Naturalis

Depuis le premier juin dernier, les farines animales sont de nouveau autorisées par Bruxelles. Seulement 12 jours plus tard, paraissait Naturalis, le premier roman de Franck Labat. L'héroïne du roman, Alexandra a dû fêter ses 18 ans le 21 juin dernier, mais bon, l'histoire ne le dit pas.



Naturalis est avant tout un roman d'anticipation. A partir de l'importation de farines animales en 2012, on évolue vers des animaux clonés, de la viande fabriquée chimiquement, quelques pandémies dans le genre "crise de la vache folle", grippe aviaire, puis une terrible peste alimentaire en 2025 qui décime une bonne partie de l'humanité. La routine quoi... On pourrait presque se demander s'il s'agit de science fiction, ou de faits un peu gonflés par quelques journalistes en quête de sensation ou de gouvernements ayant besoin d'effrayer la population. Finalement, tant que moi, je vais bien, pourquoi se soucier du sort du reste de l'humanité ? Franck Labat caricature un peu les humains, à l'instar de James Cameron dans Avatar. Les humains de 2012, c'est la mère d'Alexandra, des dealers, un psychologue d'un autre siècle pratiquant l'hypnose. Ceux du futur sont essentiellement des militaires, et quelques gentils rebelles qui défendent les naturalis.

En revanche, la psychologie des quatre piliers des Naturalis est intéressante. Leurs incroyables talents engendre des faiblesses, comme un animal très puissant qui devient incontrôlable, au point de représenter un danger pour ceux qui l'aiment. Lorsque Jeanne Siaud Fachin répond à la question "qu'est-ce qu'un surdoué ?", elle parle avant tout des faiblesses liées au fonctionnement particulier du cerveau de ces enfants : troubles dys, hypersensibilité, etc, etc... On croirait presque y voir le portrait d'Alexandra, militante écologique qui rêve de sauver le monde.


Même si Naturalis devenait un best seller, il ne parviendrait sans doute pas à changer les mentalités, ou à faire simplement que les gens se demandent pourquoi il y a de plus en plus d'allergies aux pollens. La science explique cela par la qualité de l'air ou par l'importation de plantes exotiques auxquelles notre organisme n'est pas habitué. Franck Labat utilise quant à lui une aberration génétique pour expliquer le "syndrôme de Russel" qui en 2037 donnera naissance aux Naturalis. C'est en m'imaginant comme une femme de Néandertal vivant à côté d'une tribu d'Homo Sapiens que j'ai eu un véritable vertige : on est dans la science fiction ! Génial !

Bon, cela a éveillé mon esprit critique... La téléportation, c'est possible comme l'a montré A. Aspect, mais la télépathie, il ne faut pas déconner abuser ! Le cerveau n'est pas  un émetteur quand même ! Comme c'est un thriller et que les scènes de combats étaient un peu moins longuettes qu'au début, comme le vocabulaire est riche et précis et que la lecture est un véritable plaisir, je ne me suis pas arrêtée à ces détails. Et j'ai bien fait ! Quelle chute ! Même ceux qui détestent n'accrochent pas à la science-fiction ont pu n'y voir que ce qui les intéressaient !

Commentaires

Kanata a dit…
Merci pour cette chronique.
Une analyse fouillée qui me renvoie vers mes longues heures d'écriture. C'est agréable de constater que la sensibilité de certains lecteurs les amène à décoder le simple sens des mots et capter ce que l'auteur laisse sourdre de son esprit en écrivant.

Jeanne Siaud Fachin expose effectivement cette dualité (ou plutôt cet équilibre) force/faiblesse qui m'est cher.

"C'est en m'imaginant comme une femme de Néandertal vivant à côté d'une tribu d'Homo Sapiens que j'ai eu un véritable vertige" => Une image très forte qui m'a hanté un bon moment au début de la rédaction de l'intrigue. Un de ces "Et si..." qui peuplent les méandres de l'imaginaire des auteurs à la recherche d'inspiration.

Enfin... espérons que cela restera de la science FICTION...