A plein volume : numéro 4

Improbable ? Quelle était la probabilité que le réseau des médiathèques de la CAPS considère comme scientifique un livre intitulé "Improbablologie et au-delà", écrit par le journaliste indépendant Pierre Barthélémy ? A première vue, elle était très faible. Pourtant, cet ouvrage fait partie de la sélection du Prix du livre scientifique. Peut-être ce choix a-t-il été dicté par les illustrations de Marion Montaigne, auteur des bandes dessinées "Tu mourras moins bête" mettant en scène le professeur Moustache ?



Si je me suis terriblement ennuyée en lisant ces chroniques tirées du Monde, c'est sans doute parce que j'avais déjà lu certains faits dans le troisième opus de "Tu mourras moins bête". Autant Marion Montaigne est pédagogue, utilise et explique les expressions scientifiques, autant Pierre Barthélemy vulgarise à outrance, sans jamais montrer de schémas, ni citer de manière correcte les papiers scientifiques. On est loin de la rigueur des IgNobel qui mettent à l'honneur des recherches improbables mais avec des liens vers les articles mentionnés. La science avance avec la remise en cause des idées et de la démarche des collègues, mais en général de manière précise, sans se répandre en propos inutiles. Pierre Barthélémy n'est pas un scientifique et ça se voit en lisant cette prose interminable. D'un fait qui tient en deux lignes, par exemple "les urologues ont trouvé des objets insolites dans les vessies de leurs patients", il enrobe de propos inutiles pour arriver à deux pages ou plus...

Et que dire des sujets traités ? En refermant le livre, j'avais l'impression que la seule discipline traitée était la médecine, et que la majorité des sujets traités étaient en-dessous de la ceinture. J'ai voulu en avoir le cœur net en classant les titres des chapitres.


Il n'y a pas photo, "Improbablologie et au-delà" aurait sa place dans la bibliothèque du Carlton de Lille. DSK a dû être ravi de découvrir qu'il ne fallait pas souffler dans le vagin d'une prostituée, mais que lécher certaines parties permettait de savoir que quelqu'un d'autre était passé avant.

Que reste-t-il à sauver ? Peut-être les chroniques inspirées par le "journal of physics special topics" où de jeunes chercheurs s'exercent en étudiant là solidité de la toile de Spiderman, la voiture des Men In Black ou la conservation des aliments soumis à des radiations comme dans Indiana Jones.

Heureusement, les trois autres ouvrages de la sélection du prix scientifique sont écrits par des chercheurs. Le niveau est nettement plus élevé ! Ils ne se contentent pas de parler de science sans demander le moindre effort cognitif au lecteur comme c'est le cas ici. Cet ouvrage avait peut-être vocation à attirer un public de garçons ados pré-pubères qui rit grassement dès qu'il est question de sexe dans les médiathèques ? Dans ce cas pourquoi ne pas avoir choisi le tome 3 de "Tu mourras moins bête" qui répond avec intérêt aux questions telles que "pourquoi les ados sont-ils mous ?" ou "c'est quoi les règles qu'ont les femmes ?" mais dans une démarche scientifique, pédagogique et non simplement journalistique à sensations.


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