La rampe de la liberté

On a un gros problème de démocratie aux Ulis. Prenons un soucis légitime de citoyens, plus exactement de parents d'élève : avoir une ATSEM par classe aux Ulis (cf précédent billet). Les parents font signer des pétitions sur le marché. Depuis toujours, il y a une place pour cela : la rampe.




Quand Maud Olivier était maire de la ville, elle était souvent tout en haut, généralement entourée de quelques élus municipaux PS. En descendant, il n'était pas rare d'acheter l'Huma avant de signer des pétitions pour les sans-papier par exemple, mais aussi des tas d'autres causes.
Bref, cette rampe était un lieu d'échange, une démocratie on ne peut plus directe, un rendez-vous incontournable entre politiques et citoyens.

Or, il y a un grand plan de rénovation urbaine, qui date de cette époque (5, 10 ans ?). Et la rampe a disparu.

Cela fait un moment que les politiques n'y sont plus et que les discussions sur la rampe ont été remplacées par des échanges désagréables à divers endroits du marché.

Par exemple, le 23 novembre dernier, c'est devant la boulangerie que j'avais été prise d'un profond malaise en voyant un politicien EELV "avec une pêche incroyable", seulement 10 jours après les attentats. Ces sentiments, ses émotions, il a le droit de ne pas les contrôler. Si 130 décès le mettent en joie, c'est son problème. S'il s'agit d'une réaction nerveuse, pourquoi pas. Personnellement, je me fichais de la politique à ce moment là. J'avais besoin d'acheter de la nourriture, sans doute d'un peu de compassion, mais surtout pas de tract, ni de récupération puante des tragiques événements qui venaient de se produire.


Dans le numéro de Charlie Hebdo cette semaine, il y a un article passionnant de Patrick Chesnet "Certaines banlieues sont islamisées et c'est devenu normal". Il n'y est pas question des Ulis, mais de Nadia Ramadna, une femme courageuse qui a créé en 2014 "La brigade des mères" et se retrouve aujourd'hui menacée de mort, et abandonnée par les politiques comme Clémentine Autain, conseillère municipale du Front de Gauche.

L'article est illustré par une BD de Coco, partiellement reproduite ici :


A l'instar de Nadia Ramadna, les mères qui réclament des ATSEM ennuient les politiques, qu'il s'agisse de la municipalité ou de l'opposition. Je viens de recevoir un appel du PS et de l'EELV pour manifester demain afin qu'ils puissent distribuer leurs tracts. Il n'y est plus du tout question des ATSEM et des mères de familles. Le problème ? Oublié... Ou plutôt, exploité dans une des sempiternelles guéguerres politiciennes.


Bien sûr, les arguments sont toujours les mêmes, liberté d'expression, etc, etc...  On notera l'habilité propres aux agresseurs pour jouer les victimes. De qui se moque le PS qui a instauré l'état d'urgence, voté de multiples lois liberticides et qui cherche actuellement à supprimer l'égalité du temps de parole des candidats à l'élection présidentielle (voir les débats du 31 mars sur le site de l'Assemblée Nationale) ?

Avant, j'étais libre de discuter ou non avec des politiciens ou des militants en passant ou non par la rampe. Où pourra-t-on reconstruire un tel espace ? En tout cas, ni devant la boulangerie, ni dans les allées du marché. La véritable question est là...


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