Frayeur à la Chapelle Saint Sauveur

Mise à jour (11/08/2012) : Ce billet, très consulté en juillet et août, est vieux de 4 ans. Des aménagements ont sans doute été réalisés :-) 


J'aurais pu parler de mes vacances en Bresse en mentionnant la naissance d'un petit veau, une partie de pêche avec des poulains ou la recherche de champignons...



Je pourrais aussi jouer les écolos et dire combien le plan d'eau de la Chapelle Saint Sauveur est agréable, sans invoquer ce qui m'est arrivé. Ce n'est jamais facile d'avouer ses erreurs...

Puis hier soir, sur France 2, il y a eu un reportage sur une adolescente décédée dans la piscine d'un hôtel. Sa mère a voulu témoigner pour que ça n'arrive pas à d'autres. Les faits divers du type un père se noie en voulant sauver son fils m'ont toujours étonnée. Plein de questions se posent "Pourquoi s'est-il jeté à l'eau ?" "Pourquoi y avait-il des nageurs à 16h dans une piscine présentant un problème technique connu depuis le matin ?"



Nous y sommes arrivées vers 15h30 le 24 août. Il faisait beau mais pas très chaud, seulement une vingtaine de degrés au thermomètre. En arrivant, j'ai survolé le panneau à l'entrée qui présentait le plan du bassin et donnait des explications sur son fonctionnement.

Il y avait un plan du bassin, mais je n'ai pas cherché à savoir quelle était la profondeur. Je ne sais pas si elle était indiquée. Une feuille A4 indiquait que la baignade n'était pas surveillée.

Ce n'est que de retour à la maison que j'ai appris qu'il y avait jusqu'à 1,80m d'eau.

Ma fille Sonia, 6 ans, 1m20 y a mis les pieds. Elle avait de l'eau jusqu'aux genoux. Elle s'est rapidement fait deux amies qui lui ont conseillé de s'immerger pour ne pas avoir froid.
A la piscine, elle sait nager sous l'eau et plonge dans le grand bain avec des flotteurs. J'étais sur la pelouse à quelques mètres du bassin. J'ai jugé plus prudent de mettre le maillot de bain... On ne sait jamais...

Nous nous sommes approchées des plantes, des cailloux du bassin de régénération. Nous avons traversé ainsi le bassin une première fois en passant sous les jets d'eau. Sous nos pieds, il y avait une bâche. Quand on s'approchait de la végétation, elle devenait très glissante à cause d'une espèce de vase.




En voulant revenir vers les margelles de bétons, nous nous sommes éloignées des jets d'eau. Le sol était de plus en plus glissant et la pente était aussi plus importante.

Sonia s'est mise à crier "je n'ai plus pieds !" et à s'agripper à mon cou. J'ai aussi glissé et me suis vite retrouvée sur la pointe des pieds. Il me semble avoir appelé à l'aide... J'avais du mal à maintenir la tête hors de l'eau avec Sonia qui me serrait de plus en plus fort en disant "Je me noie !"



Tout ce dont je me souviens, c'est que j'ai plus ou moins repoussé Sonia en la tenant d'un bras, et que je me suis mise à nager. Pourquoi est-ce que je n'ai pas eu le réflexe de décoller mes pieds de la bâche glissante plus tôt ? Manque de confiance en moi ? Fausse impression d'être en sécurité tant que je touchais le sol ? Pourquoi est-ce que je n'ai pas dit à Sonia de nager, ne serait-ce que sous l'eau pour faire quelques mètres et revenir où elle avait pieds ? Il m'arrive de nager à la piscine et elle me tient par les épaules... mais en général, elle a des flotteurs.

Comment avons-nous pu nous faire surprendre par la topographie du bassin ? Comment ai-je pu rapidement glisser d'une zone où il y avait 90cm d'eau (lorsque Sonia avait pieds) à un endroit 1m40 de profondeur ? Pourquoi avoir voulu revenir par l'eau au lieu de sortir et de faire le tour par les pelouses ? J'ai été très imprudente, irresponsable et je m'en voudrais longtemps ! Je n'ai pas eu les bons réflexes au bon moment...

J'aurais dû aller à l'eau seule et explorer le lieu avant que ma fille y mette les pieds. J'aurais pu m'allonger sur la pelouse et lui demander de rester près du bord au niveau de la pataugeoire.

Il manque sans doute un panneau d'information Limite petit bain / grand bain, des bouées, quelque chose pour que les mauvais nageurs qui ne sont pas de la région ne se fassent pas surprendre par la profondeur.

C'est beau de vouloir recréer la nature au lieu d'une piscine traditionnelle. Mais le jeu peut devenir dangereux. Un milieu naturel éveille sans doute plus de méfiance qu'un plan d'eau créé par l'homme. L'architecture et l'écologie ont sans doute été des aspects plus importants que la sécurité et l'information des nageurs. Pourquoi ne pas signaler la profondeur par des couleurs bien distinctes de la bâche ? Il y a sans doute des amélioration à apporter de ce côté, mais bon, je suis seule responsable de ce qui nous est arrivé.

Quoique... en recherchant sur Google, j'ai trouvé ce fichier.

A La Chapelle-Saint-Sauveur, en Saône-et-Loire, le maire Jacques Guiton, 60 ans, quatrième mandat, est entré en dissidence écologique avec son plan d'eau intercommunal bio qui ouvre cet été. " On est des culs-terreux qui aimons la campagne. Ce plan d'eau, ça nous rappelle les étangs où on se baignait, tout gosses, quand on gardait les vaches. La Ddass disait non, eh bien, on a fait sans eux. J'ai pris un arrêté d'ouverture, ils n'ont pas demandé de fermer. Le sous-préfet pense que c'est bien pour le secteur, pour le tourisme vert. On fait des analyses tous les quinze jours, et on attend la suite" De toute façon, si on ne veut pas prendre de risques, en tant qu'élu, vaut mieux se sauver !" Par précaution, Jacques Guiton a tout de même interdit les séances piscine des écoles.



Il ne me reste plus qu'à faire des longueurs de bassin aux Ulis pour avoir les bons réflexes l'été prochain :-)

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