10 raisons de lire l'jeu d'la chogne

Benoît Hamon devrait lire cet extraordinaire texte de la Glaudine avant de venir à Frangy-en-Bresse dimanche prochain :

L’jeu d’la chogne

Il s'agit d'une histoire palpitante en deux parties. L'auteur prend soin de résumer le premier épisode dans la suite parue aujourd'hui. Mais pourquoi le ministre de l'éducation devrait-il cette histoire ?

1 - Le problème des rythmes scolaires ne date pas d'aujourd'hui.

L'intrigue se déroule dans les années 20 et sur le trajet entre l'école et la maison, d'environs 2 km, que les enfants font à pieds, deux fois par jour s'ils mangent à la cantine ; 4 fois sinon. Or, le problème principal des rythmes scolaires, vu par les parents, n'est-il pas lié à des problèmes de transport et d'horaires pas toujours compatibles ?

2 - On parle de lui.

Au début du texte, on peut lire : 
Vous vous rendez campte si ôjde an d’mando é pchos d’aller en classe à pie, l’ministre d’l’Educatian é méttro pas langtemps pou sauter.
Ce qui donne, comme traduction approximative :
Vous vous rendez compte, si aujourd'hui on demandait aux petits d'aller en classe à pied, le ministre de l'éducation ne mettrait pas du temps à sauter. 

3 - Ça pourrait être pire.


Si, comme le dit la phrase suivante, le gouvernement est assez malheureux sans que l'on dise du mal de lui, on imagine mal une réforme des rythmes scolaires dans les années 20, où les enfants se déplaçaient en sabot pour se rendre à la maison.

4 - Quand les enfants mettent la main à la pâte.

L'intrigue se base sur des faits scientifiques et montre à quel point les jeunes protagonistes maîtrisent le processus expérimental et savent le transmettre aux plus jeunes. Il n'est nul besoin d'animateur pour les guider, ce qui pourrait encourager les mairies à réduire le budget pour la mise en place des nouveaux rythmes scolaires.

5 - Psychologie positive.

Les enfants dont il est question n'avaient pas besoin des conseils de Jeanne Siaud Fachin, pour profiter pleinement de l'instant présent. Tout est là, juste là...


Ils savaient apprécier à sa juste valeur la consistance de la matière avec laquelle ils jouaient, comme en témoigne ce passage :
Après un pcho moment, au soulé, les chognes ille m’nint dures. Au c’m’ens’ment juste au-d’sus. Y’est à s’moment-là qu’les grands é fyint jouer les pchos au jeu d’la chogne.
Ce qui donne, après traduction :
Après un petit moment au soleil, les bouses devenaient dures. Au début, juste au-dessus. C'est à ce moment-là que les grands faisaient jouer les petits au jeu de la bouse.

6 - Développement durable.

N'est-il pas étonnant de voir qu'il y a un siècle, les enfants savaient recycler les déchets pour en faire des jeux ? Notre planète serait peut-être en meilleur état si cet esprit avait été entretenu par les programmes scolaires successifs.
On note aussi, qu'il y avait suffisamment de journées ensoleillées pour que la matière sèche sous l'effet du soleil.

7 - L'art de la chute.

Si les cinq étapes du récit que l'on enseigne aujourd'hui aux enfants ne sont pas forcément respectées, ce court texte a le mérite de nous proposer une chute à laquelle on s'attend, mais en ménageant un insoutenable suspens. Nul doute qu'une telle histoire redonnerait le goût de la lecture aux élèves en échec scolaire.

8 - Laïcité.

L'argument des plus grands rappelle ceux de certains religieux. On se croirait presque à Lourdes :
E c’mencint pou lu z’yesspliquer quy’vo rien d’mieux que d’brâment se s’ter su éne chogne, qui guérisso cant’ toutes les maladies, apeu qu’main-me si an en n’avo point, des maladies, y fyo gros d’bin d’y faire.
Pour résumer (ce serait trop long à traduire) :
Ils commençaient par leur expliquer que s'asseoir sur une bouse de vache guérissait toutes les maladies.
 Ce jeu de la chogne est un vaccin contre toutes les croyances, tous les dogmatismes...

9 - Lutte contre l'échec scolaire.

Il est intéressant de noter, que c'est l'enfant le plus stupide, -le capitaine Haddock parlerait de l'athlète le plus complet- qui retiendra le mieux la leçon.

10 - Initiation au patois bressan.

Originaire du Finistère, Benoît Hamon est certainement sensible à la préservation et à l'enseignement des langues régionales. Il me semble avoir déjà entendu Arnaud Montebourg parler patois. Il serait dommage que l'invité de marque de la fête de la rose soit le seul à ne pas comprendre ce qui se dit dans l'assemblée...

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