La Ville fantôme du Bois

En Essonne, il est une ville digne d'Hashima [1]. On ne croise aucune âme qui vive.

Le village a peut-être été joli et habité il y a quelques années, comme en témoignent quelques ruelles.


Quelques panneaux datent sans doute des années 40, où chacun espionnait son voisin.


Un communicant aura remplacé "liaison immédiate avec la Gestapo" par une phrase plus neutre. Le visiteur qui s'égarerait en ce lieu ne peut pas manquer ce panneau, qui se trouve à de multiples emplacements.


Il semble de bon ton d'afficher ses préférences nationales dans ce village où 1121 âmes ont voté pour le FN au second tour de la dernière présidentielle. [2]


Le lundi, quelques cadavres décorent la rue principale.


Le mardi, certains ont disparu, d'autres non.


 Au sud de la ville, se trouve un centre commercial baptisé "les graviers", qui eu pu être un hommage au passé industriel de Détroit [3]


Les drapeaux américains ont été déchiquetés par le temps.

Située au bord de la RN20, la ville semble être figée au temps de la révolution industrielle et du tout automobile. Pas de passage piéton, pas de trottoir qui ne soit encombré de voiture.

 
Contrairement à Mars, l'eau y coule encore. La rivière qui essaye de se faufiler entre les détritus s'appelle "Le Mort".

Si Gunkanjima est peu accessible [4], que dire de la Ville du Bois ? Il y a tellement de transport en commun que les arrêts de bus servent aux motards pour attacher leurs engins.

Il semble moins dangereux de traverser Aokigahara, la forêt des suicides [5] que la RN20 pour s'échapper de la Ville du Bois.


Y'en a qui essaient de temps en temps...

Une fois que l'on a traversé la N20, on voit une piste cyclable, et une zone d'activité appelée "Les Bourguignons". Il semble y avoir un peu d'intelligence du côté de Monthléry, même si le concept de trottoir ou de passage piéton n'a pas encore été inventé.


Il y a aussi des cloches et des chiens méchants à la Ville du Bois. D'ailleurs, c'est la seule chose que l'on entend dans ce village calfeutré aux voisins vigilants.


Les jeux de mots laids des salons de coiffure ont aussi envahi le lieu.


L'amour du prochain semble à jamais interdit...


Et si jamais quelqu'un avait envie de s'y rendre, il faut prendre le bus DM151 [6] depuis la porte d'Orléans, ou le bus DM153 depuis Massy (mais pas le dimanche). On arrive du bon côté de la RN20.


Mais pour repartir, pour s'échapper de la Ville du Bois, il faut risquer sa vie en traversant la nationale [7].


Inutile d'acheter un billet d'avion pour le Japon [7] pour voir un lieu bloqué à l'époque industrielle, pour ressentir l'ambiance entre voisins dans la France occupée.

On peut vagabonder des heures en admirant les vieux portails rouillés.


Partout des grilles, des murs, qu'il s'agisse de villas gardées par des chiens ou d'établissement scolaire catholique.


Il ne manquerait plus que l'Education Nationale ait l'idée de faire passer des épreuves de baccalauréat dans ce terrain d'urbex qu'aucune grève SNCF ne viendra jamais perturber !


  1. Faujour M., Hashima (ou « Gunkanjima »), une ville fantôme insulaire
  2. Résultats des élections présidentielles à la Ville du Bois en 2017.
  3. Barroux A. Détroit, vestiges du rêve américain
  4. Barroux A. Gunkanjima, l’île cuirassée de Yves Marchand et Romain Meffre
  5. Mewo J., Aokigahara, la forêt des suicides et sa beauté cachée.
  6. Plan lignes DM151, DM153.
  7. Horaires lignes DM151, DM153.
  8. Bouchet A., La mystérieuse ville fantôme sur l'île d'Hashima au Japon. 

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