques lignes sont rassurantes. On prend aussi les enseignants pour des petits agneaux qu'il faut guider vers la lumière en leur disant d'instaurer un dialogue avec l'élève.
Sans se risquer à la comparaison des discours scientifiques et religieux, il est tout à fait possible de déconstruire l’argument d’un élève comme on le ferait de n’importe quelle objection. Enseigner, c’est aussi savoir instaurer un dialogue avec ses élèves à l’intérieur de la classe.
Dans l'exemple précédent, il suffit d'expliquer que "la corrélation n'implique pas la causalité". Un intéressant dialogue pourra s'engager à l'intérieur de la classe :
- C'est quoi la corrélation ?
- J'ai pas compris ce qu'était la causalité !
- Wesh, pourquoi y'a plus de pirates ?
- Pourquoi les scientifiques disent qu'il y a un réchauffement climatique, mais pas le mec qui faisait la météo sur France2 ?
S'il fallait une dernière preuve que ce livret a été écrit par et pour des religieux, c'est qu'il rappelle toutes les personnes adeptes du "Flying Spaghetti Monster" ont le droit de ne pas aller en cours le 19 septembre, "international talk like a pirate day", puisque la circulaire du 18 mai 2004 précise que des autorisations d'absences doivent pouvoir leur être accordées pour les grandes fêtes religieuses qui ne coïncident pas avec un jour de congé.
Il faut aussi que cette absence soit compatible avec le fonctionnement normal du service. Pour l'instant, les pastafaristes ne sont pas très nombreux, mais si tout le personnel d'un établissement, ou 50% d'une classe décide de se convertir, ça risque d'être un peu la panique le prochain 19 septembre, au détriment de ceux qui ont une autre religion ou n'en ont pas...
Sous couvert de laïcité, ce livret constitue un merveilleux cadeau aux pastafaristes et autres religieux, qui n'en demandaient pas tant. Merci pour cette autorisation d'absence le 19 septembre et les passionnantes discussions sur la gentillesse des pirates ou le réchauffement climatique !
Happy Halloween !
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