C'est leur culture...

Ces jours-ci, on a entendu des mères, des mères de banlieue...
Habitant dans une ZUS, côtoyant de nombreuses mères de banlieue, une réflexion m'agace plus que tout "Tu comprends, c'est leur culture."



Ayant représenté les parents d'élèves depuis plus de 7 ans en primaire, j'ai vu que l'investissement dans l'éducation des enfants n'était pas une question d'origine ou de culture, mais simplement de bonne volonté. Par exemple, lors de la traditionnelle fêté de l'école, il y a des parents qui amènent des plats, tiennent des stands, et ceux que l'on ne voit jamais. 

Il suffit de regarder le buffet pour se rendre compte de la multiplicité des cultures représentées.




Que l'on ose jouer l'avocat d'un africain, totalement absent de l'éducation de ses 4 enfants connus, qui menace ses filles d'excision et de mariage forcé, en disant "Tu comprends, c'est sa culture", revient à cautionner charia et lapidation au Mali comme l'a fait Michel Onfray dans l'une des interviews exploitée par Daesh.


Accepter que ce père voit la femme comme une caricature de Tignous, parce que "tu comprends, c'est leur culture", reviendrait à autoriser certains hommes à avoir le droit de vie ou de mort sur leur fille, sur leur femme.

Le "tu sais, c'est leur culture" rejoint le débat sur la déchéance de nationalité. Quelle que soit l'issue du débat, ça ne changera pas grand chose, en revanche, j'espère qu'il permettra aux parents, toute culture confondue, d'expliquer à leurs enfants nés à Orsay qu'ils sont français. En 2011, nous avions rédigé cette lettre suite à des conflits entre bandes d'enfants dans la cour de l'école élémentaire. Les insultes genre "sale français" répondaient à un regard de travers. Les enseignants se sentaient désarmés pour expliquer ce qu'est la nationalité, ou pour répondre "toi aussi, tu es français". Ils renvoyaient la faute aux parents "ils répètent ce qu'ils entendent à la maison". 
En discutant à la sortie de l'école, nous avons rencontré des situations complexes genre maman marocaine, papa algérien, et bambin qui dit "je ne suis pas français, je suis musulman, c'était trop bien cet été à la plage". La maman nous a expliqué ensuite, que son fils est né musulman puisque ses parents le sont.


Quand on regarde ces enfants, quand on écoute leur conversation, on se rend compte que leur culture, c'est Star Wars, les jeux vidéos, telle émission de télévision, la piscine, le foot... C'est aux parents d'être fiers de leurs origine, mais de ne pas laisser une phrase comme "Eh m'dame, j'suis pas Français, j'suis musulman" sans explication du style "Tu es les deux : Français ET Musulman".

Accepter une phrase "tu sais, c'est leur culture" sans réagir, c'est stigmatiser une catégorie de personnes en fonction de leurs origines, ou pire de celles de leurs parents. C'est du racisme pur et simple qui invite à considérer que ce ne sont pas des citoyens comme les autres, qu'ils ont droit de ne pas respecter la loi française ou les lois internationales, comme on autorise un chien à faire ses besoins n'importe où.

Comment le monde éducatif pourrait avoir des exigences moindres envers les enfants parce que l'école ou le collège est située dans une zone où 40% des parents ne lisent pas le français ? La seule chose qui change, c'est de ne pas passer uniquement par l'écrit pour communiquer avec les familles, mais surtout pas de tolérer certains comportements parce que "c'est le culture". Oui, en banlieue, il y a des femmes seules qui partent travailler à 5 heures du matin. Mais ailleurs aussi, et ce sont souvent ces femmes qui travaillent qui s'investissent pour la fête de l'école, pas celles qui restent la journée à la maison.


Il y a un an, la religion assassinait des dessinateurs, des policiers, des juifs... Certains ont vous pardonner sous prétexte que "tu sais, c'est leur culture, on ne dessine pas le prophète."

En un an, j'ai vu des images qui m'ont choquée, comme par exemple celles publiées par Marine Lepen sur Twitter suite à une interview de Gilles Keppel. C'est de ma faute ! Pourquoi suis-je allée sur le fil Twitter de MLP ? Twitter a un joli bouton "Je ne veux pas voir ça", parce que les décapitations, c'est pas ma culture. Je l'ai utilisé.

Personne n'est obligé (enfin j'espère) de lire ce billet de blog. Si on me demande d'enlever le dessin de Tignous ou de cacher la couverture de Charlie parce que "tu sais, c'est leur culture", je ne le ferai pas. En revanche je ne me suis pas inquiétée des droits d'auteur avant de reproduire un extrait du dernier numéro de Charlie Hebdo, qui vaut vraiment le détour ! 





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