Monsieur Villani, existez-vous ?
Aujourd'hui, les chercheurs sont nombreux à se demander quel rôle vous jouez, en terminant un billet de blog [7] annonçant331 20 millions d'Euros de réduction de budget ainsi :
Votre robot a-t-il signé la pétition du collectif Rogue ESR [8] ? L'avez-vous signée ?
Depuis que vous avez êtes élu député, j'ai l'impression d'être dans une expérience du magicien d'Oz. Qu'il s'agisse de vos tweets ou de votre blog, il m'est difficile de savoir si les mots sont ceux d'un humain ou d'un robot.
L'araignée, l'araignée...
Prenons un exemple concret : Maryam Mirzakhani [1], lauréate comme vous, de la médaille Fields, vient de décéder à l'âge de 40 ans des suites d'un cancer du sein. On peut lire ce message en anglais.
Il n'y a pas de signature CV , j'en déduis donc que cette prose n'est pas de vous, mais plutôt d'un robot, programmé pour écrire :
RIP (19xx - 20yy) Beutifull mind, beautiful soul, wonderful . Emblematic figure for...
RIP (19xx - 20yy) Beutifull mind, beautiful soul, wonderful . Emblematic figure for...
Ce matin, l'humain, le vrai député en chair et en os, a tenu des propos similaires sur les ondes.
La figure emblématique de l'Iran et de la femme dans les sciences s'est transformée en symbole des femmes en science en Iran. Cette maladresse a été signalée par CharlieTrainait, qui a l'air très humain...
Le magicien maladroit ?
J'appréciais vos prises de parole, lorsque vous défendiez la mathématique, lorsque vous la rendiez sexy. J'avais aussi une grande admiration pour Claudie André-Deshays [2], le médecin, la scientifique, l'astronaute. En revanche, j'ai été déçue par Claudie Haigneré, ministre déléguée à la recherche dans le gouvernement Raffarin de 2002 à 2004.
Lorsque j'ai entendu récemment vos propos de mars 2017 sur l'enquête PISA, ce n'est pas de la déception, mais de l'indignation. Vous évoquez vos origines, les pieds noirs et les propos d'Emmanuel Macron en Algérie. Quand la journaliste vous a interrogé sur les mauvais résultats de l'enquête PISA, vous répondez par le mot "immigration", avec ensuite des propos maladroits liés à la France chamarrée.
J'ai du mal à imaginer que la réponse qui figure sur votre site [3] ait été écrite par un mathématicien, pour deux raisons :
1- Le graphique PISA a pour légende : "La performance des élèves, leur statut socio-économique et leurs attitudes à l'égard de la science". Vous parlez d'immigration. Où est la courbe montrant la relation entre le nombre de kilomètres parcourus pour arriver en France et le statut socio-économique ?
2- Un humain qui aurait entendu parler de Katherine Johnson [4] ou d'Alexander Grothendieck [5], médaille Fiels en 1966, n'écrirait pas "Dans l’interview, j’attire l’attention de la journaliste sur les limites de ces comparaisons internationales". Les mathématiques sont un langage universel, que notre peau soit noire ou blanche, que l'on soit apatride ou français.
Allons-nous détruire la recherche scientifique ?
En 1972, Alexander Grothendieck se demandait au CERN "Allons-nous continuer la recherche scientifique ?" [6].Aujourd'hui, les chercheurs sont nombreux à se demander quel rôle vous jouez, en terminant un billet de blog [7] annonçant
"Tout cela pris en compte, une action forte ne me semble pas justifiée cette fois ; il est important de garder son énergie pour les combats à venir !"Est-ce un robot ou un scientifique qui tient de tels propos à l'heure où il manque 80000 places en première année de licence pour accueillir les nouveaux bacheliers ? Quels sont les combats à venir ? Pourquoi garder son énergie ? Toute bataille ne mérite-t-elle pas d'être menée ?
Votre robot a-t-il signé la pétition du collectif Rogue ESR [8] ? L'avez-vous signée ?
- Maryam Mirzakhani (Wikipedia). Voir aussi ce portrait du New Yorker.
- Claudie Haigneré (Wikipedia).
- Villani C, Pisa, une mise en perspective,
- Katherine Johnson (Wikipedia).
- Alexander Grothendieck (Wikipedia).
- Grothendieck A, Allons-nous continuer la recherche scientifique, Sciences critiques.
- Villani C, Malgré les annulations de crédits, le budget de l'ESR reste meilleur qu'en 2016
- Ne nous laissons-pas marcher dessus !
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