Le banquet

L'darré samedi, y'étot le banquet des canscrits à San Germain... J'y seu allée pou la premère foué. Enfin, j'éto au dessert de s'leu des sous-conscrits, mais j'avo passé plu d'temps a rgadjé les étoiles qu'à fare la féte.

Bon, je vais arrêter de me prendre pour la Glaudine... Si j'ai toujours compris le patois bressan, je ne l'ai jamais vraiment parlé. Peut-être avais-je écrit quelques lignes en CM2, quand Monsieur Richard, nous autorisait à rendre des copies en patois ?
Au collège, nous avions aussi le droit, mais la professeur exigeait la traduction en français et cela perdait tout son charme...

Le rendez-vous était fixé devant la mairie à 10h45. Comme je le craignais, j'ai eu un peu de mal à remettre des prénoms sur des visages, souvenirs d'enfance ou d'adolescence. Que fais-tu ? Où habites-tu ? As-tu des enfants ? En tous cas, c'est chouette de voir que nous avons tous réussi, que l'on ait quitté les bancs de l'école à 16 ou 26 ans, que l'on soit resté en Bresse ou voyagé un peu partout. Bien sûr, nous avons évoqué les absents, même si beaucoup avaient pu venir, c'est toujours dommage de ne pas revoir Francis, David, Annette, Nadia, Céline, Florence, Nathalie, Carole, et j'en oublie...


Valérie, Olivier, Noël, Christophe, Sylvie, Hervé ont fait un énorme travail pour retrouver leurs camarades. Merci à eux ! J'avoue avoir hésité à venir... et que sans l'enthousiasme d'Hervé et d'Olivier sur Facebook je n'aurais sans doute pas participé à cette incroyable fête.

Nous avons ensuite traversé le marché pour déposer une gerbe au monument aux morts de Saint-Germain-du-Bois. Plus tard, Madame Cahier, mon institutrice en CE1 -et maire actuelle- a rappelé d'où venait cette tradition :

Les conscrits étaient les jeunes hommes inscrits sur la liste des citoyens pouvant être appelés au service militaire par la voie du tirage au sort. A cette époque, en 1796, après la révolution, comme les jeunes appelés partaient forcément à la guerre, ils passaient dans les maisons dire au-revoir, et ils faisaient la fête avant de partir au front. Le service militaire est devenu obligatoire en 1798. Ensuite, l'envie pour les gens d'une même classe de se retrouver a perpétué la tradition.

Quelle chance tout de même de pouvoir retrouver les enseignants qui nous ont aidé à grandir. Quelques jours avant, j'avais croisé M. Fèvre, instituteur en CE2, à qui je dois sans doute beaucoup de choses. C'est tout juste si nous ne regrettions pas que M. Richard n'ait pas apporté sa Caroline à ce banquet des conscrit ! Bien sûr, il y a celles qui nous ont quitté, Mme Bonin, Mme Giraud.

Le banquet a eu lieu à la salle des fêtes, c'est là que se déroulait le spectacle de noël. Nous devions danser avant l'arrivée du père-noël, ou pire, chanter... L'album photo qui a circulé où nous avons revus nos costumes ont transformé ce souvenir pas toujours agréable en moment hilarant.

En tous cas, quel bonheur de papoter avec Isabelle, Sandra ou Mireille ! On va dire que nous avons apprécié à sa juste valeur la jeune chanteuse qui nous a rappelé cette chanson apprise à la chorale du collège.

En revanche, que d'émotion lorsque le DJ a passé des chansons de Balavoine. En quelle année est-il mort ? Ce sont les conscrits de 20 ans qui nous ont fourni la réponse : 14 janvier 1986.

Nous avons bien mangé et bien bu, comme toujours en Bourgogne : assiette frivole, filet de loup sauce champagne et fondue de poireaux, cuisse de pintade, jus de porto aux girolles et sa garniture, fromage, tuttifruti... Bravo à l'Auberge Bressane de Serley, même si c'était beaucoup plus que ce que je pouvais avaler en une seule journée ! Voilà qui rappelle les repas de famille, où l'on restait assis toute l'après-midi !


En tous cas, je me suis beaucoup amusée ! C'était une fête très réussie, où nous avions tous dix ans...


Après le café, la soirée a continué, entre danses et discussions à l'extérieur. Nous avons échangé numéros de portables, adresses email.

Quelques jours plus tard, nous sommes redevenus amis sur facebook ou ailleurs. La tradition des conscrits a du bon ! Pour moi, cette fête avait le côté magique de celle du Grand-Meaulnes, une impression d'avoir été transportée dans un lieu connu dans un lointain passé, avec des gens rencontrés à cette même époque, qui sont restés les mêmes, en fait non, qui ont gardé leur âme d'enfant mais sont devenus extraordinairement sereins.

Commentaires

Unknown a dit…
Superbe résumé Elisabeth je n'aurais pas fait mieux !
Très contente que tu aies apprécié cette belle journée !
Je remarque donc que tu n'as eu AUCUN regret de participer.
A très bientôt j'espère (si l'on attend pas 10 ans, on peut peut-être voir ça dans 5 !!)
Biz à toi
Elisabeth a dit…
Pas le moindre regret, alors que je ne suis pas fêtarde du tout :-)