SETI et Cosmos - 1

J'ai lu Cosmos de Michel Onfray cet été, en prenant mon temps, ligne après ligne, page après page... Au lieu d'en rédiger une critique, je propose de distiller sur ce blog les réflexions sur cet ouvrage au fil des humeurs et intérêts du jour.

Je n'avais lu jusqu'à présent du philosophe que la bande dessinée "Nietzsche. Se créer liberté" réalisée avec Maximilien Le Roy. Tel Socrate, j'ai ouvert le livre de plus de 500 pages en me disant que "Je sais que je ne sais rien", mais avec l'envie de découvrir ce que le philosophe écrivait sur l'univers, l'astrophysique, les étoiles et bien sûr SETI, la recherche de vie intelligente dans l'univers.

Etoile polaire




Les premières pages du livre m'ont ramenée à Frangy-en-Bresse. Dégustation de vin (de Bourgogne ou de Jura, bien sûr). Les premières étoiles apparaissent dans le ciel, au-dessus du toit de la ferme de mes parents, se lève la Grande Ourse. On devine ensuite la petite Ourse et on localise l'étoile polaire. Assise au-milieu du champs, loin de toute lumière, quoi de plus agréable que de regarder le ciel tourner autour de ce point fixe, tout en chassant à l'occasion quelques moustiques ?

Certaines étoiles évoquent pour moi des rencontres, des lieux, des moments. Par exemple, quand j'observe Albireo, je me retrouve l'été à Nançay, près du télescope amateur, à discuter avec François Biraud de vers luisants, de droséras ou de SETI. Cosmos est avant tout autobiographique. L'étoile polaire, c'est le père de Michel Onfray et son voyage au pôle nord à la découverte des inuits.

Institutions et protocoles

Il m'est arrivé d'être agacée par le côté "mauvais genre" du philosophe qui n'hésite pas à critiquer les chercheurs et leur mode de publication.  Quand une université déclare quelque chose, elle a forcément raison. Par exemple, sur son compte twitter, l'université Paris-Saclay dit que ses serveurs de noms (DNS pour les intimes) qui ne sont pas chez OVH.


Elle publie même ce tweet ce week-end en première page de son siteStéphane Bortzmeyer a eu la gentillesse de répondre que les commandes dig et whois (qui permettent de savoir qui s'occupe des noms des machines du domaine universite-paris-saclay.fr et donc d'aller sur leur site quand il fonctionne), donnaient pour résultat ns17.ovh.net

L'exemple ci-dessous montre qu'une institution (en l'occurrence l'université Paris-Saclay) peut dire de grosses bêtises, mais qu'heureusement, il y a encore des experts et des méthodes scientifiques ou techniques pour corriger et alerter.

Onfray a tendance à promouvoir une science citoyenne qui permettrait à n'importe qui de dire que les hommes préhistoriques jouaient de la musique ou observaient les étoiles sans passer par des méthodes scientifiques. Il ne parle pas directement de SETI dans son ouvrage, mais nul doute que s'il le faisait, il réfuterait les protocoles et laisserait n'importe qui faire la "Une" dès qu'un signal candidat est reçu quelque part. C'est ce que l'on a connu lors du lancement de SETI@HOME, lorsque les amateurs comparaient leurs performances de leurs PC et les résultats affichés sur l'économiseur d'écran. Les statistiques de BOINC existent et permettent de fédérer des communautés d'utilisateurs. Les chercheurs publient des articles qui peuvent être mis gratuitement à disposition, par exemple sur Arxiv. Les amateurs peuvent être mentionnés dans ces papiers, comme ce fut le cas de Gagliano et Jek qui ont découvert des planètes sur la plateforme "Planet Hunter". Ces articles ont été revus par des experts qui ont suggéré des modifications, ont rejetés ou validé certaines parties. Même si ce schéma n'est pas idéal, on ne peut s'en passer.

De plus en plus, les données scientifiques sont mises à disposition (opendata). Ce sera le cas dans le programme Breakthroug Listen. Les données issues des télescopes constitueront la plus grande quantité d'information disponible publiquement. N'importe qui pourra envoyer un tweet en disant qu'il/elle a trouvé une preuve de vie extraterrestre.

Comme le disait Carl Sagan "A postula extraordinaire, preuve extraordinaire". Les données de Breakthroug Listen pourront être analysées par de puissants logiciels dont le code sera OpenSource, comme celui des commandes dig ou whois. N'importe qui peut vérifier que les DNS de l'université sont sur OVH. Il suffit d'aller sur le site de l'AFNIC et de taper "universite-paris-saclay" (ou elysee) avant le ".fr"

Haiku

Michel Onfray évoque les Haiku, mais transgresse la première des règles :
Dix-sept syllabes en trois lignes divisées en 5-7-5

Or, c'est justement cela qui rend l'exercice ludique.

Rentrée des classes
Le philosophe écrit
Seul dans l'univers

Si je ne suis pas particulièrement fière de ma prose ci-dessus, au moins, j'ai la satisfaction d'avoir réussi le 5-7-5. En omettant cette première règle, Michel Onfray se prive de ce qui fait le charme des Haiku de Cochonfucius par exemple.

Même si les protocoles SETI ou ceux de publication des articles scientifique peuvent être mis en cause, et si l'anarchie a du bon, on a besoin de ces cadres, de ces piliers sur lesquels s'appuyer pour éviter d'écrire ou de dire n'importe quoi.

"Je sais que je ne sais rien". N'hésitez pas à laisser un commentaire pour m'indiquer que je dis des bêtises ! Je corrigerai le texte, bien sûr !


Commentaires

Cochonfucius a dit…
Les haiku proposent
Quelques miettes de savoir
Sans érudition.
Un bon philosophe n'est malheureusement pas forcément un bon scientifique ;)
lombregrise a dit…
"Rentrée des classes
Le philosophe écrit
Seul dans l'univers" =

Haiku en 4/6/5, pas en 5/7/5 (dont la règle en français n'est qu'optionnelle).