Dimanche 5 avril deux événements ont eu lieu simultanément : le film Bonté Divine était projeté au cinéma "Jacques Tati" à Orsay, et un journaliste de "La Croix" a pris des photos sur le marché des Ulis.
Y a-t'il un rapport entre les deux ? Pourquoi le journaliste Pascal Charrier et le photographe Romain Champalaune s'en sont-ils pris aux Ulis et pas à n'importe quelle autre ville de la région ou du nord de Paris ? Ont-ils été attiré par les visites des ministres venues soutenir le PS dans son infructueuse campagne locale aux départementales ?
On ne saura sans doute jamais "Pourquoi tant de haine". Faisons donc l'hypothèse qu'ils avaient prévu d'aller voir Bonté Divine à Gif ou Orsay, et que pour tuer le temps avant la séance, ils aient eu une idée un peu folle d'aller chercher des pancartes "Je suis Charlie" dans le quartier prioritaire le plus proche, à savoir, celui des Ulis.
S'ils avaient laissé un commentaire sur mon blog qui parle un peu de Charlie et des Ulis, je les aurais invités à boire un café sur mon balcon. Nous aurions pu parler de "Bonté Divine". Ce film m'a fait le même effet que "La famille bélier". J'ai beaucoup ri ! J'ai aussi ressenti un certain malaise devant les faits évoqués, c'est-à-dire la manière avec laquelle les entendants considèrent le monde Sourd, les propos de l'Eglise sur le préservatif ou la pédophilie des prêtres.
Pourquoi ont-ils cherché des pancartes "je suis Charlie" aux Ulis ? C'est globalement sans intérêt. Pourquoi n'ont-il pas interrogé les habitants sur ce qui s'est passé au musée du Bardo à Tunis ou à l'université de Garissa au Kenya ?
Dans "Bonté Divine" le pharmacien remplace les pilules par des vitamines, pendant que le prêtre percé les préservatifs pour augmenter le nombre des naissances sur une petite île de Crimée et éviter ainsi une invasion musulmane. Par la photo choisie et les personnes interrogées on ressent un malaise similaire dans l'article de La Croix. Or la ville des Ulis n'est pas une île perdue au milieu d'un océan. À l'instar des touristes qui viennent sur l'île miracle où le taux de naissances est élevé, les Ulissiens sont venus du monde entier pour construire la ville dans les années 70 puis y vivre plus tard. Au collège Aimé Césaire ou dans les écoles du quartier, les enseignants ne se plaignent pas du niveau des élèves mais de l'hétérogénéité des classes. A côté d'enfants trilingues qui ne maîtrisent pas le français par ce qu'ils viennent d'arriver, il y a ceux qui font partie du club de robotique de la ville qui remportent régulièrement des trophées aux concours nationaux.
Dans le dernier numéro de Charlie Hebdo, j'ai presque reconnu des jeunes Ulissiens dans l'article "synagogue et diversité, ça tourne !" Curiosité, ouverture d'esprit... Que l'on colle ou non une étiquette "je suis Charlie" sur sa ville n'a pas d'importance. Ce qui compte, c'est ce que les Ulissiens ont au fond d'eux mêmes. Qu'ils apprécient ou non l'art de la caricature, peu importe ! Ils disent ce qu'ils pensent sans se cacher derrière un slogan imposé par les bien pensants.
Cela n'a sans doute pas plu à monsieur Pascal Charrier qui a préféré parler superficiellement des pancartes "Je suis Charlie" plutôt que de creuser un peu son sujet et découvrir que ce qu'il lit dans Charlie et ce qu'il rencontre aux Ulis, c'est en gros la même chose. De la solidarité, de l'intelligence, la diversité, la lutte contre les contrôles au faciès et tout ce qui divise. Globalement, les Ulis, sont beaucoup plus proches de Charlie que de "la Croix". Mais cet article étant le premier extrait du journal que je lis, peut-être devrais-je aussi chercher des affiches "abonnez-vous à La Croix" aux Ulis ? Bonté Divine !
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