A l'écoute de Proxima du Centaure

Quelle est l'étoile la plus proche de nous ? Le Soleil bien sûr... 
Et l'étoile la plus proche du Soleil ? Proxima du Centaure, dont j'ai déjà parlé dans ce blog [1] [2]. L'étoile est une naine rouge et deux exoplanètes (au moins) tournent autour. Cependant, à cause des éruptions de l'étoile, la vie a eu peu de chance de s'y développer. 


Il n'en demeure pas moins que c'est une étoile intéressante à étudier. Proxima n'est visible que de l'hémisphère sud, ce qui limite les instruments pouvant l'observer. Les scientifiques de Breakthrough Listen ont pointé le radiotélescope de Parkes [3] en Australie sur Proxima du Centaure en Avril 2019, pas nécessairement pour y rechercher un signal extraterrestre, mais plutôt pour comprendre les éruptions de la naine rouge. [4]


Shane Smith, un étudiant du Michigan qui analysait ces observations cet été, a remarqué un signal semblant provenir de Proxima du Centaure. Il a été nommé BLC-1.


Sur Twitter, S. Pete Worden écrit que Breakthroug Listen a détecté plusieurs signaux inhabituels et conduit des investigations. Les équipes pensent qu'il s'agit d'interférences mais n'ont pas encore localisé la source. [5]


Le directeur exécutif explique que les protocoles sont suivis. 


L'analyse du signal est conduite par Sofia Sheikh, qui prépare une thèse à Penn State en collaboration avec Breakthrough Listen.  


Deux  articles scientifiques sur BLC-1 sont en préparation. Les chercheurs s'intéressent en particuliers aux techniques permettant de rechercher dans les données archivées si un signal a déjà été reçu. [4]


Cependant, The Guardian a eu l'information et l'a diffusée sans beaucoup de pincettes [6]. 


Il s'agit d'un signal faible bande, qui varie en fréquence autour de 980MHz. 


Seth Shostak du SETI Institute, émet quelques hypothèses [7]. Pour lui, l'interférence ne viendrait pas du sol, mais plutôt de l'un des 2700 satellites orbitant autour de la Terre. Le mouvement expliquerait la variation de fréquence. 


Et si ce n'est pas un satellite ? Ça pourrait venir de quelque chose qui était entre la Terre et Proxima du Centaure en Avril et Mai 2019 mais ne l'est plus. 


Sofia Sheikh explique que c'est la première fois qu'un signal passe tous les filtres des algorithmes de Breakthrough Listen conçus pour éliminer les interférences et perturbations dues à l'activité humaine (wifi, antennes pour téléphonie mobile, GPS etc...) [4]


Cependant,  d'autres observations de Proxima du Centaure n'ont permis de détecter aucun signal. Il se pourrait donc bien que ce soit une voiture, un avion qui passait à ce moment là. 


BLC-1 reste donc au statut de signal candidat. Il y a de grandes chances que ce soit une interférence, ce qui amène le score à l'échelle de Rio proche de 0. 


A priori, la presse ne devrait pas s'y intéresser, mais il est peut-être déjà trop tard. Le rodéo médiatique semble lancé [9]


Comme le dit Andrew Siemion, Principal Investigator de Breakthrough Listen,  "Il y a beaucoup de discussion à propos du sensationnalisme dans SETI.” J'ai hésité à écrire un billet de blog, mais comme l'information est déjà sur Futura Science [10] au milieu des pubs, je ne doute pas que certains vont s'y intéresser.


En cette fin 2020, on a tous besoin d'un peu de rêve.

Dessin Sonia Piotelat 2018

En attendant la publication des articles de Sofia Sheikh, la seule information intéressante et vérifiée de ce billet de blog se cache dans les photos : "Comment réaliser une Proxima du Centaure en origami ?" [11]. Tout le texte n'est que du bruit, une interférence, comme probablement BLC-1.

Commentaires

Nathalie FT a dit…
C'est très clair, merci pour ce débroussaillage informatif.
Rémi a dit…
Le projet SETI@home, qui analysait notamment des données du breakthrough listen, et arrêté en mars de cette année est-il en partie lié à la découverte ?
Elisabeth a dit…
Bonne question... SETI@HOME a arrêté d'envoyer des données aux utilisateurs justement pour pouvoir analyser les résultats déjà reçus. Je pense qu'il faudra attendre les articles scientifiques pour avoir la réponse.